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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

Pourquoi nos croyances ont tant de prise sur nous

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Photo portrait de Dr François Richer

Dr François Richer

2024-10-12T16:00:00Z
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Croire est un sentiment utile pour s’expliquer des choses intuitivement. Mais certaines croyances ont une emprise émotionnelle sur nous qui nous empêche de considérer d’autres possibilités qui pourraient être plus valides.

Croire c’est avoir l’impression qu’une idée est valide. C’est un sentiment de confiance ou de certitude qui accompagne nos pensées ou nos souvenirs. Croire sert à expliquer ce qui se passe quand nous n’avons pas toutes les informations. Si un biscuit se retrouve par terre quand nous revenons dans la cuisine, notre expérience peut nous aider à conclure que notre chat est responsable.

Parfois, notre certitude est reliée à la qualité des informations (ex. : il pleut sur ma tête même si j’étais certain qu’il ne pleuvrait pas). Parfois, nous devons nous fier à des probabilités intuitives basées sur notre expérience.

À d’autres moments, nous nous fions à des sources qui nous inspirent confiance (nos proches, des experts...). Durant notre enfance, nous avons appris à faire confiance aux certitudes de nos parents et à celles de figures d’autorité. Certaines personnes font facilement confiance aux autres et peuvent se laisser influencer par des personnes très sûres d’elles ou par des manipulateurs.

Par contre, certaines personnes sont parfois trop certaines de leur point de vue, soit parce qu’elles ont un excès d’assurance (ma première intuition est généralement bonne) ou parce qu’elles ont besoin de s’agripper à certaines intuitions qui confirment leur vision et leurs émotions (ex. : les élections ont sûrement été truquées parce que nous sommes dans une lutte sans merci).

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Depuis notre enfance, plusieurs de nos certitudes ont acquis une valeur émotionnelle parce qu’elles rendent notre monde moins imprévisible et moins stressant.

Croire nous rassure

L’incertitude peut être stressante. Notre besoin d’être sûr peut augmenter nos préoccupations (nos idées intrusives) sur un thème.

Certains tolèrent mal l’incertitude. Chez les personnes obsessives, l’incertitude et le doute augmentent leurs idées intrusives et créent souvent une grande anxiété. Leur besoin de prévisibilité est très élevé. Chez plusieurs autistes, les situations incertaines peuvent déclencher autant d’anxiété que les situations inattendues comme les changements de routine.

Croire est souvent rassurant. Quand nous sommes stressés, nous avons tendance à sauter aux conclusions, à juger rapidement en ignorant les parties incertaines et les nuances dans plusieurs situations.

Croire sert parfois à se réconforter. Certains confortent leur estime en prenant une position ferme pour cacher leur hésitation ou leur ignorance.

Croire est un sentiment fiable pour la majorité de nos idées, mais parfois, c’est une illusion, un sentiment non valide.

Le lendemain d’une fête bien arrosée, certaines personnes croient pendant plusieurs heures que leur vie ne contient que du négatif.

Des liens là où il n’y en a pas

Certaines personnes croient facilement à des choses peu plausibles, voire magiques. Elles peuvent croire que des événements aléatoires sont liés ou sont des signes qui ont une signification spéciale. Certaines sont portées à croire à des influences cachées ou des complots.

Les délires sont des croyances qui ont une emprise extrême. Pour certains, le cannabis peut provoquer des idées paranoïaques qui sont convaincantes. Une dose de psychédélique peut parfois nous convaincre pendant plusieurs jours que nous pouvons lire les pensées des autres.

Chez les personnes qui vivent des délires intenses (démence, schizophrénie), leurs croyances ont parfois une telle emprise sur elles qu’il est très difficile de les calmer.

Accepter l’incertitude et apprendre à douter

Notre cerveau n’est pas très doué pour l’auto-observation et l’autocritique. Cependant, nous pouvons apprendre à réduire nos inquiétudes sur tout ce qui nous surprend et à sauter moins vite aux conclusions.

De plus, étant donné que nous sommes tous sujets aux biais et aux fausses croyances, nous avons tous intérêt à nous entraîner à douter de nos croyances, à considérer plusieurs explications et à accepter de changer d’opinion.

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