Entre phobies, tensions et disparitions: «Mirage», un thriller redoutable signé Camilla Läckberg et Henrik Fexeus

Pour souligner la sortie du troisième et dernier volet de la série Vincent et Mina, les Suédois Camilla Läckberg et Henrik Fexeus ont accepté de répondre à nos questions.

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Il y a quelques années, la célèbre écrivaine suédoise Camilla Lackberg et le mentaliste de renom Henrik Fexeus ont eu la riche idée d’unir leurs talents pour écrire en tandem. Résultat ? Une captivante trilogie ayant pour héros Mina Dabiri, une détective dévorée par la peur des microbes, et Vincent Walder, un brillant mentaliste assez peu doué côté relations humaines.

«Nous voulions que Mina et Vincent aient tous deux des défauts, qu’ils aient des difficultés et des problèmes, explique par courriel Camilla Lackberg. Cela dit, la phobie des microbes est celle à laquelle je m’identifie le moins. L’un de mes “trucs de party” est de lécher n’importe quoi: un téléphone, un portefeuille, n’importe quoi. Je n’ai absolument pas peur des microbes, même si mon comportement a un peu changé depuis la COVID-19.»

Quant à Vincent, il est inspiré directement d’Henrik Fexeus. «Mais dans une version un peu plus extrême, précise-t-il lui aussi par courriel. Je suis plus compétent en société et moins maladroit dans de nombreuses situations!»

Après La boîte à magie et Le culte, voici donc Mirage. Et dans ce dernier tome de la série, l’atypique duo Mina-Vincent sera encore une fois confronté à des événements assez glauques.

Danger sous la ville

Dans les entrailles du métro de Stockholm, un petit monticule d’os humains parfaitement nettoyés a en effet été découvert par un jeune artiste de rue, un émule de Banksy.

«L’idée des ossements retrouvés dans le métro était quelque chose qu’on tenait absolument à explorer, et ça s’est tout naturellement intégré dans ce troisième tome, soulignent les auteurs. Quand on a commencé à parler de Mina et Vincent, on savait qu’il y aurait trois livres, et leurs grandes lignes étaient très claires dès le début. On est de vrais geeks: on adore apprendre et faire des recherches approfondies sur toutes sortes de sujets, alors on a beaucoup appris sur les os et la décomposition des corps. On est tombés à plusieurs reprises dans un trou de lapin!»

Ça ne débouchera pas sur le pays des merveilles pour autant. Au contraire. Bientôt, d’autres restes humains seront retrouvés dans les tunnels du métro et pas besoin d’être un génie pour comprendre qu’il y a un meurtrier bien retors derrière tout ça. Qui? Ha, là est la question. Autre problème? Le ministre de la Justice, qui se trouve également à être l’ex-mari de Mina, va disparaître quelques jours après avoir reçu une très étrange carte de visite. Et ce qui ne fait aucun doute, c’est qu’il court un grave danger.

Pour le coup, dommage que Vincent ne soit pas au maximum de sa forme. Car lui aussi a des soucis: les lettres de menaces qu’on lui envoie depuis quelque temps deviennent de plus en plus inquiétantes...

Boucler la boucle

L’histoire, qui compte plus de 600 pages, est très dense. «On s’est d’abord rencontrés pour discuter des chapitres, puis on se les est répartis avant de rentrer chacun chez soi pour les écrire, indiquent Läckberg et Fexeus. On s’est ensuite échangé les textes, on les a corrigés et réécrits, on les a échangés à nouveau, puis on les a réécrits une autre fois. Il était important pour nous de mettre notre ego de côté et de laisser la meilleure idée triompher quoi qu’il arrive. Comme on se connaît depuis longtemps, on pouvait se permettre d’être francs l’un envers l’autre, ce qui a facilité le processus.»

Avec ce troisième et dernier tome, le plus dur pour eux a donc été de dire au revoir aux personnages et au travail en binôme. «On a pris tellement de plaisir à écrire cette trilogie, qu’on a tous les deux ressenti une certaine angoisse de séparation, glissent-ils. L’autre défi a aussi été de boucler les derniers détails et de faire en sorte que les lecteurs comprennent bien tout ce qui a été suggéré et évoqué dans les deux premiers livres. Ce qui comptait le plus pour nous, c’était d’écrire une histoire palpitante et captivante, avec un bon rythme et de nombreux rebondissements.» Mission réussie!

Et après? «Étant tous deux auteurs depuis très longtemps, on sait qu’il ne faut jamais dire jamais, concluent-ils. Mais pour l’instant, on est satisfaits des trois tomes existants sur Mina et Vincent.»

Mirage
Camilla Läckberg et Henrik Fexeus
Éditions Actes Sud
638 pages