Mélanie Ghanimé dépose une plainte officielle contre une médecin qui a manqué de respect à son égard
Pierre-Luc Houle
L’humoriste et conférencière Mélanie Ghanimé a officiellement déposé une plainte au Collège des médecins du Québec, à la suite d’un rendez-vous médical qu’elle qualifie de «déshumanisant et inacceptable». Sur ses réseaux sociaux, elle a livré un témoignage poignant, dénonçant le manque total d’empathie d’une professionnelle de la santé lors d’un examen pelvien qu’elle attendait depuis un mois.
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«Je refuse que ce soit normalisé», écrit-elle dans une publication partagée massivement, où elle appelle à une réflexion collective sur la place qu’on accorde à la vulnérabilité et à la dignité dans le système de santé.
Mélanie explique qu’elle vit des douleurs inquiétantes qui pourraient peut-être être en lien avec des antécédents familiaux sérieux. Malgré la peur, elle continue de faire son métier, d’animer des ateliers, de tenir bon. Mais le jour de son rendez-vous, elle se dit heurtée de plein fouet par l’attitude de la médecin.
«La docteure entre, et sa première phrase est: “C’est pas croyable être en retard comme ça.” Mais... elle parlait de moi. Moi qui étais là à l’heure. Moi qui étais nerveuse, vulnérable, en train d’espérer des réponses.»
Selon le témoignage de l’humoriste, l’examen débute sans ménagement, sans regard humain. Une tentative de briser la glace par l’humour est immédiatement éteinte. Puis, la médecin annonce que l’examen ne pourra avoir lieu, car sa vessie n’est pas assez pleine. Mélanie lui exprime sa peur. «Les yeux pleins d’eau», elle lui confie son inquiétude.
«Je ne vais pas attendre une heure que vous buviez de l’eau», lui répond la docteure, avant de quitter la pièce en laissant la porte ouverte, exposant la patiente aux regards extérieurs.
«Laissant la PORTE OUVERTE, moi le pantalon baissé sous le pubis, exposée à la salle d’attente. J’étais en choc. J’ai pleuré. J’ai eu honte», raconte Mélanie.
Après avoir repris ses esprits, elle se rend à l’accueil, où une employée l’encourage à porter plainte. Ce qu’elle fait. La plainte est désormais déposée auprès du Collège des médecins.
«Je vais rebondir. J’ai les outils pour ça. Mais ce que j’ai vécu aujourd’hui, des centaines d’autres le vivent en silence.»
Son message, empreint d’émotion, mais aussi de lucidité, soulève des questions fondamentales sur l’état du système.
«Si tu travailles en santé et que tu n’aimes pas les gens, fais autre chose.»
En quelques heures, son témoignage a généré une vague d’appuis et de partages, tant chez les patients que dans le milieu médical. Une démonstration claire qu’il est encore possible de faire bouger les choses... avec des mots sincères, posés, mais puissants.
Lisez la publication complète de Mélanie Ghanimé ci-dessous:
«Est-ce qu’on peut parler d’empathie ?
Pas la série là, l'aptitude émotionnelle.
Aujourd’hui, j’ai vécu quelque chose de difficile.
Et j’ai longtemps hésité à le partager.
Mais je crois que parfois, nos histoires individuelles peuvent réveiller une conscience collective.
Alors je t’invite à lire ceci non pas pour me plaindre, mais pour réfléchir ensemble à ce qu’on tolère, à ce qu’on devient... et à la place qu’on accorde à l’humain, à la vulnérabilité, à la dignité.
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Ça fait un mois que j’attends un rendez-vous de radiographie pelvienne.
J’ai des douleurs. Des antécédents médicaux familiaux pas très rassurants. Et même si je continue de faire des blagues, d’animer des ateliers, de vivre...
La peur est là.
L’inquiétude aussi.
Aujourd’hui, c’était mon rendez-vous.
J’arrive à l’heure. J’attends. J’entre dans la salle.
La Dre entre, et sa première phrase est :
« C’est pas croyable être en retard comme ça. »
Mais... elle parlait de moi.
Moi qui étais là à l’heure.
Moi qui étais nerveuse, vulnérable, en train d’espérer des réponses.
Le ton est sec. L’examen débute sans ménagement, sans regard, sans empathie.
Je fais une petite blague du genre: Faites pas le saut, j'ai une diva cup (tentative de détendre l’atmosphère).
Elle me répond : Pourquoi je ferai le saut ?
Je rajoute: Pour rien. (en sachant que j'étais pas tombée sur Dre Sourire)
Puis elle m’annonce que ma vessie n’est pas assez pleine.
Qu’on ne fera pas l’examen.
Aucune alternative. Aucune écoute. Aucune reconnaissance de ma détresse.
Je lui dis que j’ai peur. Je nomme mes inquiétudes, avec les yeux pleins d’eau.
Elle me répond simplement :
« Je ne vais pas attendre une heure que vous buviez de l’eau. »
Et elle quitte la pièce.
Sans un mot de plus.
Sans refermer la porte.
Laissant la PORTE OUVERTE, moi le pantalon baissé sous le pubis, exposée à la salle d’attente.
⸻
J’étais en choc. J’ai pleuré. J’ai eu honte.
Puis j’ai été en colère.
Et je suis allée à l’accueil.
La personne à la réception m’a regardée dans les yeux, et m’a dit:
« Vous avez raison. Ce que vous avez vécu est inacceptable. Je suis désolée. Faites une plainte. »
Et là, j’ai compris en voyant son regard que ce n'était pas la première fois, donc le problème est plus grand que moi.
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Je vais rebondir. J’ai les outils pour ça.
Mais ce que j’ai vécu aujourd’hui, des centaines d’autres le vivent en silence.
Et c’est pour ça que je prends le temps d’écrire ici.
Pas pour faire la morale.
Pas pour pointer du doigt.
Mais pour qu’ensemble, on se demande :
Où est passée l’empathie ?
Où est la présence humaine dans nos systèmes ?
Où est la conscience que derrière chaque patiente, chaque patient, il y a une personne, une histoire, une peur bien réelle ?
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Je choisis de ne pas m’enfermer dans la colère.
Je choisis d’en faire un moment de conscience.
Mais je refuse que ce soit normalisé.
Et je souhaite qu’on fasse mieux. Tous. Ensemble.
Merci de m’avoir lue.
Et si tu travailles en santé, ou en relation d’aide : merci pour ta douceur, ton écoute. On en a besoin. Tellement.
Si tu travailles en santé et que tu n'aimes pas les gens, fais autre chose.
#empathie #humanité #conscience #santé #respect #douleurinvisible #biggerperson»
En deux jours, sa prise de parole a été partagée plus de 1400 fois.
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