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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

«L'événement qui nous a enlevé Maureen»

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Anne-Marie Lemay

2024-03-13T00:00:57Z
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C'est la gorge nouée que la sergente Julie Grimard, responsable du poste de Louiseville, a raconté les événements du 27 mars 2023, jour où sa collègue Maureen Breau a perdu la vie. Elle a témoigné avec quatre autres policiers au cours de la journée, mardi, dans le cadre de l'enquête publique du coroner sur ce décès.

Mme Grimard était chez elle quand ses collègues l'ont avertie que deux d'entre eux avaient été blessés lors d'une intervention. «J'ai eu un frisson jusqu'au bout des orteils. C'était inconcevable», a-t-elle confié avec émotions, racontant le moment où elle a appris que l'état de Maureen était critique. «Maureen était une bonne superviseure, une mère de famille qui allait partir en congé différé avec sa famille. Je ne pouvais pas concevoir que ce soir-là, un individu avait décidé que ça n'allait pas être comme ça que ça allait se passer.»

La sergente Grimard a témoigné pendant plus de deux heures pour répondre aux questions de la coroner et des avocats sur le fonctionnement du poste de police de Louiseville et de son travail. Pour démontrer que la publication de la circulaire sur Isaac Brouillard-Lessard était chose commune, elle a indiqué: «Je pourrais vous tapisser un mur de gens qui sont violents et ont un état de santé mental perturbé à Louiseville.» Elle a noté une augmentation du nombre de dossiers rédigés pour son poste à propos de cas d'état mental perturbé: 180 en 2023, comparativement à 158 en 2022 et à 131 en 2021.

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Échanges d'informations difficiles

L'avant-midi a été marqué par le récit de deux policiers à propos de l'intervention dans l'appartement d'Isaac Brouillard-Lessard trois jours avant le drame. En entendant la policière de la Sûreté du Québec Sabrina Fortin avouer qu'elle n'avait pas en main certaines informations concernant l'homme à ce moment-là, la coroner Géhane Kamel a dit: «Même si on l'a échappé, j'aime mieux entendre ça. Ultimement, on fait ça pour Maureen, pour vous et vos collègues de travail», en la remerciant pour sa transparence.

La policière Fortin n'a pas indiqué dans son rapport qu'elle et ses collègues ont vu un sabre parmi les armes blanches qui se trouvaient dans l'appartement, puisque «ça fait partie du quotidien» des patrouilleurs, selon elle. «Je comprends, mais c'est choquant.», a répliqué Mme Kamel. Cette dernière s'est dite dépassée par un partage partiel des informations sur la dangerosité potentielle de Brouillard-Lessard lors de l'intervention du 24 mars. «Ce soir-là, l'un de vous autres aurait pu être Maureen, parce que la communication n'est pas là.»

Le ton était tout autre lors du témoignage de l'agent Dave Paquin, policier de Victoriaville qui a pris la déposition de l'oncle d'Isaac Brouillard-Lessard menant à l'arrestation du 27 mars. La coroner l'a félicité d'avoir fait de nombreuses vérifications pour évaluer le cas avant de transmettre la demande d'assistance à l'équipe de Louiseville. «J'ai l'impression que si j'étais une famille mal prise, mon appel téléphonique résonnerait chez vous. Et ça, je vous en remercie.»

La CETM?

«Connaissez-vous la Commission d'examen des troubles mentaux?», a été la question posée à tous les policiers interrogés lors des audiences. Sur 8 agents, depuis lundi, une seule connaissait la CETM et les pouvoirs policiers en cas de bris de ses conditions d'ordonnance. Isaac Brouillard-Lessard avait notamment comme conditions de ne pas troubler la paix. Sachant qu'il avait envoyé plus de 400 textos haineux à sa mère 72 heures avant le drame, Géhane Kamel a nommé comme un problème la méconnaissance des policiers de la CETM. Elle promet que l'une de ses recommandations visera une formation sur la CETM pour les agents de la Sûreté du Québec.

Mercredi sera le moment de plonger au cœur des événements fatidiques: ce sera au tour des trois policiers qui étaient sur place lors de l'intervention avec Maureen Breau de témoigner.

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