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4 raisons pourquoi Québec devrait s’intéresser davantage au transport collectif

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Alice Fournier

2025-11-03T18:13:23Z
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Qu’ossa donne, au juste, le transport collectif? Même si seulement 6% des Québécois jugent que Québec devrait prioriser le dossier, selon un récent sondage de La Presse, il n’en demeure pas moins que ses bénéfices sont importants. Voici 4 raisons pour lesquelles le gouvernement de François Legault devrait s’y attarder davantage.

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1- Il aide à lutter contre la congestion

La congestion routière est un gouffre financier pour le gouvernement, notamment en raison du temps perdu par les automobilistes dans le trafic. Les automobilistes ont perdu en moyenne 57 heures dans le trafic en 2023, selon l’Observatoire du Grand Montréal.

Ce temps perdu engendre des pertes de salaire, des coûts de carburant et d’entretien plus élevés à cause de l’usure accrue des voitures.

Au total, la congestion coûterait jusqu’à 6 milliards $ par année juste à Montréal.

«Enlevez les bus et les métros, et vous devrez multiplier ce chiffre un bon nombre de fois», souligne le directeur général de l’Association du transport urbain du Québec (ATUQ), Harout Chitilian.

À Québec, la congestion routière a augmenté de 15% depuis 2019.

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Le transport collectif permettrait alors de pallier ce problème qui fait s’arracher les cheveux aux automobilistes, aux citoyens et aux politiciens. Selon la Société de transport de Montréal (STM), un seul bus permet de retirer environ 50 voitures des routes.

«C'est un outil pour assurer des déplacements fluides dans nos territoires», tranche M. Chitilian.

2- Il permet de travailler et d’étudier

Selon l’Institut de la statistique du Québec, 14% des travailleurs utilisaient le transport en commun pour effectuer leurs déplacements domicile-travail en 2021 dans la province.

Dans les centres urbains, où l’offre de transport collectif est plus développée, comme dans le Grand Montréal, cette proportion passe à 21%, révèle la plus récente enquête Perspectives mobilité de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).

Ainsi, si on leur enlève leur moyen de déplacement demain matin, «les employeurs ne pourront pas avoir accès à de la main-d'œuvre qui est si importante», souligne M. Chitilian.

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Sans surprise, les étudiants sont plus nombreux à emprunter les transports collectifs. Plus de 65% de ceux qui fréquentent l’Université de Montréal s’y rendent en autobus ou en métro, toujours selon l’enquête Perspectives mobilité.

La grève des employés d’entretien de la STM, qui se déroule jusqu’au 28 novembre, démontre d’ailleurs en temps réel l’importance du transport collectif dans la métropole. La grève des opérateurs de métro et des chauffeurs d’autobus, qui a privé les usagers de service durant une journée entière, a notamment causé d’importants bouchons de circulation.

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«On le prend pour acquis, mais dès qu'il y a des perturbations, on remarque l'importance capitale qu'il joue dans le fonctionnement de nos collectivités», soutient M. Chitilian.

Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
Photo Agence QMI, JOËL LEMAY

3- C’est payant pour les usagers et le gouvernement

Le transport collectif permettrait de renflouer nos poches de diverses manières, en commençant par les économies engendrées si on laisse tomber l’auto.

«Une auto, ça coûte 18 000$ par année à un ménage, alors que les transports collectifs, ça dépasse rarement 1000$», avance Philippe Jacques, co-directeur général et porte-parole de l’Alliance Transit.

Sachant que le budget en transport (véhicule et transport collectif) représentait 16,3% des dépenses des ménages québécois en 2021, selon Statistique Canada, il s’agit d’une réduction des coûts non-négligeable. À titre comparatif, on parle de 27,4% pour le logement et 16,8% pour l'alimentation.

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Le gouvernement trouve aussi son compte dans le transport collectif, avance M. Chitilian. «Le transport collectif génère 4 milliards $ pour notre PIB», dit-il.

Collectivement, un kilomètre parcouru en voiture coûte 5,46$ à la société, contre 1,21$ pour chaque kilomètre parcouru en transport collectif, détaille une étude de l’Université Laval.

Par ailleurs, chaque dollar investi dans le transport collectif rapporte 3$ en croissance économique, calcule la Fédération canadienne des municipalités.

4- C’est bon pour l’environnement

Le transport routier est responsable de 43,3% des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec.

Les autobus n’étaient responsables que de 0,4% des émissions totales de GES de la province, contre 17,2% pour les voitures et les camions légers (fourgonnettes, VUS). Augmenter la part modale du transport collectif permettrait donc à Québec d’atteindre plus rapidement ses cibles climatiques.

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Chaque année, la pollution atmosphérique liée à la circulation automobile au Canada contribue en moyenne à 1200 décès prématurés, selon les données les plus récentes données de Santé Canada.

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Du chemin à faire...

La CAQ a promis bien des choses en termes de transport collectif durant ses deux mandats:

  • Électrifier 55% du réseau de bus urbains au Québec d’ici 2030.
  • Soutenir d’autres projets de transports électriques comme le tramway à Québec ou le projet structurant de l’Est à Montréal.
  • Investir 50% de son budget transport dans le transport collectif.
  • Que la construction du Réseau express métropolitain (REM) soit complétée en 2027.

Or, peu de ces promesses ont abouti, constatent les experts.

«Au lieu d’investir 50% [de son budget transport] dans le transport collectif, la CAQ a investi 70% dans le transport routier», déplore M.Jacques.

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«Les bus ne seront pas électriques d’ici 2030, le REM accumule les retards et, il ne faut pas l’oublier, remplace des services existants», lance quant à elle la professeure associée au Département d'études urbaines et touristiques de l’UQAM, Florence Junca-Adenot.

En termes de maintien des actifs, la STM demandait 585 millions $ par année rien que pour entretenir ses tunnels, escaliers et équipements électroniques et électriques sur une durée de trois ans. Le métro de Montréal accuse déjà un déficit d’investissement en maintien d’actifs d’au moins 6 milliards $.

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Le gouvernement a prévu d’investir 560 millions de dollars supplémentaires entre 2030 et 2035 pour le maintien d’actifs en transport collectif dans toute la province, soit moins que ce que désirait la STM.

D'ailleurs, les sommes prévues pour le maintien des actifs en transport collectif dans le budget provincial ont déjà reculé de 3,8 G $ en 2018 à 2,8 G $ en 2023.

«On trouve déplorable que, présentement, le seul plan proposé par le gouvernement est un plan sous-financé», regrette M. Chitilian.

«Le gouvernement doit revoir ses cibles», juge-t-il. À son sens, Québec devait s’engager à maintenir les actifs et à viser l’accessibilité plutôt que l’électrification de la flotte de bus.

...surtout en région

Dans les 40 dernières années, l’IRIS a observé 7 fois moins de départs en autobus depuis les grands centres vers les régions.

«À l’inverse, depuis les régions, c’est encore pire. Il y a 10 à 15 fois moins de départs qu'avant», regrette M. Jacques.

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Pourtant, «la demande [pour des trajets en transport collectif] augmente drastiquement en région», souligne M.Chitilian. Selon lui, les sociétés de transport collectif de villes comme Sherbrooke, Lévis, Saguenay ou encore Trois-Rivières sont revenues à un achalandage pré-pandémique.

Il existe des compagnies comme Orléans Express, qui assure des transports en autocar dans la province, ou encore Via Rail en train, mais les départs sont limités.

D’autres compagnies privées comme Limocar desservent des secteurs plus reculés, souvent avec des prix de transports exorbitants (aller simple de Montréal à Sherbrooke : 57,54$ avec les taxes).

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