Albert II de Monaco: 20 ans de règne secoués par les scandales
En juillet 2002, Albert II montait sur le trône de Monaco en martelant, dans son discours d’avènement, qu'«argent et vertu doivent se conjuguer en permanence». Vingt ans plus tard, son règne est marqué par une série de controverses, tant publiques que privées.
Isabelle Hontebeyrie
En juillet 2002, Albert II montait sur le trône de Monaco en martelant, dans son discours d’avènement, qu'«argent et vertu doivent se conjuguer en permanence». Vingt ans plus tard, son règne est marqué par une série de controverses, tant publiques que privées.
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L’ombre de la corruption
Monaco a été secouée par une cascade de révélations et de rumeurs qui a tourné à la bataille médiatique et judiciaire autour d'anciens proches du prince écartés en 2023, dont son ex-comptable, Claude Palmero. Depuis, celui qui a tenu les comptes des Grimaldi a distillé des révélations sur les sociétés offshores de la famille (un héritage de Rainier III inutile, puisque le prince n'est pas imposable à Monaco, et désormais liquidé, assure le Palais), sur les dépenses des princesses ou sur leurs inimitiés. Parmi les accusations portées par Claude Palmero, relayées notamment par Le Monde et Libération, figurent des allégations de financement occulte de travaux privés par des fonds publics, des conflits d'intérêts non déclarés et des commissions versées dans le cadre de transactions immobilières ou de marchés publics. L’homme a notamment affirmé avoir géré des dépenses personnelles du prince qui se confondaient allègrement avec des fonds d'État, y compris des sommes importantes pour des travaux dans des propriétés privées, des voyages ou des cadeaux ainsi que les dépenses personnelles de Caroline et de Stéphanie. Ces accusations, étayées par des documents, ont conduit à l'ouverture d'enquêtes judiciaires et ont contraint le Palais à réagir. Des proches du prince ainsi que des fonctionnaires de haut rang se sont retrouvés visés par ces révélations, entraînant des départs ou des mises à l'écart.
Charlene, bien loin du conte de fées
Le mariage célébré en grande pompe les 1er et 2 juillet 2011 a été présenté comme l’événement destiné à assurer l’avenir des Grimaldi, et donc de la principauté. Cependant, cette union a été rapidement fait l’objet de rumeurs et de spéculations, bien avant même que les noces soient prononcées. De nombreux articles ont fait état de tentatives de Charlene de quitter Monaco peu avant le mariage, alimentant les gros titres sur un «mariage forcé» ou un «mariage triste». Le quotidien britannique The Daily Mail avait notamment rapporté que Charlene aurait tenté de retourner en Afrique du Sud à trois reprises, y compris «juste quelques jours avant le mariage», ce qui a été démenti par le Palais. Au fil des ans, les apparitions publiques de la princesse Charlene, souvent caractérisées par une tristesse infinie (notamment les larmes versées le jour de son mariage), ont continué d'alimenter les spéculations sur son mal-être et son adaptation difficile à la vie du Palais. En 2021, les rumeurs ont atteint leur paroxysme lorsqu'elle est restée de nombreux mois en Afrique du Sud en raison d'une grave infection l'empêchant de rentrer à Monaco pour des événements majeurs, y compris l'anniversaire de ses enfants, les jumeaux Jacques et Gabriella, nés en 2014. Cette absence prolongée a ravivé les spéculations sur une séparation ou de graves problèmes de santé, même si le Palais a toujours insisté sur les raisons médicales de son voyage. À son retour à Monaco en novembre 2021, elle a été admise dans une clinique en Suisse pour «épuisement profond», confirmant une période de grande fragilité. Le prince Albert II avait alors déclaré au magazine People que Charlene souffrait d'un «état de fatigue généralisée» nécessitant un traitement privé, loin des regards. Depuis, tant les problèmes de santé que les problèmes conjugaux semble s’être résorbés, Charlene apparaissant désormais détendue et souriante lors des nombreux événements publics.
Les enfants illégitimes, un secret mal gardé
Il aura fallu attendre juin 2006 pour qu’Albert II reconnaisse officiellement sa fille, Jazmin Grace Grimaldi, née le 4 mars 1992 à Palm Springs, en Californie. Fille de Tamara Rotolo, une ancienne agente immobilière américaine avec qui le prince a eu une brève liaison, Jazmin a été un secret d’État jalousement gardé pendant de nombreuses années. Et le prince ne l’a reconnue qu'après avoir subi un test de paternité! Même si elle ne figure pas dans la ligne de succession au trône en raison de sa naissance hors mariage, Jazmin a depuis développé une relation avec son père et est apparue à ses côtés lors de certains événements privés, relayés sur les réseaux sociaux. Alexandre Coste, né le 24 août 2003 à Nice, en France, est le fils de Nicole Coste, une ancienne hôtesse de l'air togolaise. L’existence du garçon, elle, n’a fait l’objet d’aucune cachotterie, mais Albert II a attendu le décès de son père, le prince Rainier III, et son accession au trône en mai 2005 pour le reconnaître officiellement. Comme pour Jazmin, Alexandre n'est pas éligible à la succession au trône de Monaco en vertu des lois monégasques, qui exigent que les héritiers soient nés d'un mariage légitime.
Les milliards de Monaco
L'immobilier y est le plus cher du monde, le PIB s'est élevé à 9,4 G€ en 2023, en hausse de près de 50% depuis 2014, et les banques installées dans la principauté gèrent 171 G€ d'actifs, selon l'Institut monégasque de la statistique et des études économiques (Imsee).