Josée Ouimet décrit comment les scientifiques qui travaillaient dans un laboratoire secret de Montréal se sont sentis floués, à la fin de la Seconde Guerre mondiale
Dernier tome de la série «Un vent d'orage»


Marie-France Bornais
Romancière prolifique, très intéressée par des pans méconnus de l’Histoire, Josée Ouimet présente le troisième et dernier tome de la série Un vent d’orage, qui raconte le parcours de femmes engagées dans un laboratoire secret de Montréal pour faire des calculs compliqués, pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous sommes en 1945. La guerre va-t-elle se terminer un jour? Et de quelle façon? Quelles en seront les conséquences sur la vie d’Alice, l’héroïne de la série?

À l’aube de l’année 1945, la guerre s’étire et ses conséquences dévastatrices sont ressenties partout dans le monde. Alice se trouve toujours à Montréal, où elle travaille comme calculatrice dans un laboratoire. Le climat est lourd et tout le monde se méfie des espions qui s’infiltrent un peu partout.
Alice a perdu de son enthousiasme et trouve son emploi routinier. Sa relation avec son amie Deborah est en dents de scie et Frédéric, dont elle est amoureuse, a disparu sans laisser de traces.
Alice, en quête d’amour
Elle est dans une période charnière de sa vie. «Dans le troisième tome, on retrouve Alice qui travaille comme calculatrice. La passion qu’elle avait pour les mathématiques se change en travail coutumier, quotidien», résume Josée Ouimet, en entrevue.
On suit aussi Alice dans sa quête d'amour, de passion. «C’est une fille pragmatique qui a de la difficulté à reconnaître ses sentiments et surtout de la difficulté à se laisser aller dans une passion, car elle a besoin de contrôle.»
«Alice est à la fois un peu désabusée et ne voit pas son avenir. Avec la fin de la guerre, qu’est-ce qui va arriver aux calculatrices? Est-ce qu’elle va être obligée de retourner enseigner? Elle a besoin d’aller plus loin que ça», commente l’autrice.
Un résultat terrifiant
Josée Ouimet explique que tous les scientifiques qui ont travaillé sur le projet secret se sont sentis floués, Alice y compris. «Dans la réalité, quand ils ont appris que ce sur quoi ils avaient travaillé avait probablement servi à tuer des gens, c’était l’horreur.»
«L’histoire du laboratoire secret de Montréal s’est soldée par une queue de poisson. Tous ceux qui se sont investis là-dedans n’ont pas réussi à créer l’énergie nouvelle qui aurait pu servir à remettre sur pied l’Europe et surtout, à éliminer le charbon. Une énergie nouvelle propre.» Les calculs servaient en réalité à élaborer la bombe atomique.
«La grande Histoire nous amène à comprendre que les gens qui ont travaillé au laboratoire avaient une volonté de finir la guerre, peut-être. Mais pas de cette façon-là. C’est avec Truman que tout a changé.»
Josée Ouimet rappelle qu’il y a quand même eu du bon. «Si on va passer des tests pour le cœur, ces temps-ci, et que ça prend des isotopes, eh bien, c’est le laboratoire secret de Montréal qui a découvert ça.»
Des secrets bien cachés
L’écrivaine retient, des trois tomes de la saga Un vent d’orage, que le travail des femmes est encore ignoré. Et que dans nos petites villes et dans nos petits villages, il y a encore des secrets bien cachés.
«Ça s’intègre aussi dans tout ce que Churchill a fait comme opérations pour sauver l’Angleterre. On est, quelque part, liés, dans toutes nos réalisations pendant la guerre, avec le besoin de sauver l’Angleterre. Ça m’a marquée.»
Un vent d’orage, tome 3 : La fin d’un monde
Josée Ouimet
Éditions Hurtubise
296 pages
- Josée Ouimet a publié plus de 60 ouvrages, tant pour les adultes que pour les jeunes.
- Ses sagas historiques ont captivé des milliers de lectrices et de lecteurs.
- On lui doit La Marche des nuages, La faute des autres, Dans le secret des voûtes et L’inconnu du presbytère.
- Elle travaille sur sa prochaine série, dont le premier tome paraîtra cet automne.
«L’année 1944 s’était terminée dans l’attente d’une victoire des Alliés sur les armées allemandes qui, après avoir perdu la France et la Belgique, se retranchaient maintenant dans les Pays-Bas qu’ils continuaient d’occuper.
-Voilà maintenant que les Japonais envoient des bombes au-dessus du Canada! Certaines ont été retrouvées entre la côte Ouest et le Manitoba! Il ne manquait plus que ça!
En effet, le Japon mettait en œuvre un projet nommé Fugo consistant à envoyer des ballons-bombes au-dessus de l’Amérique du Nord.»
- Josée Ouimet, Un vent d’orage, tome 3 : La fin d’un monde, Éditions Hurtubise
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