Meurtre de Maureen Breau: les policiers mal formés pour intervenir en cas de crise?
Patricia Hélie | TVA Nouvelles
La formation «Réponse à un état mental perturbé» (REMP), qui préconise que les policiers utilisent le dialogue et non l’usage de la force dans certaines situations, aurait pu être une «ceinture de sécurité» lors de l’intervention qui a couté la vie à la policière Maureen Breau, a témoigné vendredi l’un des concepteurs lors des audiences de l’enquête du coroner.
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Le soir du 27 mars 2023, si les quatre policiers qui se sont rendus chez Isaac Brouillard Lessard à Louiseville avaient eu la formation «Réponse à un état mental perturbé» (REMP), Maureen Breau serait-elle encore vivante?
Personne ne peut répondre avec certitude, mais pour un de ceux qui a passé des mois à concevoir cette formation, ça aurait «peut-être été une ceinture de sécurité», selon son expression.
Cette formation a une philosophie complètement différente de toutes les formations en usage de la force qui sont dispensées aux policiers de la Sûreté du Québec. Elle priorise le dialogue, de prendre un pas de recul et désamorcer la situation sans recours à la force.
Elle n'est toutefois pas obligatoire.
Aujourd'hui moins de 50 % des patrouilleurs ont reçu cette formation. Et encore, on ne sait pas s'ils sont tous en patrouille. En mars 2023, c'était 30 %.
Selon le témoignage du sergent Dominique Éthier, ceux qui sont formés REMP se heurtent souvent à d'autres qui ne comprennent pas qu'elle aille à l'encontre de tout ce qu'ils ont appris en usage de la force. Des supérieurs auraient même déjà ordonné de ne pas utiliser ces méthodes, et ce, par méconnaissance du programme.
Pour qu'elle soit efficace, la formation REMP devrait être enseignée à tous les policiers, qu'ils soient patrouilleurs ou inspecteur-chef. Et c'est avec beaucoup d'émotion que le sergent Éthier a affirmé ne plus s'occuper de cette formation. «C'est un projet de vie, a-t-il dit. On a travaillé fort. Et accepter les discordances a été très difficile.»
Mais pourquoi n'est-elle pas obligatoire? L'Association des policières et policiers provinciaux du Québec (APPQ) souhaite que le législateur se prononce en ce sens.
«De forcer les organisations policières avec un nombre d'heures minimale de formation, ça va être selon moi, un passage obligé», a réagi le président, Jacques Painchaud. «Je comprends ce qui est dit, mais il va falloir qu'il y ait des actes concrets par-dessus ça.»
Selon la responsable de la formation à la Sûreté du Québec, Mme Marie Pintal, tout le monde aura reçu la formation REMP d'ici le 31 décembre 2025, ainsi que la nouvelle formation «Maintien des compétences en intervention policière».
Jacques Painchaud a un doute. «On a un problème de ressources, d'effectifs, d'instructeurs. On peut faire la proposition qu'on voit actuellement, mais pour moi, [pour] les échéances, les objectifs qui doivent être atteints, on va avoir besoin d'aide.»
Les audiences reprendront lundi.
