Et si Hitler avait survécu? L'auteur Romain Puértolas explore la question dans Ma vie sans moustache!


Karine Vilder
Quand Romain Puértolas écrit, il s’y met à 1000 % et en quatre ou cinq semaines, hop, tout est plié. Il a un roman complet à la clé ! « Par contre, il faut toujours que le sujet me passionne et que je prenne énormément de plaisir à y travailler, que ce soit presque un jeu pour moi », explique l’auteur qu’on a joint chez lui à Malaga, en Espagne.

D’un livre à l’autre, Romain Puértolas nous a ainsi habitués à des récits complètement loufoques qui ne manquent jamais de nous faire sourire. Et avec Ma vie sans moustache, son petit dernier, il a mis le paquet en partant d’un fait bien réel. En 2015, il a en effet reçu un message dans lequel une très vieille dame affirmait avoir été la cuisinière d’Adolf Hitler. D’accord, pourquoi pas. Sauf que ça se serait passé de 1945 à 1963, en Argentine. Oui, il y a de quoi sourciller parce que dans tous les manuels d’histoire, on peut lire que l’affreux bonhomme s’est suicidé dans son bunker berlinois le 30 avril 1945 aux côtés d’Eva Braun.
« Il y a des gens qui ne peuvent juste pas s’imaginer qu’un individu aussi exceptionnel qu’Hitler ait terminé sa vie avec une balle dans la tête, précise Romain Puértolas. Alors, comme d’habitude, l’être humain invente des trucs et fantasme : le Führer a forcément dû fuir en Argentine comme tant d’autres nazis, et il a dû refaire sa vie ! Même si je n’y croyais pas une seule seconde depuis le début, c’est dans cette espèce de mythe que je me suis engouffré en essayant d’être le plus objectif possible. Il y a des affaires comme ça qui sont toujours d’actualité ! »
Sur les traces d’Hitler
Ayant déjà été capitaine de police en France, Puértolas a ainsi ouvert l’enquête. Pour commencer, il apprend qu’à San Carlos de Bariloche, une ville du nord de la Patagonie, il existe bel et bien un « Nazi Tour » touristique, avec ses guides, ses maisons suspectes et ses récits troublants. Il décide alors de s’y rendre pour vérifier par lui-même. « Tout ce que j’écris dans ce livre est vrai, je le jure sur la tête d’Adolf Hitler ! » lance-t-il mi-sérieux, mi-hilare.
Sur place, les témoignages abondent. Tout le monde connaît quelqu’un qui aurait croisé l’ancien dictateur allemand ou un homme qui lui ressemblait. Amalia Sánchez-Weiss, la vieille dame du message, en a d’ailleurs très long à dire sur le sujet, parce que le gentil monsieur pour qui elle a préparé de bons petits plats pendant près de 20 ans dans les cuisines du domaine Inalco était indubitablement Hitler. Il se faisait appeler Herr Bruno Kirchner ? Normal, il cherchait à vivre incognito. Il était végétarien ? Oui, mais il aimait aussi manger de temps à autre une belle truite.
Pendant ce temps, on se régale aussi. Car Romain Puértolas nous a mitonné un savoureux récit dans lequel les frontières entre vraisemblance et invraisemblance s’estompent à la vitesse grand V !
Rire à contre-courant
Comme dans chacun de ses livres, l’humour est omniprésent. Une bonne chose puisqu’ici, il a permis de transformer un sujet potentiellement explosif en roman jubilatoire. « Je suis comme ça, dit-il. L’humour, c’est un gène qu’on a naturellement chez les Puértolas. Alors quand je me relis, je me freine en enlevant certaines blagues. Après il y a ma femme qui me lit et qui m’enlève la moitié de mes blagues, puis il y a mon éditrice qui passe et qui m’enlève la moitié de mes blagues. Mais même avec tout ça, il va encore en rester trop ! »
Et c’est tant mieux, parce que ce sont précisément ces excès qui font le charme de ses récits, jusqu’au grand final. Ma vie sans moustache se termine de fait avec l’un de ces fameux « twists marrants » dont l’auteur a le secret. « Je croyais que cette fin spectaculaire n’allait pas passer, mais mon éditrice a rigolé, ajoute-t-il. Et c’est le but : que les gens rigolent ! »
Alors juste pour savoir de quoi il en retourne, voilà un roman qui mérite de nous accompagner en vacances !
