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L'article provient de TVA Nouvelles
Culture

«C'est un film politique et ça a à voir avec notre tribalisme actuel»: Leonardo DiCaprio sur son film «Une bataille après l’autre»

PHOTO FOURNIE PAR WARNER BROS. PICTURES
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Isabelle Hontebeyrie

2025-09-19T10:00:00Z
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Après son film Rêver grand, Paul Thomas Anderson revient dans les salles obscures avec une satire politique mettant en vedette une pléthore d’acteurs, dont Leonardo DiCaprio et Benicio del Toro. Et le film fait curieusement écho aux événements qui se déroulent actuellement au sud de la frontière canadienne...

Ne nous y trompons pas, Une bataille après l’autre est une fiction (comme l’était Déni cosmique), mais il est néanmoins impossible de ne pas établir un parallèle, comme si la réalité tenait absolument à rejoindre, voire à dépasser, la fiction.

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Bob Ferguson (Leonardo DiCaprio, égal à lui-même) fait partie du groupe révolutionnaire French 75 avec sa petite amie, Perfidia (Teyana Taylor, absolument éblouissante), et Deandra (Regina Hall), la sœur de cette dernière. Au milieu d’actions violentes, Perfidia s’aliène le colonel Lockjaw (Sean Penn excelle), tombe enceinte et accouche d’une petite fille, Willa (Chase Infiniti, lorsqu’elle est adolescente). Mais le père et la fille doivent s’enfuir pour éviter d’être pris par Lockjaw et les forces de l’ordre.

Quelques décennies plus tard, Bob vit dans une petite ville de l’Amérique profonde, Bob et Willa vivent tout sauf normalement. Complètement parano, tout le temps stone, l’ancien révolutionnaire se méfie de tout et a enseigné à sa fille la manière de vivre sous un nom d’emprunt off the grid, c’est-à-dire sans téléphone cellulaire, entre autres. Et ses inquiétudes s’avèrent fondées lorsque Lockjaw refait surface et se lance à leurs trousses. Il leur faut donc fuir...

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PHOTO FOURNIE PAR WARNER BROS. PICTURES
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Inspiré bien librement du roman Vineland, de Thomas Pynchon, Une bataille après l’autre aborde donc une foule de thématiques d’actualité comme le racisme, la misogynie, les actions coup-de-poing, l’immigration, etc.

«Je serais négligent et je mentirais si je ne disais pas que le dude a influencé ce personnage dans un contexte contemporain, disait Leonardo DiCaprio, faisant référence au personnage emblématique de Jeff Bridges dans The Big Lebowski, lors de la conférence de presse de présentation d’Une bataille après l’autre aux médias. Je parlais aussi d’Un après-midi de chien avec Al Pacino, et de ce fanatisme, il doit retrouver la personne qu’il aime et la sauver.»

Pour l’acteur oscarisé, la relation entre son personnage et sa fille est d’une richesse intéressante. «J’adore cette tranche de vie où l’on retrouve Bob et Willa au début du film, des années plus tard. Il n’est pas utopique et heureux. Il est un père déconnecté de sa fille. Elle est d’une autre génération. Il est complètement déconnecté d’elle. C’est un père désastreux, et puis, tout d’un coup, il se retrouve dans une situation insensée pour tenter de la sauver.»

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Un travail enraciné dans le crédible

Tant pour Teyana Taylor que pour Regina Hall et Chase Infiniti (dont c’est le premier rôle à l’écran), le processus de construction de leurs personnages — celui de Perfidia étant, il faut le dire, plus grand que nature — a été passionnant et a débuté par des conversations intenses avec Paul Thomas Anderson.

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«J’ai développé Willa en discutant avec Paul. J’ai disséqué la manière dont elle fait partie de l’histoire, sa relation avec Bob, avec Perfidia et son évolution à travers le film, a indiqué Chase Infiniti lors d’une entrevue à l’Agence QMI. Pour moi, ça a été la clé afin de construire Willa.»

«Tout a tourné autour des discussions avec Paul, renchérit Teyana Taylor. Je suis passée à travers toutes les répliques avec Paul, afin de pouvoir ajouter des couches de compréhension à Perfidia.» L’actrice, une amie de longue date de Leonardo DiCaprio, a d’ailleurs été recommandée au cinéaste par l’acteur!

PHOTO FOURNIE PAR WARNER BROS. PICTURES
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Regina Hall, quant à elle, s’est aussi lancée dans les recherches afin de comprendre l’époque des années 1960 et l’histoire des droits civiques. «J’ai parlé à d’anciens Black Panthers, explique-t-elle. J’ai aussi lu des livres sur le sujet. Pour moi, la question centrale était de comparer l’implication révolutionnaire dans la jeunesse, puis 20 ans plus tard. Comment vit-on ce changement? Y a-t-il un changement? Quelle perspective a-t-on sur son implication et pourquoi continue-t-on à s’impliquer?»

Regina Hall incarne Deandra, la sœur mesurée de Perfidia, qui ira à la rencontre de sa nièce en fuite pour l’aider. Dans les pages du New York Times, elle indiquait que le côté comique d’Une bataille après l’autre vient de l’absurdité. «Ce que Paul a fait est extrêmement intelligent. Il écrit tout d’une manière extrême afin qu’on réalise l’absurdité de la chose.» Car Lockjaw, le personnage de Sean Penn, veut absolument faire partie d’un groupe néonazi appelé les Christmas Adventurers (ou, en français, Les aventuriers de Noël). «Prenez un groupe comme les Christmas Adventurers et jouez les personnages de manière sérieuse et authentique. Cela permet au public de voir à quel point ce qu’ils disent et ce qu’ils font, c’est fou!»

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Ce clash a été «émotif» pour Benicio del Toro. «Le scénario m’a fait réfléchir et m’a fait rire. J’espère que les cinéphiles verront le film et remarqueront son humour, mais aussi la réalité de ce qui est décrit.»

Pas de doute, Une bataille après l’autre est un film politique, surtout au vu des événements des dernières semaines aux États-Unis.

Toujours dans le quotidien américain, Leonardo DiCaprio notait que «ce film a une charge politique, c’est évident, mais je pense que cela a beaucoup à voir avec notre tribalisme actuel. Je parle ici de la façon dont nous définissons qui nous aimons ou qui nous tolérons. Les deux forces centrales de ce film sont issues de l’imagination de Paul, mais je pense qu’elles illustrent notre évolution en tant que société, notre façon de ne plus nous écouter les uns les autres, et la manière dont ces personnages, en pensant ou en agissant de manière extrême, peuvent être source de souffrance pour les autres».

Une bataille après l’autre est-il un brûlot politique? Non, n’y voir que cet angle serait passé à côté de l’essentiel, comme le soulignait James Raterman à l’Agence QMI.

«N’embêtez pas quelqu’un qui a une famille, n’embêtez pas quelqu’un qui a des enfants. Comme parent, je peux m’identifier à cette histoire. Et, avec tout ce qui se passe à travers le monde à l’heure actuelle, on réalise que tout revient toujours à la famille. Tout le monde veut se retrouver en famille, tout le monde veut profiter du temps avec les siens. Et c’est cet aspect du film que j’aime profondément.»

Une bataille après l’autre arrive sur les écrans de la province dès le 26 septembre.

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