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Chronique vétérinaire: le retour de la rage du raton-laveur

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Claudia Gilbert

2025-06-05T10:00:00Z
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Alors que le Québec est habituellement exempt de rage du raton-laveur, on rapporte actuellement un nombre croissant de cas en Estrie et en Montérégie. Pas de panique, voici ce qu’il faut savoir!

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Éclosion de rage du raton-laveur

Au Québec, la précédente éclosion de rage du raton-laveur a eu lieu de 2006 à 2009. La vaccination avait alors permis d’enrayer la maladie. Depuis 2020, on ne vaccinait plus les animaux sauvages parce qu’il n’y avait plus de cas au Québec, ni même près de notre frontière, du côté des États-Unis, où la rage du raton-laveur est endémique. En décembre dernier, le virus a retraversé chez nous par le Vermont.

Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs a repris l’épandage d’appâts vaccinaux dans les zones boisées, aux abords des cours d’eau et près des poubelles en Estrie et en Montérégie. Sans causer de blessure, ces vaccins aux allures de gros raviolis verts sont absorbés par les muqueuses des ratons, moufettes ou renards qui les croquent, permettant à ces derniers d’être protégés et d’agir comme barrière à la propagation du virus. Bien que ces appâts soient sans danger pour les humains et les animaux de compagnie, on recommande quand même d’éviter de les toucher.

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La coopération des citoyens de plusieurs municipalités en Montérégie et en Estrie est sollicitée. Si vous observez un raton, une moufette ou un renard décédé, qui démontre un comportement inhabituel ou qui vous semble malade, signalez-le. Vous trouverez la liste des municipalités concernées et tous les renseignements sur le site quebec.ca/rageduratonlaveur.

D’autres variants endémiques au Québec

Il existe différents génotypes du virus de la rage que l’on nomme «variants». Chaque variant est associé à une espèce précise de mammifère qui participe majoritairement à sa propagation, mais tous les variants peuvent affecter n’importe quel mammifère.

Même si le variant du raton est en ce moment limité à l'Estrie et à la Montérégie, celui de la chauve-souris, lui, est endémique sur tout le territoire de la province. Le dernier décès humain attribué à la rage contractée au Québec est survenu en 2000. Il s’agissait d’un enfant ayant été mordu par une chauve-souris. En 2024, un cas similaire est survenu en Ontario. Il ne faut pas démoniser les chauves-souris pour autant, comme elles sont essentielles au maintien des écosystèmes et malheureusement menacées. On estime que seules 0,1 % d’entre elles seraient porteuses de la rage, mais comme elles entrent régulièrement dans les maisons, il est essentiel de faire vacciner contre la rage les animaux de compagnie, même les chats d’intérieur. Un rappel doit habituellement être administré aux trois ans.

Dans le Nord-du-Québec, un autre variant est endémique, celui du renard arctique. Il faut conséquemment être prudent lorsqu’on adopte des chiens en provenance de cette région. Depuis 2019, six chiens nordiques ont développé la rage à Montréal, à Terrebonne et en Montérégie. Ils étaient apparemment en santé, avaient été vaccinés contre la rage et transportés vers le sud pour être adoptés. Comme les symptômes de la maladie peuvent mettre de deux semaines à six mois à se manifester et que la vaccination administrée pendant cette période de latence est inefficace, un chien peut effectivement avoir été vacciné et développer la rage six mois plus tard. Aucun test ne permet de dépister la rage chez un individu en vie. Lorsqu’on décide d’adopter un chien du Nord-du-Québec, il faut donc être prudent et faire affaire avec un organisme réputé, comme Chiots Nordiques, dont le protocole de gestion des chiens en provenance d’une région endémique pour la rage du renard arctique est bien ficelé.

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La situation dans le monde

Selon l’Organisation mondiale de la santé, on estime à 59 000 le nombre de décès humains liés à la rage chaque année dans le monde. La grande majorité découle d’une morsure de chien. Il faut y penser lorsqu’on importe des chiens d’un pays où le variant du chien est endémique. La rage canine est absente au Canada, mais en 2021, un chien importé d’Iran a été testé positif en Ontario.

Il faut également être prudent lorsqu’on voyage dans un pays où la rage du chien est endémique. C’est le cas notamment de Cuba et de la République dominicaine. En 2024, une Norvégienne de 24 ans est décédée du virus qu’elle avait contracté aux Philippines en essayant de sauver un chiot. Il est possible de prévenir la rage chez l’humain par un vaccin, mais il ne fait pas partie du calendrier régulier de vaccination au Québec.

Comprendre pour bien réagir face au risque

Le virus ne se transmet ni par l’air, ni par l’environnement. Les oiseaux, reptiles et autres animaux qui ne sont pas des mammifères ne peuvent pas avoir la rage. La transmission se fait généralement par une morsure ou une griffure d’un individu infecté. La rage peut également s’attraper si la salive d’un animal rabique entre en contact avec une peau abîmée (égratignure, plaie, irritation) ou avec une muqueuse (yeux, nez, bouche). Comme le virus peut se transmettre avant l’apparition des symptômes, un animal apparemment en santé peut tout de même transmettre l’infection.

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Si un être humain a été mordu, griffé ou pense avoir été en contact avec le virus de la rage par l’entremise d’un animal sauvage ou domestique, ou si une chauve-souris s’est introduite dans l’espace habité d’une demeure, il faut contacter sans délai Info-Santé en composant le 811 afin d’évaluer la situation. Si un animal de compagnie se fait mordre ou entre en contact avec un animal sauvage ou errant, un vétérinaire doit être consulté rapidement. Administré à temps, un traitement post-exposition peut efficacement prévenir la maladie, mais lorsque le virus atteint le système nerveux de la victime, la rage est fatale.

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Que faire en cas de contact avec un appât vaccinal?

· Le contact d’un être humain avec un appât perforé ou brisé doit être rapporté à Info-Santé en composant le 811.

· La consommation accidentelle d’un appât par un chien est sans danger, mais n’est pas considérée comme efficace pour protéger ce dernier contre la rage.

MELCCFP_Mathilda Renneteau
MELCCFP_Mathilda Renneteau

Pour cohabiter avec les animaux sauvages, tout en limitant les risques:

- admirer les animaux sauvages à distance

- empêcher les animaux de compagnie de les approcher

- s’abstenir de les nourrir

- éviter de nourrir les chats errant près des habitations

- bloquer les accès aux remises, aux espaces sous les balcons et aux combles

- gérer adéquatement les poubelles (laver pour limiter les odeurs, sortir le matin, fermer avec des tendeurs élastiques ou placer dans des coffres verrouillés)

- cesser de nourrir les oiseaux en cas d’intrus à quatre pattes

- s’abstenir de relocaliser un animal sauvage (c’est illégal)

- vacciner les animaux de compagnie

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Symptômes de la rage chez les animaux:

- comportement inhabituel

- nervosité (peut alterner avec dépression)

- agressivité +/- automutilation

- spasmes/convulsions

- attitude amorphe

- désorientation

- paralysie progressive

- expression faciale anormale

- hypersalivation

- vocalisations inhabituelles

* Les symptômes peuvent varier selon qu’il s’agit de la forme furieuse ou paralytique.

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