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L'article provient de Le Journal de Montréal

«Ça m'a tellement brisé le coeur»: les plaisirs de lecture de la comédienne Karine Gonthier-Hyndman

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
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Photo portrait de Karine Vilder

Karine Vilder

2025-06-08T15:00:00Z
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Comme on peut la voir en ce moment dans le film Deux femmes en or, l’actrice Karine Gonthier-Hyndman nous parle de romans qui valent leur pesant d’or.

Dans votre bibliothèque, quel livre vaut vraiment de l’or pour vous?

Lettres à un jeune poète, de Rainer Maria Rilke, qui est probablement le seul livre que j’ai relu plusieurs fois à différentes périodes de ma vie, comme un guide ou comme un accompagnateur intime. Je ne sais pas pourquoi, mais chaque fois, ce livre m’a parlé différemment pour différentes raisons. Bon. C’est quand même un échange sur l’identité, sur la construction intérieure, sur la liberté, sur le rapport à la solitude et à la création. Il y a donc toujours eu quelque chose de réconfortant pour moi là-dedans. Ce livre rappelle aussi qu’on est maître de nos choix, qu’on ne subit pas, qu’on choisit. J’ai toujours trouvé que c’était important de s’en souvenir.

Courtoisie
Courtoisie

Qu’avez-vous lu de très bon dernièrement?

Je suis tombée dans les livres d’Emmanuelle Bayamack-Tam, qui écrit aussi sous le pseudo Rebecca Lighieri. Là, je viens de lire Si tout n’a pas péri avec mon innocence, qui met en scène une famille dysfonctionnelle. Cette histoire d’une jeune fille qui s’occupe de ses petits frères jumeaux complètement laissés à eux-mêmes, j’ai trouvé ça vraiment beau et à part.

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C’est une autrice que j’ai découverte grâce à une amie, qui m’a offert pour mes 40 ans une pile de livres, dont ceux d’Emmanuelle Bayamack-Tam. J’ai été happée par son écriture, dans laquelle il y a beaucoup de poésie. J’aime aussi le point de vue de ses personnages, qui sont en plein développement. Il y a quelque chose qui me parle dans les premières expériences. J’ai réalisé que j’étais souvent happée par des histoires de première fois, genre L’amant de Marguerite Duras (je vais y revenir!). Je trouve qu’il y a quelque chose de tellement fort dans les premières fois.

Photo fournie par Gallimard
Photo fournie par Gallimard

J’ai fait mes petites recherches, et j’ai compris que quand cette autrice écrit sous le nom d’Emmanuelle Bayamack-Tam, elle écrit intuitivement, sans nécessairement savoir où elle va se rendre. Alors que quand elle écrit sous le pseudo Rebecca Lighieri, elle écrit un synopsis et elle sait exactement ce qu’elle va faire. Généralement, c’est aussi plus sombre, plus roman noir.

Ça a été une grande découverte pour moi et je pense que je vais essayer de lire tous ses livres.

Et à part ce livre, quels romans avez-vous particulièrement aimés au cours de ces dernières années?
  • J’ai lu Duras pour la première fois l’année passée et je ne crois pas que j’aurais pu l’apprécier autant plus jeune. Elle a une musicalité incroyable dans son écriture. Elle a un style précis, une voix forte. Je parlais des premières fois tantôt et là, dans L’amant, c’est la découverte de la sensualité, de la sexualité. Cet amour impossible, ça m’a tellement parlé, ça m’a tellement brisé le cœur.
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Photo fournie par les Éditions Minuit
Photo fournie par les Éditions Minuit

  • Il est des hommes qui se perdront toujours, qui est un des romans noirs de Rebecca Lighieri. C’est l’histoire de trois enfants qui sont maltraités par leur père et qui vont migrer vers les gitans et se faire élever un peu par eux. C’est vraiment comme des personnages monstrueux, toute la laideur se retrouve en eux et il est vraiment question de leur reconstruction sociale, de leur réhabilitation dans un monde où ils sont nés défavorisés. On n’est pas loin du tragique. C’est notre conscience ou notre éducation qui fait qu’on réussit à suivre un droit chemin. Elle, elle explore ce que ça donne quand on n’a pas ces ressources intérieures parce qu’on a grandi dans un environnement violent et sans amour. J’ai trouvé que c’était presque un thriller!

