[VIDÉO] À 77 ans, ce Québécois a impressionné à un concours de culturisme


Jessica Lapinski
Durant quelques jours, Le Journal vous présentera les portraits d'anciennes gloires de leur sport qui demeurent toujours aussi passionnées, même s'ils ont aujourd'hui franchi le cap dans 70 ou même des 80 ans.
Gilles Morissette s’est entraîné sept jours par semaine tout en suivant un régime strict qui, à la fin, consistait principalement à manger des blancs d’œuf, du riz, du poisson blanc et des asperges... un légume «qu’il n’apprécie pas».
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Son plan alimentaire était beaucoup plus complexe et complet que cela, mais ces sacrifices avaient pour but de réaliser un grand rêve qui l’habitait depuis cinq ans, et qu’il a finalement atteint à 77 ans: celui de prendre part à une autre compétition de culturisme.
«Les gens ont l’impression que lorsque l’on monte sur le stage, l’on y va pour parader. Mais s’ils savaient tous les sacrifices que l’on fait quant à l’alimentation et à l’entraînement lui-même, on arrêterait de voir le culturisme comme une discipline qui consiste à montrer son corps», soulève le Beauceron de Sainte-Marie, un ancien enseignant qui donne encore dans le tutorat.
«On le fait beaucoup plus pour montrer le travail que l’on a fait et à quel point on a pu pousser la machine», précise-t-il.

Cinq ans de travail acharné
M. Morissette parle bien sûr en connaissance de cause. Entre le culturisme et lui existe une passion née très jeune, quand il consultait des revues sur la discipline que son grand frère rapportait à la maison.
Mais c’est en 1976 qu’il a commencé à s’y adonner de façon plus sérieuse. Et s’il a participé par le passé à trois compétitions qu’il qualifie de «moindre envergure» en Beauce, rien ne se compare à ce qu’il a vécu en mai, à la Fitlog Classic de Québec.
- Écoutez l’entrevue de Gilles Morissette, culturiste au micro de Jean-François Baril via QUB radio :
Et, oui, il a «poussé la machine». À fond, au point, «certaines journées, d’avoir eu envie d’abandonner le projet».
Car cette parade sur le podium, il s’agit du fruit de cinq années de travail acharné avec son entraîneur Jean-Philippe Ferland, aussi copropriétaire du gym Maxi-Forme Fitness de Sainte-Marie.
Pas un «“siroteux” de café»
Un homme qu’il qualifie de «passionné comme lui» et de «sommité, tant dans l’entraînement que sur le plan alimentaire».
«JP», lui, appelle Gilles Morissette «The Man».
«On aime lui rappeler qu’il n’est pas un “siroteux” de café au McDonald’s ou au Tim Hortons, comme le sont certaines personnes à son âge», lance l’entraîneur en riant.
«Il m’a dit dès le départ de notre association que je n’aurais le droit à aucun passe-droit, malgré mon âge, si ce n’est peut-être des charges de poids qui sont parfois un peu moins lourdes», raconte pour sa part M. Morissette.
Six ou sept jours par semaine, dans les mois avant la compétition, Gilles Morissette mélangeait les entraînements musculaires privés et les entraînements en solo.

Il y avait aussi du cardio: dans les derniers milles avant l’événement, c’était une heure de vélo stationnaire.
«À jeun, le matin», précise-t-il.
«Je tenais vraiment à relever le défi que je m’étais posé quand j’ai rencontré JP, il y a cinq ans, qui était de faire une quatrième compétition de culturisme. Alors l’orgueil aidant, j’ai tenu le coup.»
Pour «contrer l’âgisme»
D’ailleurs, Gilles Morissette a tellement aimé l’expérience qu’il ne ferme pas à la porte à la renouveler pour une cinquième fois.
Moins d’une semaine après avoir défilé sur le podium, il était déjà de retour au gym.
«Ce que j’ai voulu, par cette compétition, c’est contrer l’âgisme, mentionne-t-il avec aplomb. Quand on arrive à 65 ans, j’ai l’impression qu’au Québec, nous sommes placés sur la voie d’évitement.»
«Je voulais montrer que même à 77 ans, c’est possible d’avoir des objectifs, des rêves, et qu’on peut les atteindre, avec de l’aide.»