Est-ce devenu trop cher de prendre le métro à Montréal? Ce qu’en pensent les usagers


Andrea Lubeck
À partir du 1er juillet, il vous coûtera en moyenne 3% plus cher pour utiliser le transport en commun dans le Grand Montréal. Avec cette nouvelle hausse, décriée par des usagers sur les réseaux sociaux, on se demande: est-ce que c’est rendu trop cher de prendre le bus et le métro dans le Grand Montréal?
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«En tant qu’étudiante, le fait qu’ils augmentent toujours les prix [...] ça devient cher. Quand j’ai commencé à payer [mes titres de transport], ça coûtait 50$ [pour un titre mensuel Tous modes A au tarif étudiant] et maintenant, on est déjà à 60$», souligne Christine, 18 ans.
Elle voudrait voir le tarif étudiant plafonné à 65$.
@24heuresca Quel est le maximum que vous êtes prêt à payer pour le transport en commun? #tiktokquebec #tiktokqc #stm #artm #transport #transportencommun #montreal @andrea ♬ son original - 24 heures
William, un enseignant âgé de 26 ans, peut se permettre les 100$ que lui coûte son titre mensuel au tarif régulier. À ce prix, il s’attend toutefois à un meilleur service. «Des fois je finis de travailler à 18h, tu arrives [dans le métro] et il y a encore sept minutes d’attente», illustre-t-il.
«Je prends des fois le métro à Longueuil, ça coûte 4,50$. Je le prends ici [à Montréal], c’est 3,50$. Il y a des gens qui ne sont même pas capables de se payer ça. C’est la moitié d’un lunch. C’est quand même vraiment cher, je trouve», déplore à son tour Alexandrine, une étudiante de 17 ans.
Pour utiliser le transport en commun tous les jours, elle serait prête à payer au maximum 40$ par mois. C’est bien en deçà des 62,75$ qui seront bientôt exigés aux étudiants de Montréal pour le titre mensuel.
Une hausse nécessaire
Aussi frustrante soit-elle, la nouvelle hausse des tarifs est nécessaire, voire insuffisante, affirme Jean-Philippe Meloche, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal.
«Je ne vois pas comment on va s’en sortir dans le futur sans avoir au moins [3%] chaque année pendant les 10 prochaines années. Selon moi, ça devrait même être de l’ordre de 5% pour être capable de suivre les coûts du réseau», précise-t-il.
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La Société de transport de Montréal (STM) estime en effet qu’il lui manque 6 milliards $ pour le maintien des actifs de son métro, c’est-à-dire pour garder le réseau dans son état actuel, sans l’améliorer. La STM réclame également 560 millions $ par année indexés pour éviter que le déficit s’accroisse.
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Des solutions
Jean-Philippe Meloche l’admet: ce n’est pas juste aux usagers de payer pour assurer la pérennité du transport en commun.
Comment faire, donc, pour augmenter les revenus des sociétés de transport?
Voici ce que je suggère le professeur:
- Hausser les impôts à Québec ou dans les villes (par le biais des taxes municipales, par exemple).
- Augmenter la taxe sur l’immatriculation ou sur le carburant que payent les automobilistes.
- Imposer une taxe kilométrique (plus on roule en voiture, plus on paye) et ainsi faire contribuer les propriétaires de véhicules électriques qui ne payent pas de taxe sur le carburant.
De telles mesures, accompagnées d’aides ponctuelles des gouvernements, pourraient permettre, selon lui, «à court et moyen termes, de boucher des trous» dans les budgets des sociétés de transport.
La tarification sociale
Pour éviter de mettre trop de pression sur le portefeuille des usagers, Trajectoire Québec suggère pour sa part d’instaurer la tarification sociale basée sur les revenus. Ce que ça veut dire: les usagers à faible revenu payeraient moins cher que les autres pour utiliser le métro et les bus.
«Ce n’est pas extrêmement dispendieux, mais ça pourrait profiter aux bonnes personnes pour qu’elles puissent utiliser les transports collectifs parce qu’on sait que certains n’ont que cette option-là», avance Philippe Jacques, co-directeur général de l’organisme qui défend les intérêts des usagers du transport collectif.
L’organisme déplore par ailleurs «le sous-engagement financier du gouvernement [du Québec] depuis longtemps».
«On voit les conséquences et on l’entend des usagers. Il y a plus de retards, moins de fréquence. On remarque une baisse de service, alors que ça prendrait une hausse de service. On invite donc le gouvernement à financer davantage», soutient Philippe Jacques.