Photo fournie par POL Éditeur
Photo fournie par POL Éditeur

  • Rosa Candida d’Audur Ava Ólafsdóttir. Une grande découverte pour la finesse, le minimalisme, la poésie, la douceur. Mon père m’a eue à 19 ans, et cette histoire d’un jeune homme qui quitte sa famille pour aller planter des roses dans le monastère d’une ville très lointaine m’a fait penser à lui. Il y a toujours quelque chose de fort pour moi dans la thématique des premières fois, qui me ramène à des endroits dans ma vie qui sont importants.

Photo fournie par Zulma
Photo fournie par Zulma

  • Liv Maria de Julia Kerninon, qui est un livre plein de rebondissements! C’est l’histoire d’une jeune fille qui quitte son île pour aller vivre à Berlin. Encore là, c’est une femme qui vit ses premières amours, ses premiers ébats sexuels, qui découvre aussi les possibilités du monde adulte. J’ai trouvé ça beau, bien écrit et j’ai aimé ce personnage de femme complexe qui est loin d’être parfaite.
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Photo fournie par ANNIKA PARANCE EDITEUR
Photo fournie par ANNIKA PARANCE EDITEUR

  • Une vie d’adulte de James Hyndman. Je ne peux pas faire autrement que d’en parler parce que je trouve que mon oncle écrit bien et que forcément, ça m’a touchée de rentrer dans son intimité et de lire des choses sur notre famille. Je pense que James a une voix, et j’espère qu’il va continuer à écrire.

Photo fournie par Quai no 5
Photo fournie par Quai no 5

  • Trois femmes puissantes de Marie NDiaye. C’est un livre que j’ai lu vers la fin de l’adolescence et je me rappelle que le récit de ces trois femmes m’a marquée. Mais comme c’est abstrait, je l’ai ressorti pour le relire!

Photo fournie par Gallimard
Photo fournie par Gallimard

Tous genres confondus, quel livre auriez-vous plaisir à relire un jour?

Toutes les bédés de Liv Strömquist. Elle écrit des albums féministes, sociologiques, politiques, des espèces de satyres sociales. Dans La rose la plus rouge s’épanouit, le premier album que j’ai lu d’elle, elle démonte les constructions sociales sur l’amour, sur le capitalisme, sur le couple, sur le corps des femmes... C’est vraiment acide, mais c’est très drôle et brillant. Toutes ses bédés sont sur ce ton-là. Moi, quand je l’ai découverte, je me suis mise à l’offrir à toutes mes amies, et toutes mes amies se sont mises à l’offrir à toutes leurs amies!

Photo fournie par RACKHAM
Photo fournie par RACKHAM

Dans quoi comptez-vous vous plonger prochainement?

Ma mère a fait sa thèse en littérature sur Colette. Et hier, elle est arrivée chez moi avec Moi, c’est mon corps qui pense de Colette. J’ai envie de me plonger là-dedans. Je n’ai jamais rien lu de Colette et ça fait longtemps que je veux la découvrir.

Du côté des livres pratiques, est-ce qu’il y en a un qui vous est indispensable?

J’ai un livre de tarot que j’aime beaucoup, L’art du tarot Lire les cartes pour prendre soin de soi de Vanessa DL. C’est hyper simple, hyper concret, elle nous apprend à lire le tarot. Le tarot n’est pas une religion pour moi. Mais c’est un outil que je trouve intéressant pour réfléchir, pour raisonner. Et donc ce livre est très pratique.

Avez-vous déjà passé une nuit (presque) blanche à cause d’un roman que vous ne pouviez pas lâcher?

Karoo de Steve Tesich. Quand je tournais Like-moi, c’est Marc Brunet qui m’avait dit de lire ça. Pis là, on se l’est tous passé. C’est flou dans ma mémoire, mais je me rappelle que c’est l’histoire d’un homme pourri qui s’enfonce de plus en plus dans sa propre crotte, et la fin est extrêmement punchée. Ce livre de 600 pages, je l’ai lu à une vitesse phénoménale. J’étais happée par le récit.

Photo fournie par MONSIEUR TOUSSAINT LOUVERTURE
Photo fournie par MONSIEUR TOUSSAINT LOUVERTURE

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