Meurtre de Maureen Breau: l'Ontario en avance sur le Québec en psychiatrie légale
Patricia Hélie
Le Québec aurait intérêt à s'inspirer de ce qu'il se fait en Ontario. C'est ce qui ressort des témoignages entendus mercredi au palais de justice de Trois-Rivières à l'enquête publique sur les décès de la policière Maureen Breau et d'Isaac Brouillard Lessard, survenus à Louiseville le 27 mars 2023.
Le chef du département de psychiatrie à l'Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel, le Dr Mathieu Dufour, a travaillé pendant quelques années en Ontario. Il a constaté que le nombre de prévenus qui sont reconnus non-criminellement responsables est deux fois plus élevé au Québec que chez nos voisins ontariens.
Une réalité qu'il attribue possiblement à la difficulté à obtenir des soins en santé mentale au Québec. «Ici, c'est utilisé pour avoir accès aux soins parce que [la loi] P-38 est trop difficile à appliquer», a-t-il mentionné devant la coroner Géhane Kamel.
L'Ontario possède aussi un tribunal spécialisé en santé mentale et le nombre d'établissements spécialisés en psychiatrie légale y est quatre fois moins élevé qu'au Québec, ce qui leur permet de travailler en réseau. Les psychiatres de ces établissements se rencontrent aux deux mois et les cas problématiques peuvent être discutés. Chaque patient a un gestionnaire de cas qui fait le lien entre la justice, la santé et la sécurité publique et s'assure que l'information circule.
Par ailleurs, la présidente de l'Association des médecins psychiatres du Québec, Dre Claire Gamache, admet faire face à un enjeu de formation. Par manque de psychiatres légaux, ce sont souvent des psychiatres généralistes qui font le suivi des patients liés à la commission d'examen des troubles mentaux et qui font les évaluations de dangerosité. Pourtant, ils ne connaissent souvent pas les outils accessibles comme la HCR-20, qui est l'instrument d'évaluation du risque de violence le plus complet.