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L'article provient de 24 heures

Plus de voies réservées aux autobus à Montréal: bonne ou mauvaise idée?

Joël Lemay / Agence QMI
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Photo portrait de Sarah-Florence  Benjamin

Sarah-Florence Benjamin

2025-09-02T13:31:24Z
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C’est la rentrée. Et qui dit rentrée dit aussi... trafic. Dans les bouchons, aux côtés des automobilistes, des autobus bondés d’usagers perdent aussi de longues minutes à avancer à pas de tortues. On se pose donc la question: est-ce qu’il devrait y avoir plus de voies réservées au transport en commun à Montréal? On a posé la question à une experte en mobilité.

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En date du 31 juillet 2025, il y avait 72 voies réservées aux bus sur le territoire de la Société de transport de Montréal (STM). Avec ses 360km, c’est un des réseaux de voies réservées les plus vastes au monde, selon le transporteur qui affirme que 35% des déplacements en bus sur l’île bénéficient de ces corridors.

Mais est-ce assez?

La professeure en génie du transport à Polytechnique Montréal, Catherine Morency, insiste d’abord: les voies réservées sont «essentielles» si on veut que le réseau d’autobus puisse bien fonctionner.

«C’est absurde, dans notre réseau, de laisser un véhicule avec une telle densité de passagers rester coincé dans le trafic», insiste celle qui est aussi titulaire de la Chaire Mobilité.

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Selon elle, il faudrait non seulement implanter plus de voies réservées, mais aussi — et surtout — s’assurer que ces voies sont utilisées le plus efficacement possible.

«Ça ne sert à rien de mettre une voie réservée si l’autobus passe aux 30 minutes», souligne Catherine Morency.

Avec une voie réservée et un service adéquat, les bus pourraient fonctionner, comme le métro, à intervalle (toutes les 10 ou 20 minutes, peu importe le moment de la journée, par exemple), plutôt qu’à horaire fixe. De cette façon, «peu importe le moment où on arrive à l’arrêt, on sait qu’on va pouvoir avoir un autobus bientôt», résume la professeure.

Une telle mesure contribuerait à rendre l’autobus — qui a mauvaise réputation à cause des nombreux retards — plus attractif, en plus d'accroître l’offre de services de transport en commun à faible coût, soutient l’experte en mobilité.

Dans un courriel envoyé à 24 heures, la STM confirme avoir l’intention d’implanter plus de voies réservées, en collaboration avec la Ville, mais aussi d’augmenter les heures d’opération de certaines déjà existantes.

Une attaque envers les automobilistes?

Aux yeux de certains automobilistes, une voie réservée de plus est une voie qui leur est «volée».

«Dire qu’on vole une voie, c’est épais. On la vole à qui? Si je n’ai pas de véhicule, ne suis-je pas un citoyen à part entière?», rétorque Catherine Morency.

«On fait comme si les automobilistes ne prenaient jamais l’autobus, n’étaient jamais cyclistes ou piétons. Il y a des gens qui aimeraient ça, ne pas avoir à conduire dans la congestion. Pour que ces gens-là migrent, il faut rendre l’autobus attractif», ajoute-t-elle.

Pour la professeure, c’est d’ailleurs mathématique: il faut prioriser le transport en commun, dont l’autobus (et les voies réservées) pour réduire la congestion (et la pollution associée à l’auto-solo).

Elle croit toutefois que notre attachement symbolique à la voiture provoque des «incohérences» dans la manière avec laquelle on partage de l’espace urbain.

«On finance des projets comme le REM, mais on retire, en même temps, la voie réservée sur le pont Champlain au profit des voitures», cite-t-elle en exemple.

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