Critique du film «Tron: Ares»: plus qu’un exercice de nostalgie?

Isabelle Hontebeyrie
Que peut-on trouver de novateur dans ce Tron: Ares qui met en vedette Jared Leto, Greta Lee, Evan Peters et Jodie Turner-Smith ainsi qu’une apparition de Jeff Bridges?
La musique à plein volume (au point que certains dialogues sont inaudibles) de Nine Inch Nails ancre ce troisième volet de Tron dans les années 2020. La thématique est également d’actualité, les dangers de l’IA et de la technologie n’ont jamais été aussi présents. Et visuellement, Joachim Rønning, le réalisateur de ce Tron: Ares, fait plein usage des technologies d’effets spéciaux, ce qui donne un spectacle à couper le souffle.

Le scénario, lui, manque un peu de mordant et de nuances. La compagnie ENCOM, fondée par Sam Flynn (Jeff Bridges), désormais dirigée par Eve Kim (Greta Lee), est en compétition avec Julian Dillinger (Evan Peters). L’enjeu? La possibilité de rendre réelles des créations faites dans la Grille. Car celles-ci ne durent que 29 minutes avant de disparaître et Eve Kim cherche donc le code de la permanence dans les archives de Flynn. De son côté, Dillinger a créé ce qu’il considère comme le soldat du futur en Ares (Jared Leto) et Athena (Jodie Turner-Smith). Mais le premier dévie de son programme, tandis que la seconde applique à la lettre les directives de Dillinger et veut détruire Eve et Ares.
Dans cette avalanche de manichéisme, les studios Disney perdent de vue ce qui faisait l’intérêt du tout premier Tron: une réflexion innovatrice sur la technologie. Car Ares, Athena et leurs armes ne sont, au fond, que de l’impression 3D d’objets (ce qui est désormais, presque, courant). De même, le personnage du «méchant cyborg» ou celui du «méchant programme» n’a rien qui n’ait déjà été vu, notamment dans La matrice et, bien évidemment, dans les Terminator.

Le fait qu’Ares développe une «conscience», indépendamment de sa programmation, a déjà, également, été amplement exploité depuis le Dave, glaçant, de 2001, Odyssée de l’espace. Quant au personnage de Dillinger, obsédé de pouvoir, on y retrouve tous les fous assoiffés de contrôle, déclinés ad nauseam dans les Marvel du studio de la souris.
Les nostalgiques de l’univers Tron (oui, la génération X) ont droit à leur bonbon pendant les quelques minutes de la scène entre Jeff Bridges et Jared Leto. Mais cela ne suffit pas à provoquer une réflexion au-delà des 119 minutes de ce long métrage qui n’est ni franchement bon, ni franchement mauvais.

Note: 3 sur 5
Tron: Ares déboule sur les écrans de la province dès le 10 octobre.