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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

«C’est dans ta tête»: Quand les problèmes psychologiques ont des bases biologiques

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Photo portrait de Dr François Richer

Dr François Richer

2024-12-07T22:00:00Z
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«C’est dans ta tête» veut souvent dire «On ne sait pas ce qui se passe», mais les problèmes psychologiques ont parfois une origine biologique claire qui aide à comprendre comment ils peuvent apparaître.

Les problèmes psychologiques ont souvent des causes floues ou inconnues. Ils ont généralement des causes multiples (génétique, épigénétique, expériences précoces, évènements déclencheurs, etc.), mais les changements cérébraux ou les marqueurs biologiques qui devraient accompagner ces problèmes sont souvent faibles ou absents.

Cependant, ne pas détecter d’indices biologiques ne veut pas dire qu’il n’y en a pas. Le dérèglement peut être simplement trop microscopique ou trop complexe pour les instruments de mesure actuels.

Dans certains cas, l’origine biologique des problèmes psychologiques est plus claire et ces cas sont de bons guides pour les cas flous, en attendant que les technologies médicales se développent. Par exemple, plusieurs dépressions apparaissent à la suite d’un problème «physique» clair, comme un trouble neurologique (commotion, AVC, Alzheimer, etc.) affectant les circuits émotionnels du cerveau. Mais parfois, le déclencheur est une infection (virus, bactérie) qui est moins détectable avec le temps ou un problème métabolique discret (foie, reins, prédiabète).

Circuits émotionnels

Plusieurs de ces troubles peuvent causer une inflammation du cerveau ou un dérèglement des processus microscopiques dans les neurones (énergie, communications, immunité) qui sont difficiles à détecter avec les moyens actuels.

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Les hallucinations et les croyances bizarres ne surviennent pas que chez les schizophrènes. Elles apparaissent aussi dans des maladies neurologiques, dans des infections ou après la consommation de substances.

Nous pouvons devenir confus et désorientés après une intoxication alimentaire ou un bref spasme d’une artère du cerveau autant que par une émotion forte.

Même nos humeurs peuvent avoir une origine neurologique. Nous pouvons ressentir du bien-être ou de la déprime à cause d’un évènement, mais aussi lors d’une crise de migraine ou d’épilepsie si nos circuits émotionnels sont stimulés par ces crises.

Une cause détectable ou pas

Les difficultés psychologiques comme l’anxiété, l’irritabilité ou la susceptibilité sont similaires que l’on détecte ou pas une cause physique (tumeur, malformation, AVC, atrophie, etc.) par les tests biologiques actuels (imagerie cérébrale, marqueurs sanguins, etc.).

Dans les deux cas, les circuits cérébraux affectés sont similaires, la différence est plutôt que nous n’avons pas encore les moyens techniques de voir les changements microscopiques qui sont responsables des difficultés psychologiques.

En plus, nos expériences (apprentissages, relations sociales, traumatismes) causent continuellement des changements microscopiques dans nos circuits cérébraux qui s’additionnent aux autres influences.

À cause de ce mélange d’influences, il est parfois difficile de savoir si un changement dans le cerveau est une cause ou une conséquence d’un problème psychologique et si c’est un changement récent ou ancien.

On peut développer des troubles psychologiques à cause de changements biologiques microscopiques qui surviennent avant notre naissance.

Des facteurs comme les infections, les polluants ou le stress maternel peuvent engendrer des modifications dans le développement du cerveau du fœtus et créent des sensibilités cellulaires qui s’expriment plusieurs années plus tard quand des expériences les amplifient.

Plusieurs études ont montré que des changements microscopiques affectant le cerveau avant et après la naissance contribuent à la susceptibilité de développer des troubles anxieux, des dépressions ou des troubles de personnalité.

C’est pas moi, c’est mon cerveau

Plus on va identifier les changements dans les circuits cérébraux responsables des problèmes psychologiques, plus certaines personnes voudront plaider qu’ils ne sont pas responsables de leurs actes.

Cependant, notre responsabilité relève d’un contrat social et moral qui nous lie aux autres et de notre capacité de nous contrôler, même quand nos circuits sont déréglés.

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