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Culture

Après des études en médecine, la gagnante de «La Voix», Yama Laurent est de retour sur les bancs d’école

Yama Laurent fera partie de la Fête nationale du Québec, le 24 juin prochain à Montréal

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Alicia Bélanger-Bolduc

2025-06-12T10:00:00Z
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Yama Laurent a conquis les Québécois grâce à sa voix à la fois puissante et émotive, remportant La Voix en 2018. Depuis, elle continue de se démarquer sur la scène musicale québécoise. Arrivée au Québec en 2017, l’ancienne étudiante en médecine a désormais la fleur de lys tatouée sur le cœur. Elle partagera tout cet amour lors de la Fête nationale du Québec, le 24 juin prochain à Montréal, puisqu'elle sera l’une des artistes qui y participeront.

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Yama, qu’est-ce que ça représente pour toi de faire partie d’une soirée comme celle-là?

C’est vraiment énorme! Quand j’ai reçu l’invitation, on m’avait simplement demandé si j’étais disponible, mais je ne m’attendais pas à me faire offrir de chanter pour une telle occasion! Je suis tellement surprise, mais très choyée et fière. Ça m’a donné l’opportunité de plonger en profondeur dans le répertoire musical québécois et de le découvrir davantage. Il y a évidemment des chansons que je connaissais très bien, mais aussi de gros classiques dont je vais découvrir et apprendre les fabuleux textes!

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Dominic Gouin / TVA Publications
Dominic Gouin / TVA Publications

Dominic Gouin / TVA Publications
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Tu es arrivée d’Haïti en 2017. Quel est ton lien avec le Québec?

C’est un peuple, contrairement à d’autres, qui m’a adoptée à bras ouverts. Les Québécois m’ont choisie à La Voix en 2018 seulement un an après mon arrivée. Ils m’ont depuis suivie et vue grandir. Le Québec est ma terre d’adoption, celle qui m’a donné ma chance et qui m’a vue m’épanouir et devenir la personne que je suis et que j’ai toujours voulu être. J’ai un grand sentiment d’appartenance envers le Québec. Je ne le quitterai plus, vous êtes coincés avec moi! (rires) Je suis très fière de mes racines haïtiennes et j’adore mon pays natal, mais je me sens maintenant chez moi ici.

Te souviens-tu de ta première fête nationale?

Je dirais que c’était en 2019, un an après ma victoire à La Voix. J’ai découvert une scène que je n’avais jamais vue auparavant: les plaines d’Abraham. J’étais tellement bouche bée devant la scène à laquelle j'ai assisté. C’était rempli de monde et il y avait du bleu et blanc partout. J’étais parmi la foule et c’était vraiment magnifique!

On t’a récemment aperçue sur le tapis rouge du Festival de Cannes. Que faisais-tu à l’événement?

Depuis quatre ans, je suis ambassadrice d’une marque de lunettes de luxe française qui s’appelle Clegg. J’ai fait deux ventes privées pour la marque en France dans les derniers mois. Ça leur a tellement plu qu’ils m’ont demandé de fouler le tapis rouge du Festival de Cannes pour les représenter. Avec mes cheveux, qui font aussi partie de ma personnalité, on a déposé les lunettes sur ma tête au lieu de les mettre sur le visage comme tout le monde le ferait. C’était un peu à la dernière minute. Alors, j’ai appelé le designer Lakuachimoto, basé à Montréal, qui m’a créé une œuvre d’art en seulement 20 jours. Je n’en reviens pas que j’aie pu vivre tout ça!

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On a pu te voir récemment à Canada’s Got Talent. Après avoir gagné La Voix, pourquoi avoir voulu refaire ce genre de concours?

Je n’avais réellement pas en tête de refaire ce type d’émission. Je suis depuis quelques mois ambassadrice pour la Fondation canadienne des femmes, puis je souhaitais vraiment la faire connaître davantage. On m’a dit que dans l’anglophonie, si tu désirais passer un message et faire une audition pour le plaisir, c’était possible. Comme je n’avais pas compris l’ampleur de ce genre d’émission en 2018 quand j’ai fait La Voix, j’ai voulu cette fois simplement m’amuser en participant à Canada’s Got Talent.

