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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

Les séries télé, une passion ou une dépendance?

Sergii Pavlovskyi - stock.adobe.
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Photo portrait de Dre Christine Grou

Dre Christine Grou

2025-01-19T22:00:00Z
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Je dois vous faire un aveu: j’adore visionner des séries télévisées, et peut-être comme beaucoup d’entre vous, il m’arrive de regarder en rafale des épisodes d’une production particulièrement captivante. Cela dit, je n’échappe pas à la question de la légitimité de ces moments passés sur le sofa, en fin de soirée. Afin de réfléchir au phénomène sans pour autant nous culpabiliser, voyons de plus près ce qui nous fascine autant dans ces séries... au point, parfois, de nous rendre accros.

À en juger par les personnes qui m’entourent, je ne suis pas seule à me passionner du sort des personnages de ces séries. Depuis l’arrivée de la télévision dans nos vies, ces productions nous ont fascinés. Mais aujourd’hui, plusieurs facteurs ont intensifié cet engouement: que l’on pense à la multiplication des plateformes numériques, la diversité des contenus disponibles dans plusieurs langues, ou à l’accès instantané à toutes ces productions.

En nous offrant un accès privilégié aux trajectoires d’une foule de personnages, les séries télé nous plongent dans des vies fictives qui sont parfois radicalement différentes de notre réalité, ou encore qui partagent plusieurs ressemblances avec celle-ci. Si cette identification psychologique est comparable à celle que l’on peut éprouver en visionnant un film, la série télévisée se distingue ici par sa durée.

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Après tout, les nombreux épisodes sont autant de moments privilégiés partagés en compagnie de nos héros favoris... ou de nos meilleurs ennemis. Nous pouvons alors apprendre à découvrir, à connaître et à mieux comprendre ces protagonistes, et parfois même les voir évoluer, au fil des saisons. Leurs grandes et leurs petites misères, leurs péripéties, voilà autant de façons de continuer à vivre celles-ci par procuration.

D’ailleurs, on peut parfois avoir l’impression que les personnages de nos séries préférées font «partie de la famille», voire «des meubles», et à plus forte raison quand les séries s’échelonnent sur une longue période. Comment alors se surprendre du choc et de la tristesse qu’éprouvent bien des téléspectateurs quand les artisans d’une production à succès décident d’y mettre fin? L’émotivité qui s’exprime est celle de gens ayant le sentiment réel qu’un ou plusieurs êtres chers ne feront plus, justement, partie de leur quotidien.

Un plaisir accessible... et tentant

Les séries télé nous offrent aussi une possibilité d’évasion et l’occasion de vivre des émotions intenses, le tout à portée de main, et avec peu d’effort: l’imaginaire, passif, se laisse emporter par les images.

L’expérience s’avère en effet moins exigeante que d’autres activités, comme la lecture par exemple. Contrairement aux romans, nous n’avons pas à nous imaginer un univers entre les lignes: dans les séries, celui-ci vient à nous par le simple truchement de nos écrans. Même chose pour les personnages, que chaque lecteur doit visualiser à sa façon en lisant un bouquin, alors que la série télévisée nous en offre une image déjà construite et déterminée. De plus, chaque épisode nous permet de nous plonger, aisément, dans le passé ou dans l’avenir, dans des périodes plus lumineuses ou sombres de notre histoire, ou encore dans des univers fantastiques.

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Ces rendez-vous télévisuels sont des invitations particulièrement tentantes, d’autant qu’on peut les vivre dans le confort de notre foyer (ce qui est, avouons-le, un avantage non négligeable en hiver). D’autant qu’après une dure journée de travail, cette pause est souvent bien méritée, permettant à nos soucis de prendre congé... du moins, le temps d’un épisode.

Une passion ou une dépendance?

Certains observateurs considèrent notre époque comme étant un véritable âge d’or de la série télé, et ce, autant en qualité qu’en quantité. Mais si l’abondance est au rendez-vous dans cet immense buffet télévisuel à volonté, une consommation excessive n’est pas pour autant souhaitable.

Vous avez le nez collé à vos écrans de plus en plus tard? Vous négligez vos proches ou mettez de côté l’activité physique pour ne rien manquer de vos séries préférées? Voilà autant de signes qui devraient vous alerter.

Le «binge-watching» excessif de séries télé peut en effet avoir des effets néfastes. En outre, l’exposition à la lumière bleue des écrans, surtout avant le coucher, peut augmenter le risque d’insomnie et diminuer la qualité du sommeil.

De plus, une consommation excessive peut favoriser la procrastination, offrant une échappatoire qui permet de repousser certains projets ou responsabilités. Enfin, un tel «binge-watching» peut contribuer à l’isolement social, certains individus venant à préférer s’immerger dans des mondes fictifs plutôt que de cultiver des relations significatives.

Une question d’équilibre

En terminant, il est essentiel de savoir distinguer un simple loisir d’une dépendance. Les séries télé peuvent être un passe-temps agréable, un moyen de relaxation, voire une passion.

En revanche, la dépendance, elle, affecte notamment la vie sociale et professionnelle, les relations interpersonnelles, ainsi que la santé. Voilà pourquoi, en matière de séries télé comme ailleurs, la modération a bien meilleur goût.

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