Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Culture

Critique du film «L’histoire du son»: un amour tout en retenue

PHOTO FOURNIE PAR MUBI
Partager

Isabelle Hontebeyrie

2025-09-19T00:00:00Z
Partager

En amoureux, Paul Mescal et Josh O'Connor éblouissent dans ce film d’Oliver Hermanus, dans lequel on retrouve la retenue de Vivre, son long métrage précédent. 

Comme dans Vivre, le rythme est lent. Le cinéaste prend son temps, campe les personnages, s’attarde sur les lieux et, bien sûr, les chansons. Car, avec un titre comme L’histoire du son, on se doute bien de la place que tiendra la trame sonore.

Nous sommes avant la Première Guerre mondiale. Lionel (incarné, à l’âge adulte par Paul Mescal) grandit sur une ferme, pauvre, du Kentucky. Mais l’enfant a un don: celui de «voir» la musique, les couleurs des notes des chansons folkloriques que chante son père, ce qui lui vaut une place de boursier au Conservatoire de musique de Boston. Un soir, dans un café, il entend un pianiste interpréter une chanson qu’il connaît. David (Josh O’Connor) est, lui aussi, étudiant au même endroit et les deux jeunes hommes se découvrent des atomes crochus en explorant le folklore américain.

PHOTO FOURNIE PAR MUBI
PHOTO FOURNIE PAR MUBI

Dans la société de l’époque, l’homosexualité est un crime. L’amour de Lionel et David ne peut donc qu’être soigneusement caché entre les murs de la chambre de David. Jusqu’à ce que la guerre éclate et que ce dernier soit appelé au front et que Lionel retourne sur la ferme familiale. Mais les amants se retrouvent lorsque David invite Lionel à se joindre à lui pour parcourir l’est des États-Unis afin d’enregistrer des chansons folkloriques.

Publicité

L’histoire est une fiction totale, imaginée par Ben Shattuck dans une nouvelle qu’il a lui-même adaptée pour l’écran et qu’Oliver Hermanus a mise en images. La romance colle donc à l’époque de non-dits et de secrets. Les amateurs de passions dévorantes ne doivent donc pas s’attendre à de grandes envolées. Ni Lionel ni David – et les deux acteurs jouent avec une précision admirable – n’expriment leurs sentiments, il faut deviner et décoder, ce qui empêche de plonger sans réserve dans le scénario.

L’autre élément d’importance (ou le second niveau de lecture), et non le moindre, est la place tenue par la musique folklorique américaine, par ces chansons chantées en famille au coin du feu pendant l’hiver. L’initiative de David est fictive, mais est similaire à celle, bien réelle, de Herbert Halpert juste avant la Seconde Guerre mondiale (c’est lui qui a notamment enregistré Sea Lion Woman - entendue dans La fille du général, un chant d’esclaves noires, pour la Librairie du Congrès, pièce reprise par Nina Simone). Dans L’histoire du son, l’accent est mis sur la très belle Silver Dagger que Joan Baez reprendra dans les années 1960 (on voit d’ailleurs une photo de Bob Dylan dans l’appartement de Lionel à la fin de sa vie) et que Dolly Parton popularisera également. Là encore, et comme pour la romance, Oliver Hermanus laisse aux cinéphiles le soin de comprendre, de fouiller, de «travailler» afin de saisir toutes les références.

Et ce faisant, le réalisateur sud-africain compose une ode au passé des États-Unis et à l’histoire commune qui relie ses habitants.

Note : 3,5 sur 5

L’histoire du son arrive sur les écrans le 19 septembre.

Publicité
Publicité

Sur le même sujet