Pourquoi certains ont plus de talent pour le plaisir


Dr François Richer
En plus d’être agréables, nos moments de plaisir sont utiles. Ils soulagent notre stress, ils nous font apprécier les bonnes choses et ils augmentent nos associations d’idées. En plus, grâce à leur effet de récompense, nos plaisirs forgent nos désirs et nos habitudes.
Nos plaisirs proviennent d’une multitude de sources.
Des sensations réconfortantes (une brise sur le visage) ou stimulantes (une odeur agréable) qui, en plus de nous apporter de la joie, nous apaisent ou nous mobilisent pour combler certains de nos besoins.
Du physique au social
La beauté des scènes quotidiennes, de la nature ou de la musique nous émeut tout en nous rappelant qui nous sommes.
Les plaisirs sociaux sont parmi les plus bénéfiques. Des sourires aux échanges plus longs, les interactions positives allument rapidement nos circuits de plaisir en plus d’apaiser notre stress et nos besoins de soutien.
En plus, les interactions sociales nous apportent une connexion émotionnelle qui nous rappelle que nous sommes entourés et compris par des gens qui nous ressemblent.
Le déficit de plaisir
Certaines personnes sont moins sensibles aux plaisirs sociaux ou moins motivées à les rechercher. Parfois, la personne ressent moins le plaisir, mais plus souvent, elle a plutôt perdu la capacité de se rappeler ce qui lui fait plaisir, d’anticiper les plaisirs ou de les rechercher dans le quotidien, même si elle ressent le plaisir autant qu’avant.
Plusieurs troubles psychologiques produisent une perte majeure de plaisir (une anhédonie). Dans ces troubles, le plaisir est souvent bloqué par des émotions négatives envahissantes.
Par exemple, les personnes qui souffrent de douleurs chroniques, de dépression ou de trauma ont plus de difficulté à anticiper le plaisir qu'elles pourraient ressentir dans différentes situations. À cause de cela, elles vont moins provoquer ces situations et moins se laisser en profiter quand elles se présentent. Dans ces cas, il faut réduire la détresse et les autres émotions négatives pour augmenter les occasions de plaisir.
Ranimer nos plaisirs
Quand nos soucis ont trop longtemps étouffé nos moments de plaisir, il faut parfois faire quelques efforts pour les ranimer.
Nous pouvons stimuler nos réactions de plaisir en redécouvrant nos intérêts et nos activités satisfaisantes par une exploration systématique.
Nous pouvons aussi renforcer nos plaisirs en savourant les expériences plaisantes, en prenant le temps de remarquer les détails de nos sensations, du contexte et de notre état mental.
Cultiver la bonne humeur
Une des meilleures façons de renforcer nos capacités de plaisir est de cultiver notre bonne humeur. La bonne humeur est un état qui augmente notre réceptivité aux sources de plaisir et qui inhibe nos sentiments négatifs pendant une période.
C’est une boucle positive, un peu comme une autohypnose qui change radicalement notre perception des situations. Nous remarquons plus nos petites satisfactions quotidiennes (notre entourage, nos rituels, nos capacités) et nous nous rappelons plus facilement nos intérêts et nos désirs qui pourraient nous apporter des plaisirs.
Sur le plan social, nos biais sur les autres deviennent plus positifs. Nous avons plus envie d’interagir et de collaborer avec eux, ce qui augmente notre capacité à en faire des alliés et des sources de plaisirs. En plus, la bonne humeur augmente notre espoir, notre ambition et nos idées stimulantes, ce qui nous fournit d’autres sources de plaisir.
Certaines personnes montrent une grande capacité à trouver la bonne humeur, soit par leur détachement ou une meilleure régulation de leurs émotions négatives, ou encore grâce à leur capacité d’anticiper les plaisirs qui propulse leur enthousiasme.
Il n’est pas toujours facile de retrouver la bonne humeur. Cependant, il est souvent possible d’imaginer des scènes humoristiques (ex : nous en clown chargé de de faire rire des jeunes enfants) ou de provoquer des situations plaisantes (ex : démarrer une interaction positive) et de s’entraîner à amplifier les petits plaisirs provoqués.
Finalement, nous pouvons aussi profiter de l’aspect contagieux des plaisirs sociaux et nous laisser envahir par l’enthousiasme et la bonne humeur des autres.