Massacre à la tronçonneuse

Les arbres sont essentiels à la vie sur terre puisqu’ils produisent l’oxygène que nous et tous les animaux respirons, et ils constituent assurément notre meilleure arme pour contrer les effets des changements climatiques, car ils sont de véritables filtres et pompes à gaz carbonique. Cet article constitue un véritable plaidoyer pour que cesse le massacre de nos forêts urbaines.

Comme certains d’entre vous, je suis malheureusement régulièrement témoin de l’abattage d’arbres urbains. Par exemple, une étude du U.S. Forest Service a déterminé qu’environ 36 millions d’arbres urbains sont coupés chaque année aux États-Unis. Non seulement ce phénomène m’attriste-t-il, mais il me met carrément en colère puisque dans plusieurs cas, l’abattage de ces arbres pourrait tout simplement être évité grâce à quelques précautions toutes simples.

Entrepreneurs irrespectueux

Il est choquant de constater que plusieurs entrepreneurs en construction manquent de connaissances et de respect pour les arbres situés autour des maisons qu’ils rénovent ou qu’ils bâtissent. Ils ne sont pas les seuls puisque certains entrepreneurs paysagistes et entrepreneurs en déneigement ont également assez peu de considération pour les arbres existants. Ainsi, il est effarant de voir la quantité d’arbres qui sont blessés chaque année à la suite de travaux de tonte de pelouse ou de déneigement.

Le dépérissement et la mort des arbres sont directement liés au passage répété de la machinerie lourde. Cela provoque la compaction du sol autour des arbres, ce qui a pour effet d’écraser leurs racines et de les asphyxier. Les blessures du tronc causées par la machinerie qui gravite autour des résidences en rénovation ou en construction sont une autre cause importante de la mort des arbres urbains. Mais il y a pire: certains entrepreneurs éliminent carrément les arbres existants, contrevenant ainsi aux règlements municipaux, préférant payer une amende et obtenir un terrain complètement dégagé pour faciliter l’avancement des travaux.

Périmètre de protection

Durant la construction ou la rénovation de votre maison, vous rencontrerez fort probablement des difficultés à convaincre l’entrepreneur chargé des travaux qu’il doit faire bien attention aux arbres existants. Toutefois, un entrepreneur consciencieux et faisant preuve de professionnalisme saura composer avec les arbres existants. Il prendra soin de protéger leur tronc pour éviter les blessures et il établira un périmètre de protection en installant une clôture autour des arbres les plus vulnérables. D’ailleurs, plusieurs municipalités comme celle que j’habite rendent obligatoire l’installation d’un périmètre de protection autour des arbres lorsque des travaux sont effectués.

Malheureusement, il est très difficile, voire parfois presque impossible, de conserver les arbres qui sont situés à moins de 3 mètres des fondations d’une nouvelle maison ou d’une maison existante dont les fondations doivent être réparées. Lors du creusage, leurs racines seront probablement brisées au point de les faire mourir. Cependant, s'ils ne sont pas trop gros, on peut tenter de les transplanter à l’aide d’une machine appelée motteuse, spécialement conçue à cette fin.

Conseils pour protéger les arbres durant des travaux

Voici quelques conseils pour les propriétaires de maisons en rénovation ou en construction ainsi que pour les fonctionnaires municipaux responsables des travaux publics et du service d’arboriculture. Les techniques proposées ici sont faciles à appliquer et permettront d’éviter le massacre inutile de nombreux arbres.

1. Ne relevez pas le niveau du sol à la base des arbres

Le collet d’un arbre – c’est-à-dire l’endroit où les racines se fixent au tronc – est une partie très sensible. Lorsqu’on enfouit leur collet sous la terre, certaines espèces d’arbres sont affectées au point d’en mourir. Ainsi, il faut à tout prix éviter d’entreposer de la terre ou d’autres matériaux lourds à la base des arbres.

2. Mettez du paillis à la base des arbres

Lorsque de la machinerie doit absolument circuler de façon répétée sous un arbre – et qu’aucun autre chemin ne peut être emprunté –, il faut recouvrir le sol avec un matériau qui empêchera la compaction du sol et des racines. Une couche d’une épaisseur de 15 à 20 cm de paillis composé d’écorce d’arbres (paillis de cèdre, par exemple) ou de bois raméal fragmenté constitue le matériau idéal.

3. Protégez le tronc

Pour éviter que le tronc des arbres soit endommagé par la machinerie, il est préférable de l’entourer sur une hauteur minimale de 2 mètres avec d’épais morceaux de bois ceinturés par du fil métallique.

4. Créez un périmètre de sécurité

Lorsque de la machinerie doit circuler près des arbres, il est souhaitable de créer un périmètre de protection en installant une solide clôture en bois à l’extrémité de la couronne de feuilles ou, au pire, à une distance minimale de 4 mètres du tronc. Cela évite que le sol soit compacté par le passage répété de la machinerie empêchant ainsi que les racines des arbres soient écrasées, blessées et asphyxiées. N’hésitez pas à installer sur la clôture un écriteau indiquant que tout dommage à l’arbre protégé sera passible d’une amende. Précisez également ce fait dans le contrat qui vous lie à l’entrepreneur qui rénove ou construit votre maison.

Un arbre, ça coûte cher!

Remplacer un arbre mature qui est mort coûte très cher. Par exemple, en incluant l’abattage de l’arbre mort, l’essouchage, la machinerie et la main-d’œuvre nécessaire à la plantation d’un arbre neuf, le terreau ainsi que le coût du nouvel arbre lui-même, cela peut représenter plus de 5000$! Et tout cela pour se retrouver avec un petit arbre dont le tronc ne fera guère plus de 40 ou 50 mm de diamètre et qui mettra probablement quelques décennies à atteindre la maturité de l’ancien spécimen...

Pour obtenir des conseils sur la transplantation et sur la protection des arbres existants lors de travaux de construction ou de rénovation, n’hésitez pas à faire appel à un arboriculteur professionnel qui est membre de la Société internationale d’arboriculture, en cliquant au www.siaq.org.