Marjolaine Bouchard s’est inspirée du coloré personnage d’Henriette Belley et de l’univers des arts divinatoires pour écrire son nouveau roman
«Les diseuses de bonne aventure»


Marie-France Bornais
Autrice des succès Les jolis deuils, Les belles fermières et Les portes du couvent, Marjolaine Bouchard invite ses lecteurs à suivre les aventures des habitants de Port-aux-Esprits dans son nouveau roman, Les diseuses de bonne aventure. Comme le titre le laisse présager, elle y raconte une histoire bien vivante, tantôt humoristique, tantôt dramatique, où les tireuses de cartes d’une petite ville du Québec ont le beau jeu, entre les rivalités, les amours secrets, les mensonges, les commérages et les politicailleries.

Nous sommes en 1960, dans la petite ville côtière de Port-aux-Esprits. Bergerette Larose, une vieille fille qui exerce le métier de fleuriste, est aussi une cartomancienne flamboyante qui se fait connaître sous le nom de «Mme Azur». Son amie Claire, vendeuse dans un magasin, s’est aussi lancée dans les arts divinatoires, avec moins de succès toutefois.
La secrétaire de la Municipalité, Flora Duverger, rêve d’une carrière de chanteuse et va voir les deux devineresses dans l’espoir de connaître son avenir.
L’arrivée d’un étranger qui met son nez partout va bousculer l’existence des habitants de Port-aux-Esprits et les confronter à leurs peurs, à leurs doutes et à leurs secrets.
Henriette Belley
Marjolaine Bouchard a pris plaisir à écrire ce roman rempli de personnages colorés, où les croyances et les superstitions ont la belle part. L’idée du roman est arrivée par hasard, en voyant une exposition consacrée à Henriette Belley dans le hall du Palais Montcalm, à Québec. «C’est un personnage qui est devenu légendaire à Québec. Cette dame-là née en 1905 et morte en 1980», explique l’écrivaine en entrevue.
«Elle est devenue veuve quand elle était dans la quarantaine. Elle était couturière et confectionnait des costumes excentriques. Elle se présentait dans les salles de spectacles, les soirs de première. Et cette dame était cartomancienne.»
«Ça m’a donné une inspiration parce que le personnage qu’on rencontre dans Les diseuses de bonne aventure, Bergerette Larose, qui opère comme cartomancienne sous le nom de "Mme Azur", est directement inspiré de Mme Henriette Belley.»
Un sujet en or
Elle trouvait que le sujet était intéressant. «Beaucoup de mes lectrices ont déjà consulté des diseuses de bonne aventure et des voyantes et me rapportaient des anecdotes. C’était toujours très drôle, curieux, parfois dérangeant. C’était un beau terreau pour développer toute l’intrigue.»
«Le personnage d’Horace Ménard, ethnologue qui arrive dans la ville, nous permet de faire la nuance entre différentes croyances, des superstitions, parce qu’il vient passer l’été dans la petite ville pour faire des études là-dessus.»
«C’était une façon de présenter les voyantes et les diseuses de bonne aventure, avec des nuances. On a les versions d’un côté et de l’autre et je pense que ça permet aux lecteurs et aux lectrices de se faire eux-mêmes une idée.»
Est-ce que c’est vrai? Est-ce que ça se peut? Est-ce qu’il y a vraiment des gens qui ont des dons de voyance? «Je me suis amusée là-dedans et je pense que ça fonctionne bien dans le roman.»
Pendules et boules de cristal
Marjolaine Bouchard a-t-elle déjà consulté une voyante? «Non! Mais j’ai quand même été fascinée par toutes sortes de médiums comme les cartes, le tarot, le pendule, les feuilles de thé et la boule de cristal, que j’ai d’ailleurs explorés pour en parler dans mon roman.»
«Mais, quand j’étais plus jeune, j’avais une amie et une cousine qui tiraient aux cartes. J’ai appris une méthode et on s’amusait, dans les soirées, à se tirer aux cartes ou à jouer avec le pendule.»
Marjolaine Bouchard apporte d’ailleurs ses cartes dans les salons du livre et fait de petites séances très courtes avec les gens du stand ou certaines lectrices qui viennent jaser. Est-elle tombée pile? «Ça m’est arrivé. C’est surprenant!»
Les diseuses de bonne aventure
Marjolaine Bouchard
Les Éditeurs réunis
Environ 470 pages
- Marjolaine Bouchard a écrit plusieurs romans qui ont été de véritables coups de cœur pour ses lecteurs.
- On lui doit Les belles fermières, Les jolis deuils et Les portes du couvent.
- Elle habite à Québec.
«La nuit a été courte et agitée. N’empêche, la radio qu’on allume, le volume au plus bas, deux toasts, les deux cafés qui se succèdent, c’est samedi matin, et comme à son habitude, encore en robe de chambre, Bergerette se tire elle-même aux cartes, formule rapide. Trois huit – trèfle, carreau et cœur: une personne jalouse va se pointer dans votre entourage et risque de faire échouer vos projets.»
– Marjolaine Bouchard, Les diseuses de bonne aventure, Les Éditeurs réunis
• À lire aussi: Ces courageuses femmes de Hull
• À lire aussi: Les jolis deuils, de Marjolaine Bouchard: faire les choses autrement
• À lire aussi: Tenir une ferme à bout de bras