Les secrets de l'univers de Tim Burton
Anne-Sophie Gravel
Les cinéastes ont souvent une signature esthétique bien unique qui les distingue. S’il est un réalisateur qui se démarque de loin par la singularité de son univers, c’est bien Tim Burton, à qui l’on doit plusieurs des meilleurs films d’Halloween! Découvrez les secrets de cet univers délicieusement étrange et totalement captivant.
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Une esthétique qui détonne
L’esthétique de Burton est inspirée de l’expressionnisme, un courant artistique où les artistes déformaient la réalité pour susciter des émotions vives chez le public, comme l’angoisse ou la hantise. Dans les univers expressionnistes comme dans ceux de Burton, les décors sont étourdissants, car les proportions sont irrégulières et les couleurs, très contrastées. Les personnages sont juste assez déformés pour perturber le regard. On peut penser aux célèbres toiles Le Cri (Munch, 1893) ou La Nuit étoilée (Van Gogh, 1889), qui ne sont pas sans rappeler les décors distordus et les personnages squelettiques des films de Burton. Le cinéaste puise aussi des inspirations à certains films d’horreur classiques pour des décors et des plans de caméra, comme Psychose (Hitchcock, 1960) et The Shining (Kubrick, 1980).
Des thématiques complexes
Burton est connu pour expérimenter avec le cinéma d’animation en volume, une technique qui permet de créer le mouvement image par image avec des marionnettes. Malgré la connotation enfantine qu’on associe à ce type de cinéma, les films d’animation de Burton abordent des thématiques très sérieuses qui rejoignent petits et grands. Par exemple, Frankenweenie (2012) met en scène les sentiments complexes liés au deuil, à travers l’histoire d’un chien de famille ramené à la vie. Le contraste entre le visuel ludique et le ton mélancolique des films d’animation burtoniens est une de leurs plus grandes forces.
Gloire aux originaux
Les protagonistes de Tim Burton sont des incompris, des individus qui ne cadrent pas dans leur univers et qui tentent de s’extirper de conventions sociales rigides et étouffantes. De Lydia Deetz, l’adolescente gothique et cynique de Beetlejuice, au timide Edward (Edward Scissorhands), en passant par la lugubre Mercredi Addams ou les singuliers enfants de Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children, l’univers burtonien met de l’avant la beauté qui naît de la différence.
Fascination morbide
Tim Burton entretient manifestement une fascination pour la mort et se plaît à imaginer à quoi pourrait ressembler l’au-delà. De manière générale, Burton s’amuse à inverser l’esthétique de la vie et de la mort: le monde des morts est souvent plus vif et coloré que celui des vivants. Grâce à cette passion gothique, les films de Tim Burton viennent apaiser chez plusieurs la peur universelle de la mort, en proposant un portrait du trépas beaucoup moins angoissant et définitif que ce qu’on peut imaginer. Et surtout, dans tous ses films qui traitent de la mort, une morale se démarque: la mort ne peut mettre fin à l’amour véritable, qu’il soit partagé entre de proches parents, des amoureux ou un garçon et son chien.
Collaboratrices récurrentes

Tim Burton s’associe régulièrement avec des actrices qui reviennent dans ses films, ce qui accentue l’impression de parenté entre les différentes œuvres du réalisateur. Parmi ses collaboratrices récurrentes, on peut citer Winona Ryder (avec qui Burton renoue dans Beetlejuice Beetlejuice) , Helena Bonham Carter, Catherine O’Hara et Christina Ricci. À celles-ci, on peut sans l’ombre d’un doute ajouter un nouveau nom: celui de la ténébreuse et pince-sansrire Jenna Ortega, que l’on retrouve dans Wednesday et Beetlejuice Beetlejuice. Ces actrices prêtent leurs traits à des héroïnes emblématiques et singulières souvent armées d’un humour grinçant, et qui sont les seules, dans leurs univers respectifs, à se montrer réellement ouvertes à la différence en s’opposant aux contraintes sociales.
6 films à (re)découvrir:
- Beetlejuice (1988)
- Edward Scissorhands (1990)
- Sleepy Hollow (1999)
- Big Fish (2003)
- Corpse Bride (2006)
- Beetlejuice Beetlejuice (2024)