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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

Pourquoi nos échanges ont-ils autant de messages cachés?

Andrii Yalanskyi - stock.adobe.com
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Photo portrait de Dr François Richer

Dr François Richer

2025-03-09T17:15:00Z
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Dans nos échanges, deviner ce qui se cache sous les mots, ce qui est sous-entendu ou ce qui n’est pas dit est souvent aussi important que les mots eux-mêmes.

Nos échanges ne servent pas qu’à transmettre des informations explicites, faciles à interpréter. Ils contiennent souvent des messages subtils ou cachés. Ces messages implicites doivent être devinés ou déduits.

Discuter est une chorégraphie sociale

Pourquoi se compliquer la vie en tournant autour du sujet quand on pourrait se parler clairement?

Que ça nous plaise ou non, nos discussions sont souvent des chorégraphies sociales qui ont des buts plus ou moins conscients. Parfois, nous voulons obtenir un résultat (demander, influencer, faire réagir). Parfois, nous voulons apprendre ou partager des informations. Souvent, nos messages ont des buts émotionnels (s’amuser, se rassurer, s’affirmer).

Nos choix de mots et notre ton de voix donnent à l’autre des indices sur nos motivations (ex.: J’aimerais que l’on considère mes priorités), notre intention (ex.: Je voudrais mieux comprendre) ou notre état d’esprit (ex.: Je suis stressé).

Ces indices peuvent être plus ou moins clairs selon nos habiletés de communication et de décodage, mais aussi selon notre disposition à se comprendre et s’entendre.

Plusieurs messages implicites peuvent être déduits à partir du contexte. Par exemple, les sous-entendus peuvent être simples à déduire (ex.: «J’ai vu ton frère à l’épicerie...», donc tu es allé à l’épicerie), mais ils sont parfois plus subtils («Maman, tu as vu la belle robe?» – une suggestion de cadeau?).

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Attention aux différences individuelles et aux flous

Certaines personnes sont plus portées à utiliser un langage imagé, plein de sous-entendus, de métaphores ou de blagues ironiques. Cependant, d’autres ont plus de difficulté à lire entre les lignes, ce qui peut compliquer les communications. Une personne qui priorise l’imagination ou les blagues dans ses échanges verbaux peut être mal interprétée quand elle parle à une personne qui comprend les messages au premier degré ou de façon plus littérale.

Volontairement ou pas, nous employons souvent des mots vagues et nous laissons des détails non précisés qui laissent place à l’interprétation. Le flou et les omissions (le non-dit) sont de grandes sources de malentendus.

Parfois, nous parlons flou par diplomatie (ex.: «Ça ne sera pas long...»). Parfois, le flou est une demande implicite à l’autre de faire des suggestions. Les politiciens se servent du flou pour ne pas déplaire à trop de gens. Les publicités se servent de suggestions floues (ex.: lien parfum-succès) pour mieux nous influencer.

Il est important de porter attention aux aspects flous des messages des autres, mais aussi des nôtres. D’abord, pour s’assurer que l’autre interprète correctement notre message. En plus, notre manque de clarté peut donner l’impression que nous manquons de motivation à communiquer ou que nous cachons des détails.

Maintenir l’envie de se comprendre

Dans les échanges plus difficiles, il est aussi important de maintenir la disposition de l’autre à échanger ainsi que sa confiance dans nos motivations et notre bonne foi.

Les messages de rapprochement («Je comprends», «Je suis d’accord», «Dis-moi si je comprends bien») servent à montrer notre motivation à progresser et notre intérêt pour les préoccupations de l’autre.

Les messages diviseurs («Oui, mais...», «Tu oublies que...», «Si tu l’avais dit clairement...») peuvent, au contraire, effriter la disposition à se comprendre et s’entendre.

Clarifier pour soi-même et pour l’autre

Personne ne contrôle parfaitement ce qu’il dit ou la façon dont il le dit. Il ne faut donc pas présumer que l’autre comprend automatiquement tout ce que l’on dit.

Pour mieux se faire comprendre, il faut s’intéresser à ce que l’autre a compris, clarifier nos buts et corriger nos formulations.

Pour mieux comprendre les autres, il faut s’entraîner à écouter mieux et ne pas interpréter trop vite.

Finalement, comme les malentendus sont inévitables, l’essentiel est de rassurer l’autre sur notre ouverture à communiquer.

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