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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

«Reste avec nous Maureen»

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Anne-Marie Lemay

2024-03-13T23:33:54Z
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Trois policiers unis par une tragédie, la mort de leur consoeur Maureen Breau, ont témoigné mercredi dans l'enquête publique de la coroner sur ce décès.

Les agents du poste de Louiseville ont plongé au cœur de l'intervention fatidique du 27 mars 2023, faisant revivre minute par minute aux familles le moment où leurs proches ont perdu la vie.

Dernière à témoigner, la policière Frédérique Poitras a éclaté en larmes dès le début du témoignage, avouant être en arrêt de travail depuis l'événement. Le policier Constant Perreault a dit qu'il était pour lui stressant et difficile de se replonger dans ses souvenirs «qui ne sont pas beaux».

Le premier policier à témoigner mercredi était William Berrouard. Il s'était rendu chez Isaac Brouillard Lessard trois jours avant le drame, découvrant qu'il a des armes blanches et des antécédents de voies de fait. Lorsqu'il vient pour l'arrêter le 27 mars, l'agent se dit sur ses gardes, mais a l'impression d'avoir développé un certain lien avec lui. «Je n'avais aucune information qui me disait qu'il pouvait s'en prendre avec une arme à nous.» La coroner Kamel demande: «Diriez-vous que l'intervention que vous avez faite avec lui le 24 mars vous donne une fausse assurance pour le 27 mars?» Et le policier Berrouard répond: «Possiblement, possiblement.»

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Au moment où le suspect ouvre sa porte, un nuage d'odeur de cannabis et le changement d'humeur de Brouillard Lessard surprennent le policier. Berrouard est convaincu qu'il referme la porte et pense à ce moment quitter avec ses collègues. Il raconte qu'en une seconde, le prévenu le frappe à la tête avec un couteau. Le policier raconte avoir eu peur de mourir. «Je sens que c'est la fin, ça va finir ici», se remémore-t-il avec émotions. Il aperçoit finalement un matelas derrière lequel se barricader.

Pour sa part, l'agent Perreault a battu en retraite dès qu'il a vu Brouillard Lessard reculer pour prendre un objet, mais sans avertir verbalement ses collègues d'un danger. «J'y pense tous les jours. J'aurais pu dire de quoi», a-t-il avoué.

Maureen Breau, qui était en retrait au bas des marches, monte alors en renfort sans se douter de la présence du couteau. Constant Perreault raconte le moment où il a vu sa collègue être poignardée : «L'attaque au couteau, c'est violent, c'est sournois, c'est sanglant, puis c'est vraiment pas beau.»

Lui et la policière Poitras ont finalement abattu Isaac Brouillard Lessard.

«Reste avec nous Maureen» est l'une des phrases répétées par Berrouard, alors que les trois collègues attendent, pendant un moment qui leur semble interminable, l'ambulance.

La coroner a mentionné à plusieurs reprises que si ses questions sont parfois corsées à l'endroit des policiers, elle ne les vise pas, seulement à prévenir un autre drame.

Les audiences se poursuivent jeudi.

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