Dans la tête d'un géant de l'histoire de l'art
Samedi 5 juillet 17 h, Télé-Québec
Julie Loiselle
Le nom de Pablo Picasso évoque instantanément des formes colorées, des visages déstructurés et une grande audace. Mais que savons-nous vraiment de l’homme qui a créé ces toiles mondialement célèbres? Ce documentaire dresse un portrait de l’artiste, ouvrant les portes sur sa vie intime, de ses blessures profondes à ses amours complexes, en passant par ses obsessions.
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Les téléspectateurs sont invités à parcourir les étapes clés de sa vie, de son enfance dans les années 1880, en Espagne, jusqu’à sa mort en 1973, en France. On apprend notamment qu’à la différence de bien des jeunes de son époque, Picasso est encouragé très tôt par ses parents à suivre la voie des arts. Il faut dire que son talent est exceptionnel! À l’école, plusieurs enseignants se montrent indulgents en raison de ses dons: on le laisse même croquer sur le vif un pigeon qui s’est introduit en classe. Déjà, le petit Pablo est perçu comme un génie. Et son entourage avait raison d’y croire: il est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands peintres de tous les temps.
Un enfant troublé
L’Espagnol grandit dans la période postimpressionniste, un courant porté par des peintres comme Vincent Van Gogh. Désormais, on ne cherche plus à représenter fidèlement la réalité, mais plutôt à l’interpréter. Le jeune Picasso saisit vite cette liberté artistique. Très tôt, il sort du cadre en illustrant des ânes et des chiens d’un seul trait continu, de la tête à la queue. À seulement huit ans, il peint notamment Le petit picador jaune, une œuvre étonnante de maturité. Pablo est promis au succès, mais un drame tout assombrit tout: sa jeune sœur est gravement malade. Espérant la sauver, il fait un sacrifice: il cesse de peindre, promettant à Dieu que ce sera ainsi tant qu’elle sera épargnée. À son décès, en 1895, Picasso est bouleversé. Il ne sera plus jamais le même et portera cette douleur jusqu’à la fin de sa vie.
Des relations tourmentées
Après le survol de l’enfance de l’artiste, le documentaire s’attarde sur les grandes étapes de sa vie d’adulte. Un autre drame le frappe au début de sa vingtaine, en 1901: son ami le peintre Carles Casagemas se suicide à la suite d’une peine d’amour. Cet événement marque profondément Picasso et déclenche chez lui sa fameuse période bleue, la plus sombre de son œuvre, dominée par des toiles mélancoliques comme Le vieux guitariste.
Il est aussi question de ses relations amoureuses multiples, souvent tourmentées. Fernande, Olga, Dora, Françoise, Jacqueline... Elles ont toutes influencé son style, chacune à sa manière. Sa première flamme, Fernande Olivier, aurait même contribué à faire naître la période rose, plus légère et colorée, où il peint de nombreux artistes de cirque... et beaucoup de corps féminins. Une ancienne modèle témoigne d’ailleurs à la caméra de son expérience avec le virtuose.
Processus créatifs
Picasso ou le génie hors norme laisse aussi beaucoup de place à l’analyse de ses tableaux les plus marquants. Sa période cubiste, la plus emblématique, est brillamment vulgarisée. On entend notamment un grand fan de ce style, l’acteur britannique Richard Attenborough: «Ceux qui prétendent que ce que Picasso faisait était sobre et élémentaire sont des ignorants. Des prétentieux! Ils ne comprennent pas son sens de l’humour, sa joie et ce rapport immédiat qu’il avait avec le monde de l’enfant», insiste-t-il. On apprend aussi qu’à la fin de sa vie, Pablo Picasso avait un processus créatif plus minimaliste. En 1972, à 91 ans, il peint même un autoportrait poignant, mais tout en simplicité, dans lequel il dit «regarder la mort dans les yeux.»
Avec sa combinaison d’archives et de témoignages, ce documentaire est une belle immersion dans l’univers d’un homme qui a transformé sa douleur en chef-d’œuvres.