Denis Robitaille raconte l'histoire méconnue des 400 ans de l’Hôpital général de Québec dans son roman «Quatre cents hivers»
Marie-France Bornais
Pour écrire son sixième roman, Quatre cents hivers, Denis Robitaille a fait appel à sa connaissance et sa fréquentation privilégiée d’un des lieux historiques les plus anciens du pays, le monastère de l’Hôpital général de Québec. Les personnages de son roman évoluent autour d’un bâtiment qui a vu passer quatre siècles mouvementés et des personnages importants, comme Mgr de Saint-Vallier et le comte de Frontenac, et qui a connu son lot de tragédies.
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L’histoire de l’Hôpital général de Québec et du site qu’il occupe, le long de la rivière Saint-Charles, est méconnue. Pourtant, certains des événements les plus déterminants de l’histoire du Québec y ont été vécus, de Samuel de Champlain à nos jours.
Les archives, les fouilles archéologiques, les études du patrimoine et la fréquentation des bâtiments ont permis à Denis Robitaille de faire revivre l’histoire fascinante d’un des plus vieux bâtiments du pays, à travers des personnages comme Chloé, Patrick, Martin, Catherine, Thomas, Étienne et Menishpun.
Le site historique, situé sur la rive de la rivière Saint-Charles, échappe souvent à la curiosité des touristes qui visitent la Vieille Capitale. Pourtant, il abrite de nombreux trésors. Le comte de Frontenac avait une résidence à cet endroit. Le marquis de Montcalm et Louis Hébert y reposent.
Site historique
«Quand on pense à ce qu’on a de vieux à Québec, on pense au Vieux-Québec. On a concentré notre imaginaire historique là», observe avec justesse Denis Robitaille en entrevue. «Mais quand on regarde un peu plus attentivement, on voit bien que l’Hôpital général, c’est le plus vieux site encore en usage qu’on connaît. Il y a des bâtiments qui sont les plus anciens du pays.»
«À l’époque de Champlain, c’était loin. Mais la rivière Saint-Charles faisait une boucle dans ce coin-là et le bâtiment était vraiment sur le bord de la rivière. C’était une voie navigable très importante pour les Premières Nations.»
«L’endroit où les Récollets ont implanté leur monastère, en 1620, c’est l’endroit où l’effet de la marée s’arrête. On pouvait y établir des colons: c’était plus facile d’établir des fermes, des cultures à cet endroit-là que sur le Cap-Diamant, par exemple. Les Autochtones allaient là depuis des millénaires.»
«C’est le plus ancien site archéologique de la ville de Québec: il y a plus de 3000 ans de présence avérée des Premières Nations. C’est un endroit qui a une profonde histoire. Ça mérite d’être mieux connu.»
Comment les gens vivaient-ils?
Denis Robitaille, qui travaille en ce moment à l’Hôpital général de Québec comme chargé de projet en patrimoine, propose un véritable voyage dans le temps à ses lecteurs dans Quatre cents hivers.
«Un lieu comme celui-là, c’est le résultat de son évolution. Les bâtiments qui sont là, ils sont tels que construits depuis le 17e siècle. C’est intéressant d’essayer de comprendre comment, à partir de ce qu’on voit, on est capable d’interroger ce qui a précédé. Comment les gens vivaient.»
«C’est un peu en imaginant les personnes à l’intérieur de ce lieu-là que je me suis dit qu’en effet, il y a quelque chose à raconter, à partir d’aujourd’hui, en remontant le temps.»
Au temps des Récollets
Denis Robitaille ajoute que c’est la première fois qu’il écrit un roman qui prend sa source dans son milieu de travail. «Ça m’a permis de combiner les deux quand je faisais des recherches.»
«Par exemple, on fait beaucoup de recherches en ce moment sur les origines du site parce que l’époque des Récollets est moins connue. On a fait de la datation de la charpente de l’église et on a fait toutes sortes de recherches scientifiques sur le site. Moi, parallèlement à ça, je prenais des notes!»
Quatre cents hivers
Denis Robitaille
Éditions du Septentrion
486 pages
- Denis Robitaille a publié six romans.
- Il est chargé de projet en patrimoine et a développé une expertise en patrimoine religieux.
- Il travaille avec les Augustines depuis 20 ans.
- Il habite à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier et a écrit un livre sur le patrimoine de Portneuf, Curiosités de Portneuf.
- Pour en savoir plus sur le Monastère de l’Hôpital général de Québec: monastere-hgq.ca.
«– Maintenant, viens! Il faut que je te montre quelque chose de fabuleux!
Il l’entraîna dans une pièce attenante, plus petite, percée vers l’extérieur par un œil-de-bœuf. Il tourna l’interrupteur. À la faveur de la lumière apparut sur un socle une statuette représentant la Vierge tenant son enfant. L’œuvre était faite de bois gris et sillonnée de haut en bas de balafres du temps.
Oncle Phil expliqua:
– Elle vient de l’Hôpital général. C’est une jeune novice qui me l’a donnée. Les sœurs n’en voulaient plus.»
– Denis Robitaille, Quatre cents hivers, Éditions du Septentrion
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