Felipe d’Espagne: Les inondations ont-elle aidé son image?
Les visites qu'a effectuées le roi dans la région de Valence, depuis les inondations d'octobre, ont aidé à le rendre plus humain et à redorer son image...
Anaïs Chabot
Malgré les tensions palpables sur place, les visites qu'a effectuées le roi dans la région de Valence, depuis les inondations d'octobre, ont aidé à le rendre plus humain et à redorer son image...
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Après les terribles inondations qui ont frappé le littoral valencien en octobre dernier, provoquant la mort d’au moins 215 personnes, le roi Felipe VI s’était rendu sur les lieux du drame pour témoigner son soutien aux victimes et à leurs familles. Cette catastrophe, causée par une «goutte froide» – un phénomène météorologique extrême – avait laissé derrière elle un paysage de désolation, des dizaines de disparus et des dégâts matériels considérables. La visite du roi, accompagné de la reine Letizia, du président régional et du chef du gouvernement Pedro Sanchez, s’était alors déroulée dans un climat particulièrement tendu.
Dès leur arrivée à Paiporta, une commune durement touchée, le couple royal a été confronté à la colère d’habitants bouleversés. Les survivants, sous le choc, n’avaient eu que peu de temps pour faire leur deuil ou mesurer l’ampleur des pertes. Beaucoup reprochaient aux autorités leur lenteur à réagir et à organiser les secours, alors que les météorologues avaient alerté sur le danger dès le matin du drame. Cette frustration s’est traduite par des insultes, des menaces et même des jets de boue et de projectiles à l’encontre du roi et de sa délégation, une scène inédite dans l’histoire récente de la monarchie espagnole.
Face à cette hostilité, Felipe VI a adopté une attitude remarquable. Loin de se réfugier derrière son escorte ou de fuir la confrontation, il a choisi d’aller à la rencontre des habitants en détresse. Il a écouté leurs doléances, tenté de calmer les esprits et apporté du réconfort à ceux qui en avaient besoin. La reine Letizia, elle aussi très émue, s’est montrée proche des victimes, n’hésitant pas à consoler certains d’entre eux. Cette proximité, rare pour un chef d’État, a été saluée par de nombreux observateurs.

Dans les jours qui ont suivi, la presse, notamment conservatrice, a largement salué le courage et l’empathie du roi. Beaucoup ont souligné que, dans un contexte où les responsables politiques étaient vivement critiqués pour leur gestion de la crise, Felipe VI avait su incarner la figure d’unité et de réconfort attendue par la population. Le contraste a été particulièrement marqué avec le chef du gouvernement Pedro Sanchez, également pris à partie par la foule et évacué en urgence, après avoir été accusé d’avoir trop tardé à mobiliser les moyens de secours.
Pour de nombreux analystes, cette séquence marque un tournant dans l’image du roi. Pilar Eyre, spécialiste de la monarchie, estime que Felipe VI a su faire preuve d’un courage inédit, n’hésitant pas à s’exposer physiquement pour aller au-devant d’une population en colère. Selon elle, le roi est sorti grandi de cette épreuve, ayant su restaurer la confiance d’une partie des Espagnols envers la monarchie, perçue comme un arbitre au-dessus des querelles politiques.
Les mémoires de son père auront-elles un impact sur Felipe?
En septembre 2024, on a appris que Juan Carlos d’Espagne, ex-roi marqué par de nombreux scandales financiers, préparait la publication de ses mémoires, écrites durant son exil à Abu Dhabi. Ce livre, intitulé Réconciliation, est finalement prévu pour le 12 novembre, et sera publié simultanément en Espagne (chez Planeta) et en France (chez Stock). Une première historique: jamais un monarque espagnol n’avait publié ses mémoires. Écrit par Juan Carlos lui-même et corrigé par Laurence Debray, journaliste et amie proche, l’ouvrage promet de revenir sur les moments clés de sa vie. Ce témoignage vise avant tout à «réconcilier les Espagnols avec son histoire» et à restaurer une partie du respect perdu au fil des années.
Toutefois, le choix de la maison d’édition Planeta, réputée proche du palais royal, suscite des interrogations, notamment en raison des relations tendues entre Juan Carlos et son fils, le roi Felipe VI, depuis les révélations sur les affaires judiciaires impliquant l’ancien souverain. Ce livre apparaît donc comme une tentative de Juan Carlos de retrouver une certaine légitimité et de retisser les liens avec son fils et le peuple espagnol. Son impact demeure toutefois incertain... Une histoire à suivre!