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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Neuf ans de règne tumultueux

Donald Trump prendra le pouvoir aux États-Unis pendant que le Canada aura un premier ministre affaibli

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Photo portrait de Guillaume St-Pierre

Guillaume St-Pierre

2025-01-07T05:00:00Z
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OTTAWA | Justin Trudeau laisse à son parti et au pays un beau grand gâchis après l’annonce abrupte de son départ comme chef libéral après neuf ans d’un règne tumultueux.

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À deux semaines de l’arrivée en poste de Donald Trump au sud de la frontière, le Canada se retrouve sans premier ministre bien en selle.

Pire, la course à la direction du Parti libéral du Canada (PLC) qui va bientôt commencer risque de brouiller encore plus les ondes avec notre plus grand partenaire commercial, déjà que les provinces ne savent pas où donner de la tête.

Les ministres qui souhaitent se lancer et qui ont aussi la responsabilité de gérer Trump et ses menaces de tarifs devront choisir (voir autres textes en pages 4 et 5). Ils ne pourront pas faire les deux en même temps.

Pendant ce temps, un Justin Trudeau sans aucune légitimité fera face au républicain milliardaire.

La démission de Justin Trudeau marque la fin d’une époque, lui qui rêvait tant d’un affrontement contre Pierre Poilievre.

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Les yeux rougis par l’émotion, M. Trudeau a rejeté hier en conférence de presse la faute sur les « batailles internes » pour son départ précipité qui survient trop tard.

Aucune remise en question

Pas de mea culpa ou de remise en question de ses politiques, de son style de communication ou de son leadership.

Les libéraux voudront croire en une relance sous un nouveau chef. Mais il s’agit aussi peut-être du début d’une longue traversée du désert.

En s’accrochant aussi longtemps, Justin Trudeau laisse très peu de temps à son successeur pour se faire connaître.

Il a préféré sa propre survie politique au détriment de celle de son parti.

Le vrai travail de reconstruction du PLC ne fait que commencer.

Et comme au hockey, une reconstruction peut prendre du temps, beaucoup plus de temps que prévu. On peut aussi la rater.

Qui voudra vraiment de la chefferie libérale, qui pourrait vite se transformer en un cadeau empoisonné ?

S’il a complètement raté sa sortie, Justin Trudeau devra aussi porter la responsabilité d’un bilan mitigé, surtout en regard des attentes.

Des bons coups et des échecs

L’allocation canadienne pour enfants est probablement sa plus grande réalisation, elle qui a sorti des centaines de milliers d’enfants de la pauvreté.

Plus personne ne remet en cause la légalisation du cannabis et les libéraux ont bien renégocié le nouvel ALENA avec Donald Trump durant son premier mandat, ce qui n’est pas rien.

Justin Trudeau aimerait aussi qu’on se souvienne de son gouvernement pour avoir mis en place un programme de garderies subventionnées et de soins dentaires.

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Mais sa tenue des livres comptables remet en doute la survie de ces programmes phares, qui n’ont jamais été financés adéquatement.

Avec un déficit colossal de 62 milliards $, son adversaire conservateur Pierre Poilievre aura le beau jeu de promettre de faire le ménage dans les finances publiques.

Les promesses de transparence et d’une fonction publique plus efficace n’ont pas non plus porté leurs fruits. Malgré l’embauche de 100 000 fonctionnaires, l’appareil fédéral accumule les ratés.

À l’international aussi l’étoile du Canada a pâli, alors que Justin Trudeau avait décrété en grande pompe que le pays était de retour.

Son voyage costumé en Inde en 2018 aura été prophétique d’une politique étrangère guidée par l’image.

La goutte de trop

Plus que tout, la gestion catastrophique de l’immigration aura été la goutte de trop qui a mené au revirement le plus spectaculaire.

Le rêve de faire du Canada un pays de 100 millions d’habitants grâce à des politiques migratoires débridés s’est retourné contre son gouvernement, qui a fini par changer de cap.

À entendre certains libéraux, se débarrasser de Justin Trudeau semble être une fin en soi. La réflexion sur la suite s’arrête là.

Il faudra plus, bien plus, pour remonter la pente face à la machine de communication fortunée et bien huilée de Pierre Poilievre.


« Le pays mérite un choix clair et réel lors des prochaines élections. Il est devenu évident pour moi que si je dois me concentrer sur des batailles internes, je ne peux pas être la meilleure option lors de ces élections. »

« Le Parlement a besoin d’un reset, il a besoin de se calmer un peu les pompons pour se remettre au travail pour les Canadiens et ne pas faire de la petite politique constante, comme ce qu’on est en train de voir des conservateurs. »

– Justin Trudeau

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