Cet ancien marathonien de 81 ans compte 165 000 kilomètres à son compteur... et il n’entend pas s’arrêter là

Stéphane Cadorette
Durant quelques jours, Le Journal vous présentera les portraits d'anciennes gloires de leur sport qui demeurent toujours aussi passionnées, même s'ils ont aujourd'hui franchi le cap dans 70 ou même des 80 ans.
Bien des voitures qui affichent 165 000 km au compteur ne sont bonnes que pour la ferraille. Ce n’est certainement pas le cas de Gilles Lamontagne, qui continue de courir et de prendre part à des compétitions, lui qui a soufflé 81 bougies en juillet.
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Il y a les modèles peu durables et il y a les incassables. C’est à cette seconde catégorie de bolide qu’appartient M. Lamontagne, coureur devant l’Éternel et pour qui les espadrilles ne semblent pas près de voir le bout de la route.

Aller rencontrer cet increvable adepte de la course à pied chez lui, près de la rivière Saint-Charles, à Québec, c’est l’occasion non seulement de discuter de sa passion, mais aussi de mesurer l’ampleur de ses accomplissements personnels.
Depuis qu’il est tombé dans la marmite en 1978, M. Lamontagne tient soigneusement un registre écrit de toutes ses compétitions. Il cumule aussi chaque sortie de course à l’entraînement, ce qui lui permet d’affirmer sans le moindre doute que le compteur en est à 165 000 km et qu’il roule toujours.
«Ma motivation, maintenant, c’est de garder la santé. C’est aussi de motiver les jeunes. Il y en a plusieurs qui me suivent sur Facebook et qui me disent que je suis une source d’inspiration pour eux», a-t-il lancé, le sourire aux lèvres.
Comme un musée
Au fil du temps, la demeure de M. Lamontagne est devenue une sorte de caverne d’Ali Baba de la course à pied. Ses innombrables médailles et plaques commémoratives et d’autres souvenirs y sont bien en vue.
Il y a de quoi être fier pour ce coureur toujours actif qui revendique 589 compétitions, dont 229 marathons. Jusqu’en 2014, il prenait part au prestigieux Marathon de Boston.
En 2019, il a participé à son dernier marathon dans les rues de sa ville, Québec. Depuis, la cadence a ralenti, mais il s’assure toujours de sortir courir quelques fois par semaine, dont des courses de 15 à 18 km le dimanche.
La saison dernière, il a pris part à deux compétitions de 5 km, au Lac-Brome et à Thetford Mines.
«À Thetford, j’ai fini 124e sur 148. À 80 ans, j’en ai battu 24. C’est quand même encore pas pire!» a-t-il badiné dans un éclat de rire.
Pas d’excuses
Au passage, M. Lamontagne se fait une fierté d’avoir initié plusieurs personnes à la course. Un ancien voisin, son neveu, son fils et plusieurs autres suivent dans le sillon.
«Mon neveu me dit qu’il a imprimé une photo de moi et que quand ça ne lui tente pas de sortir courir, il regarde ma photo pour se motiver», a-t-il raconté.
D’ailleurs, le commun des mortels en vient parfois à développer une expertise dans l’art d’esquiver un entraînement. Voilà une attitude que Gilles Lamontagne déplore.
«C’est facile à dire: "Je n’ai pas le temps!" Pourquoi d’abord, quand je cours le long de la rivière, je vois des femmes courir avec deux jeunes enfants dans la poussette? S’il y en a qui devraient manquer de temps, c’est bien ces femmes-là», a-t-il fait valoir.
Finale en beauté
Lorsqu’il a entamé son 229e marathon à Québec, en octobre 2019, l’imperturbable coureur s’était promis qu’il se rendrait jusqu’à 230, pour souligner ses 80 ans.
La pandémie a freiné son élan, mais il ne s’empêche pas de courir pour autant et il estime que son dernier marathon lui a permis de finir en beauté sur cette mythique distance de 42,2 km.
«J’aurais vraiment voulu aller à 230, mais tout le volume d’entraînement pour un marathon, ce n’est vraiment pas facile à mon âge. Je préfère avoir encore du plaisir à courir, c’est ce qui compte le plus.
«À la fin de mon dernier marathon, il y a une trentaine de personnes qui ont embarqué sur le parcours vers la fin pour terminer avec moi. Tu parles d’un beau souvenir! Dans le fond, je ne peux pas demander mieux.»
Gilles Lamontagne
- 80 ans
- Débuts à la course: 1978
- Record personnel de 2 h 51 min 57 s au marathon de Montréal (1983)
- 33 participations au Marathon d’Ottawa
- 20 participations au Marathon de Québec
- 9 participations au Marathon de Boston
- Ce qui le garde passionné: «Même une petite compétition, c’est bien et j’aime aussi le côté social. Je ne peux plus compter le nombre de belles rencontres que j’ai faites lors de compétitions de course.»
- Conseil pour demeurer actif: «Il n’y a pas de secret, il faut se donner des coups de pied dans le derrière! Ça ne nous le dit pas tout le temps, mais quand on revient après, c’est encore plus satisfaisant.»