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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Entrevue pour le film «Bonne fortune»: six questions à Aziz Ansari

PHOTO EDDY CHEN FOURNIE PAR LIONSGATE
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Isabelle Hontebeyrie

2025-10-12T15:00:00Z
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S’il a commencé sa carrière comme humoriste avant de devenir acteur dans Parks and Recreation, il exerce aussi ses muscles d’auteur avec la série Netflix Master of None. Aujourd’hui, il renoue avec son amour de la réalisation en passant pour la deuxième fois derrière la caméra pour mettre en images la sympathique comédie Bonne fortune, qu’il a également écrite et produite, et dans laquelle on retrouve Keanu Reeves en ange (si, si!) et Seth Rogen en riche créateur de start-up.

PHOTO EDDY CHEN FOURNIE PAR LIONSGATE
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Aziz, vous nous proposez une comédie qui suit votre personnage, Arj, qui cumule les petits boulots. Bonne fortune est à la fois un film réconfortant et une critique très virulente du modèle de l’économie de plateformes, des gens qui ont trois emplois et ne peuvent pas se permettre de payer leur loyer. Comment avez-vous réussi à trouver cet équilibre?

La question des gens qui luttent pour s’en sortir est partout autour de nous. Et pour moi, le moment était venu d’en faire un film. J’ai fait autant de recherches que possible. J’ai interviewé beaucoup de gens qui occupent réellement ces petits emplois. J’ai parlé à des sociologues et j’ai essayé de comprendre. Pour ce qui est de la comédie, vous savez, parfois les choses ne sont pas drôles en soi, mais il y a des façons de présenter les situations en restant fidèle à ce qui se passe et en incorporant des choses amusantes.

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Est-ce que c’est moi, ou y a-t-il un peu du film de Frank Capra La vie est belle dans Bonne fortune?

Oh, c’est complètement présent, et j’ai regardé ce film plusieurs fois pendant que je travaillais sur le mien! C’est un film tellement incroyable. Non seulement pour les raisons évidentes qui en font un classique, mais, même quand on regarde la narration et l’écriture, c’est tellement incroyable de voir, dans les premières minutes, la vitesse à laquelle Capra met tout en place. Et, quand je l’ai revu dans le contexte de ce film, j’ai réalisé que tout tournait autour des classes sociales. Et c’est un sujet évité dans beaucoup de films modernes, ce qui semble absurde, car tout le monde en est conscient.

PHOTO FOURNIE PAR LIONSGATE
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Keanu Reeves incarne Gabriel, un ange qui veille sur votre personnage et vous fait changer de vie avec Seth Rogen, un richissime créateur d’entreprises. Comment avez-vous imaginé ce personnage?

J’avais toujours eu l’idée simple de prendre cette situation typique de La vie est belle. C’est ma directrice de casting qui m’a dit que Keanu Reeves était intéressé, je l’ai donc rencontré et j’ai réalisé que personne d’autre ne pouvait tenir le rôle. Il est si parfait! J’ai donc fait en sorte que le personnage exploite davantage ses forces. Il est si drôle, il joue un gars un peu bête, naïf, juste doux et innocent. Il est si doué que plus je passais de temps avec lui, plus je peaufinais le rôle. Et plus nous passions de temps ensemble à répéter et à développer le personnage, plus le rôle maturait. Je suis incroyablement chanceux qu’il ait voulu faire le film. C’est une icône du cinéma et je n’arrive pas à croire qu’il soit dans le film.

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Quel genre de réalisateur êtes-vous?

Je donne toujours une liste de films à regarder aux acteurs. Je travaille le scénario, puis, lorsque je fais le casting, je passe du temps avec les comédiens pour essayer de les connaître le mieux possible afin de mettre leur voix dans le scénario et d’exploiter leurs forces. Je connais très bien Seth Rogen depuis près de 20 ans. Mais je ne connaissais pas aussi bien Keanu Reeves. Je voulais donc vraiment passer beaucoup de temps avec lui pour apprendre à le connaître. Tous les acteurs ont eu la gentillesse de me donner de leur temps, et nous avons beaucoup travaillé sur le scénario pour l’affiner. Nous avons passé du temps à lire les scènes ensemble pour les rendre encore plus drôles. Je parle aussi beaucoup des personnages avec les comédiens, c’est une véritable collaboration. C’est peut-être parce que je suis acteur moi-même, mais j’aime collaborer avec mes acteurs de manière importante pour m’assurer qu’ils se sentent bien et que j’ai mis leur voix dans le scénario autant que possible. Et, en tant que producteur, j’ai eu une excellente équipe de soutien. Chaque film est une sorte de miracle, j’ai été très chanceux que tout se soit bien passé.

PHOTO EDDY CHEN FOURNIE PAR LIONSGATE
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Vous dites que chaque film est un miracle. Et celui-ci aussi, non? Car vous aviez présenté le scénario à Seth Rogen il y a deux ans?

Oui, une partie de cela est due au fait que nous avons arrêté de tourner à cause de la grève de la Writers Guild. Il y a donc eu une grande pause. J’ai travaillé sur d’autres choses, mais l’idée initiale, le premier éclair qui a alimenté le tout, remonte probablement à 2019. Ça semble si loin. Mais je me souviens que j’étais au Colorado, où j’étais en tournée. J’étais dans un Uber avec un autre humoriste qui faisait la première partie du spectacle, et nous parlions du fait que nous constations une augmentation du nombre de sans-abri. Et le chauffeur Uber, un hipster caucasien d’une trentaine d’années, nous a dit: «Vous savez, j’ai été sans-abri pendant un certain temps.» Et il a commencé à me raconter ce qui lui était arrivé, qu’il dormait dans sa voiture et qu’il se douchait au gym, et que beaucoup d’autres personnes faisaient cela. En fait, il y a toute une autre réalité des sans-abri invisibles qui dorment dans leur voiture et se douchent au gym.

Bonne fortune réconfortera les cinéphiles dès le 17 octobre.

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