Tu as étudié en médecine dans ton pays. Quand est venue la passion du chant pour toi?

C’est vraiment arrivé quand j’étais à la faculté. À chaque fin de session, les étudiants organisaient des événements pour célébrer et un peu oublier la situation compliquée en Haïti. Dans ces soirées, j’aimais réciter des poèmes. Certains m’ont mentionné que j’avais une belle voix et que je devrais essayer le chant. Ce sont mes pairs qui m’ont encouragée et qui m’ont dit que je pourrais avoir de l’avenir en faisant carrière dans la chanson. J’ai toujours écouté de la musique, mais je ne me voyais vraiment pas devenir une chanteuse. C’est pour ça que même après tous mes accomplissements et les années qui passent, je suis toujours gênée et j’ai le syndrome de l’imposteur.

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Tu ne te sens toujours pas à ta place dans le milieu?

En ce moment, j’étudie la musique à l’Université Laval, parce que je veux m’assurer de bien faire les choses. Jusqu’à tout récemment, je n’avais aucune formation dans le domaine: je ne joue d’aucun instrument, je n’ai jamais suivi de cours de chant ni appris les bases de la musicalité. Pour moi, chanter a toujours été une échappatoire, un moyen d’expression. Je crois que j’utilise mon talent comme une forme de protection et que je me cache un peu derrière. À force de me poser mille questions, j’ai fini par vouloir mieux comprendre ce que je faisais. Alors, je suis retournée sur les bancs d’école. Pour l’instant, je suis vraiment heureuse de cette décision.

Les études semblent très importantes pour toi...

C’est pour moi une validation. Après des années d’études en médecine, je me dis que c’est peut-être de cette façon que mon cerveau assimile l’information. Je suis contente de revenir à mes bases et d’aller apprendre l’histoire de la musique.

Tu as dit qu’après tes années d’études en médecine, c’est maintenant ta voix qui guérit. Que veux-tu dire par là?

C’est le Québec qui m’a mis ces mots dans la bouche! C’est compliqué d’entrer dans le monde de la médecine au Québec. Mes papiers sont d’ailleurs, mais la pandémie m’a quand même permis de travailler dans le domaine de la santé. J’ai été agente covid spécialiste dans l’activité clinique, j’ai même été à la buanderie. Dans les hôpitaux, les gens me disaient qu’en étant sur place et en contribuant à l’effort, j’aidais la société, mais que je pouvais guérir aussi avec ma voix, que je leur faisais du bien à l’âme. Ce sont vraiment des patients qui m’ont fait comprendre mon utilité. Si je n’arrive pas à travailler comme urgentologue ou sur le plancher d’un hôpital, je pourrai au moins servir ainsi.

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Est-ce que le chant t’a permis aussi de cicatriser certaines de tes blessures?

La musique m’aide à me libérer. Tout ce que je n’ose pas dire à propos de mon enfance, de mon passé... quand je chante, c’est comme si toutes ces émotions refoulées pouvaient enfin sortir. J’apprends peu à peu à ne pas toujours me prendre trop au sérieux. Je me réfugie tellement dans mon univers musical que, parfois, j’en oublie de m’amuser. C’est d’ailleurs pour ça que, contrairement à d’autres artistes, je ne me sens pas à l’aise de me filmer en direct sur les réseaux sociaux, juste pour le plaisir. Tout ce que je ressens passe dans ma voix, mais il me manque une certaine légèreté. Oui, le chant est mon échappatoire, mais il ne devrait pas m’empêcher de danser et de lâcher mon fou pendant que je le fais.

Est-ce que tu as un deuxième album en préparation?

Oui et j’ai très hâte! Je parle à tout le monde et j’envoie des messages. Il y a des gens très importants et intéressés qui veulent collaborer avec moi. Je retourne au Vietnam refaire quelques spectacles et pour y manger un peu, mais j’y travaille activement à travers les études. On va voir cet automne ce que je peux réaliser.

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