Voici ce que l’on peut trouver en chinant des objets de seconde main

Natalie Sicard
L’art de chiner de beaux objets n’est pas qu’une idée de trouver la pièce unique qui viendra enjoliver et donner une âme à sa décoration. En fouinant avec attention, on peut tomber sur des pièces qui nous ramènent dans le temps, dans des traditions ou savoir-faire ancestraux de notre patrimoine. La preuve ici par ces objets qui sont porteurs d’un pan de notre histoire.
Faire son lavage «comme dans le temps»

La laveuse à linge de jadis s’articule autour de trois objets indispensables. On lavait les vêtements dans une cuve en métal remplie d’eau savonneuse et on les frottait vigoureusement sur une planche à laver en verre cannelé. On passait ensuite le linge entre les rouleaux compresseurs d’un tordeur en tournant la manivelle pour essorer le surplus d’eau et ainsi raccourcir le temps de séchage. «On se réunissait souvent à plusieurs, dans les cours et l’arrière des maisons, l’occasion parfaite pour commérer entre voisines!» de relater Françoise Vermett, de la boutique en ligne Brocante La Reconquête, qui a ces trois pièces à son inventaire. Et de poursuivre pour la petite histoire: «L’essoreuse à linge aurait été inventée en 1888 par une Afro-Américaine du nom de Ellen Eglin, qui est malheureusement restée dans l’oubli pour son invention jusqu’à sa mort. Dans une interview dans un magazine de 1891 sur les femmes inventrices, Ellen Eglin aurait déclaré que si l’on savait qu’une femme noire a breveté l’invention, les femmes blanches n’achèteraient pas l’essoreuse. Elle en était bien consciente. Elle aurait donc vendu son brevet à un agent blanc inconnu pour 18 dollars, qui lui l’aurait revendu en 1900 à l’American Wringer Company qui en a tiré d’énormes bénéfices.»
Une théière avec réchaud en céramique de Beauce

L’entreprise de céramique de Saint-Joseph-de-Beauce a produit des millions de pièces qui ont été vendues au Québec, en Ontario, aux États-Unis et en Europe, de 1940 à 1989. Le céramiste Jean Cartier, à qui l’on doit le design de cette théière, a été le designer principal de cette compagnie de 1970 à 1974. Sa carrière de céramiste s’est étendue sur près d’un demi-siècle. Plusieurs de ses œuvres ont été intégrées à l’architecture de bâtiments, dont les stations de métro Papineau et Cadillac, la façade de l’hôtel de ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, le pavillon du Canada à l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958, le Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts à Montréal, ainsi qu’une fontaine en béton, verre et acier, nommée «La Giboulée» à la Cité du Havre pour l’Expo 67.
Une sculpture sur bois de Saint-Jean-Port-Joli

Ce village du Bas-Saint-Laurent a la réputation d’être au Québec le berceau de la sculpture sur bois. La tradition y est née dans les années 30, à la suite de la crise économique de 1929. Le gouvernement du Québec avait alors lancé plusieurs initiatives pour remettre à l’honneur les métiers artisanaux, entre autres dans les régions rurales du Québec et de faire ainsi mousser le tourisme. L’inauguration du premier tronçon de la route 132, permettant aux touristes de passer par Saint-Jean-Port-Joli pour aller jusqu’en Gaspésie, a aidé les artistes du coin à se faire connaître. Les frères Bourgault (les Trois Bérets), des sculpteurs reconnus, ont pu ouvrir leur propre école et former des centaines d’apprentis à la sculpture sur bois en taille directe, faisant de Saint-Jean-Port-Joli la capitale nationale de la sculpture sur bois. Le centenaire de la sculpture sur bois de Saint-Jean-Port-Joli a été célébré à l’été 2023. Aujourd’hui, on peut y visiter le Musée de sculpture sur bois des Anciens Canadiens, avec des œuvres des frères Bourgault et d’autres artistes de renommée.
L’art du perlage brodé des peuples autochtones

Tant chez les Inuits, les Métis que chez les Premières Nations, la tradition du perlage se transmet d’une génération à l’autre. À l’époque de la traite des fourrures, on trouvait du perlage sur la plupart des vêtements traditionnels, de même que sur les bottes, les gants et les mitaines en cuir. La technique consiste à, avec une petite aiguille, ajouter une perle à la fois pour former une fleur à partir du centre, puis d’enfiler deux perles ou plus autour pour les pétales.
Chaises en babiche

La fabrication d’objets du quotidien en babiche est un savoir faire développé par les peuples autochtones d’Amérique du Nord. Le terme provient d’un mot algonquien qui signifie «corde» (ababich en mi’kmaq) ou «fil» (assabâbish en ojibwé) et a été repris par les premiers colons français arrivés en Nouvelle-France. Appréciée pour sa résistance, elle a longtemps été utilisée pour tresser des raquettes, sièges de chaises et de canots, filets de pêche, des vêtements, des mocassins et des peaux de tambours. La peau d’un animal, chevreuil, wapiti, caribou, orignal, vache, est d’abord trempée dans l’eau pour la nettoyer de ses poils puis étendue et séchée, pour être ensuite découpée en lanières pour le tressage. Ces lanières sont ce qu’on appelle la «babiche». Dans certaines communautés, la fabrication de la babiche est un artisanat transmis de génération en génération. Les artisans de la babiche sont de plus en plus rares, mais il y en a encore qui exercent ce savoir-faire et qui peuvent entre autres réparer des assises de chaises abîmées par le temps.
Pour chiner ces pièces:
Brocante La Reconquête: www.brocantelareconquete.com
Planète Déco: www.planetedeco.ca
Les Petits Frères: www.petitsfreres.ca
Les trésors de la Fondation, Ste-Agathe-des-Monts : www.fondationmedicale.com