Voici comment la Finlande a résisté à l'invasion russe en 1939, selon le romancier Olivier Norek dans son récit historique «Les guerriers de l’hiver»
Prix Renaudot des lycéens


Marie-France Bornais
Romancier extrêmement talentueux, lauréat du prix Renaudot des lycéens pour son roman Les guerriers de l’hiver, le Français Olivier Norek s’est totalement investi dans l’écriture de ce nouveau livre. Avec une précision de sniper, un travail de recherche méticuleux et un sens de la narration maîtrisé, il raconte comment le peuple finlandais s’est dressé contre l’URSS de Staline, et comment est née, parmi ses soldats, la légende de Simo, la Mort blanche.

Les guerriers de l’hiver ne laisse personne indifférent: Olivier Norek a fait un formidable devoir de mémoire en racontant un épisode sanglant et méconnu de l’histoire finlandaise.
L’auteur d’Entre deux mondes et de Surface est sorti de son créneau habituel – le polar – pour écrire ce roman historique nous plongeant dans les affrontements entre la petite mais tenace armée finlandaise et la puissante Armée rouge de Staline en 1939.
La réaction de la presse et du public a été formidable: le livre s’est vendu à plus de 130 000 exemplaires et a été couronné du prix Renaudot des lycéens.
Naissance d’une légende
En entretien via courriel, Olivier Norek raconte ce qui l’a motivé à écrire ce roman historique et faire revivre un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale.
«Pour un auteur qui a été enquêteur, découvrir un épisode oublié de l’histoire, effacé des manuels scolaires, c’est terriblement inspirant. En 1939, la Russie de 171 millions de personnes va tenter d’envahir la Finlande de 3 millions de personnes, et contre toute attente, par le plus mortel des hivers qu’ait connu la Finlande, va naître la plus mortelle des légendes... Alors face à cette histoire si passionnante, je crois que je n’ai pas vraiment eu le choix!»
L’auteur à succès s’est donné une mission bien précise. «Je voulais raconter une guerre à hauteur d’hommes et de femmes, l’horreur à taille humaine, car comme l’histoire oubliée est condamnée à se répéter, il faut en témoigner et l’écrire encore et encore. Se souvenir enfin que si la force de l’Europe doit être celle de la diplomatie, le courage d’un chef de guerre est d’éviter autant qu’il le peut d’entrer justement en guerre.»
La cause juste
La Finlande, une contrée dont on entend peu parler, a une histoire fascinante, mais dont on parle peu. Le travail d’Olivier Norek est colossal. Il voulait, explique-t-il, «peut-être témoigner de la force d’un peuple qui a pour lui la cause juste».
«La cause juste rend presque invincible et les militaires savent bien qu’il faut cinq soldats entraînés pour faire face à un homme seul, dans sa maison barricadée, lorsque cet homme défend sa ferme, sa terre, sa nation et ceux qu’il aime. Et si l’on parle peu de la guerre d’Hiver, c’est peut-être parce que quelque part, la France a quelque chose à se reprocher... À vous de le découvrir au fil des pages.»
«Auteur de terrain»
La période de recherche et documentation a été exigeante, mais fructueuse. «J’étais flic de terrain, capitaine de police pendant plus de 15 ans, et je suis devenu auteur de terrain. J’ai besoin d’aller sur place et de me mettre dans les pas de mes personnages.»
«Pour ce roman, et puisque cette guerre a duré 113 jours, je suis allé 113 jours d’hiver rencontrer par -40 degrés tous ceux et celles qui avaient des souvenirs de cette période. Musées, archives, facultés d’histoire, églises, cimetières, bars louches, et des greniers par dizaine, j’ai fouillé partout!»
«Ce qui a forcé mon respect, c’est de constater que le peuple finlandais est un des rares à s’être plié à la nature plutôt que d’avoir cherché à la modifier à son confort. Aussi rude soit-elle, parfois même inhospitalière, ils n’essaient pas de la changer!»
La légende de Simo
Comment est-il tombé sur la légende de Simo? «J’ai fait pas mal de métiers autour de l’usage de la force légitime et, militaires comme policiers, beaucoup connaissent de près ou de loin la légende de Simo. Parce qu’il réussissait à rester plus de quatre heures dans le froid par -51 degrés sans mourir, en contrôlant son cœur et son esprit? Parce qu’il réussissait à faire des tirs d’une distance que même les plus grands snipers d’aujourd’hui n’arrivent pas à imiter, encore moins à comprendre? Choisissez!»
«Cet homme est si incroyable, la résistance de la Finlande a été tellement courageuse, qu’il a fallu que j’écrive à la fin du roman que tout ce que vous avez lu est vrai, sinon personne, absolument personne n’y aurait jamais cru!»
Les guerriers de l’hiver
Olivier Norek
Michel Lafon
Environ 450 pages
- Olivier Norek a fait carrière comme capitaine de la police judiciaire dans Seine-Saint-Denis (France) avant de devenir écrivain.
- Il a également travaillé comme logisticien humanitaire en Guyane et en ex-Yougoslavie.
- Il est l’auteur des romans policiers à succès Code 93, Territoires, Surtensions, Surface.
- On lui doit aussi Entre deux mondes et Impact, deux romans dans lesquels il explore des sujets de société majeurs comme la crise écologique et la crise migratoire.
- Son roman Dans les brumes de Capelans se passe sur les îles Saint-Pierre-et-Miquelon, un territoire français situé au large de Terre-Neuve.
- Il compte bien traverser l’Atlantique pour rencontrer ses lecteurs québécois en 2025.
«Au douzième kilomètre, dans une nuit d’encre, sous une lune masquée par les lourds nuages, un des soldats de la 6e compagnie de Juutilainen tomba au sol, la cheville douloureuse et les chaussures de ville déchirées par le sol irrégulier des forêts et les plaines de granit glissant.
–Lève-toi, Onni, souffla Toivo. Te fais pas remarquer.
–Mais j’ai pas de bottes moi, se plaignit Onni. J’ai les pieds en sang.»
–Olivier Norek, Les guerriers de l’hiver, Michel Lafon
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