Quand le rôle de victime nuit aux relations de couple

Dr François Richer
Exprimer ses insatisfactions fait partie de la vie de couple, mais la manière de les aborder change tout. Se poser en victime est un réflexe naturel, mais seule l’envie de travailler en commun peut faire fondre les insatisfactions.
«Tu veux toujours faire les choses à ta façon», «Tu ne vois pas tout ce que je fais», «On dirait que je ne compte pas pour toi».
Nos relations intimes sont un refuge où nous nous attendons à être soutenus, réconfortés et validés. Cependant, nous surestimons souvent la capacité de notre partenaire à reconnaître et à combler nos besoins et notre capacité à faire de même.
À certains moments, nos insatisfactions nous envahissent. Nous avons le sentiment de manquer d’attention, de réconfort ou de soutien. Nous devenons plaignards, bougons ou exigeants. Nous sommes moins disponibles, aimables ou attentifs qu’à l’habitude. C’est comme si notre cerveau d’enfant refaisait surface. Nous devenons moins empathiques, moins conciliants et plus critiques. Nous nous permettons des commentaires plus durs, mais nous sommes moins tolérants face à ceux de l’autre. En plus, nous sommes moins portés à faire des efforts, car nous nous percevons comme une victime.
Le rôle de victime
En théorie, exprimer une demande ou une insatisfaction sert à éveiller l’empathie de notre partenaire pour combler l’un de nos besoins.
Cependant, les plaintes exprimées avec peu de tact et beaucoup de frustration envoient aussi des messages négatifs, des jugements, critiques ou accusations qui nous donnent un rôle de victime et donnent à l’autre le rôle de responsable.
Ces messages négatifs peuvent réduire l’empathie du partenaire et son sentiment d’être apprécié.
En plus, quand la victime se sent incomprise, ses plaintes peuvent devenir plus insistantes, conduisant souvent à une plus grande fermeture du partenaire, ce qui engendre de l’insécurité émotionnelle et des conflits.
Reconnaître les deux victimes
Dans les situations d’insatisfaction, nos interprétations deviennent biaisées et nous voyons surtout notre souffrance, nos efforts et les lacunes de l’autre.
Cependant, pour les observateurs externes, il y a presque toujours deux victimes, deux responsables et deux sauveurs potentiels.
Les deux partenaires ont un pouvoir d’agir. Ils peuvent envenimer la situation par des demandes répétées ou des paroles mal choisies.
Ils peuvent attendre passivement des changements qui ne viendront probablement pas parce que nos émotions prennent trop de place.
Finalement, les deux partenaires peuvent aussi choisir de travailler ensemble et de s’entraider pour sortir de leur dynamique de sabotage de la relation.
Maîtriser la souffrance
Il faut en priorité que les partenaires s’entraident pour réduire leur souffrance:
- Diminuer les sources de stress et la dramatisation des situations;
- Réduire notre dépendance envers l’autre en multipliant nos sources de réconfort;
- Réduire nos reproches et accusations en les remplaçant par un langage rassurant et enthousiaste;
- Esquiver les flèches de l’autre en les classant comme des erreurs ou des pertes de contrôle passagères;
- Éviter les interprétations négatives des demandes.
Nourrir l’estime et la satisfaction
Il faut aussi que les partenaires s’entraident pour aborder la satisfaction de chacun comme un projet prioritaire avec des objectifs clairs et un partage du travail selon les talents de chacun:
- Augmenter les compliments;
- Augmenter les marques de respect et de reconnaissance;
- Augmenter les occasions de plaisir et de fierté;
- Souligner nos satisfactions et notre appréciation de ce qui fonctionne.