Santé mentale: prévoir l'imprévisible pour les aspirants policiers
Patricia Hélie | TVA Nouvelles
Sur les terrains de l'école nationale de police du Québec (ÉNPQ) à Nicolet, un itinérant se parle à voix haute. Deux aspirants policiers s'approchent et tentent de savoir qui il est, mais l'homme ne semble même pas remarquer leur présence.
L'homme est un comédien et les aspirants policiers participent à une simulation dans le cadre du cours «itinérance et santé mentale». Outre sa non-collaboration, celui-ci traîne deux sacs de poubelle noirs, un élément qui les inquiète. «Qu'est-ce qu'il y a dans ses sacs ? Est-ce qu'il pourrait y avoir des objets (dangereux)?», s’est questionné l'aspirant Jean-Michel Morin.
C'est leur première simulation en santé mentale, et entre la théorie et la pratique, il y a un tout un monde, a avoué l'aspirant Isaac Bigras. «La pratique, tu as bien des choses à penser en même temps. Ben des concepts à appliquer pis ça tourne vite dans ta tête!»
C'est sans compter que le lien qu'ils créeront finalement avec Mr Paul n'est pas garant de l'avenir. «Une journée, tu te dis, j'ai un bon lien de confiance avec, pis le lendemain, finalement, ça marche pas du tout», a fait remarquer l'aspirant Morin.
C'est justement ce qui s'est produit avec Isaac Brouillard Lessard à Louiseville en mars dernier. Le vendredi, il avait un bon contact avec les policiers, mais rendu au lundi, il les attaquait.
La mort de la sergente Maureen Breau est d'ailleurs maintenant toujours à l'esprit des policiers et aspirants policiers. «C'est sûr que je ne veux pas trop m'approcher de la personne. J'ai tout le temps tendance à vouloir rester en retrait, très méfiant des mains de la personne», a confié l'aspirant Morin.
Même sentiment pour l'instructrice Judith Ouimet, sergente à la police municipale de Terrebonne. «Oui, les policiers, ont doit être plus conscients et quand on intervient, c'est d'avoir toujours ce risque-là en tête.»
La direction de l'ÉNPQ attend avec impatience les recommandations de la coroner Géhane Kamel sur le drame qui a coûté la vie à sergente Breau, mais verrait d'un très bon oeil l'obligation d'une formation continue en santé mentale.