À 78 ans et après avoir combattu un cancer, celui que l’on surnomme «Monsieur Golf» joue encore plus de 100 rondes par année


Stéphane Cadorette
Durant quelques jours, Le Journal vous présentera les portraits d'anciennes gloires de leur sport qui demeurent toujours aussi passionnées, même s'ils ont aujourd'hui franchi le cap dans 70 ou même des 80 ans.
Il estime avoir disputé plus de 6000 rondes en 60 ans, dont 125 la saison dernière. À 78 ans, il joue en bas de son âge et il fait la leçon à tous ses adversaires, dont son plus redoutable à ce jour, un sournois cancer de la vessie. Ce n’est pas pour rien qu’André Gagné est encore et toujours reconnu comme «Monsieur Golf».
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Même si M. Gagné assure qu’il n’a plus l’énergie des beaux jours, n’allez pas croire que la petite balle blanche ne le redoute plus quand il la tapoche au club qu’il dit imprégné en lui, le Royal Québec, à Boischatel.
Et, même quand la santé lui joue un vilain tour, il sait prendre sa revanche. Comme lorsqu’il a dû quitter le terrain lors d’une journée difficile de l’été 2020 et qu’il a encaissé le coup en rapportant une carte de 67, quelques jours plus tard, sur le parcours Québec de son club bien-aimé. Ce genre de performance continue de façonner sa légende.
«Je réussis à me tirer d’affaire plutôt bien. Je joue encore régulièrement autour de la normale à partir des marqueurs bleus, ce qui est peu fréquent chez les gens de mon âge. Je suis bien fier de ça. Je suis encore un passionné du golf.
«Je n’imagine pas ma vie sans le golf. On m’a déjà dit que la définition du bonheur, ce n’est pas de faire tout ce que l’on aime, mais d’aimer tout ce que l’on fait», a-t-il récité en grand philosophe, lors d’un généreux entretien dans une salle du Royal Québec.

Une grande carrière
Considéré comme l’un des meilleurs golfeurs amateurs de l’histoire au Québec, M. Gagné a multiplié les victoires depuis qu’il est devenu membre du Royal Québec, en 1963.
Même le cancer qui l’a foudroyé il y a 10 ans n’a jamais eu raison de lui ni de sa passion toujours intacte pour le golf. Après 27 traitements de chimiothérapie, trois opérations et l’ablation d’un rein, il crie toujours présent.
«Il y a encore des traces en moi et ils ne sont pas capables de les éliminer, mais je suis en santé et je me sens quand même privilégié par la vie.
«Je n’ai pas un mot à dire, je peux encore régulièrement jouer au golf et participer à plein de projets», a confié le membre du Temple de la renommée du golf du Québec depuis 2016.

Un coup de masse
Évidemment que lorsqu’il a reçu le diagnostic, M. Gagné a été remué. Jamais, cependant, la flamme en lui n’a le moindrement vacillé. Quand sa tendre moitié, Marthe Fiset, a, à son tour, été prise de court par un cancer du sein en 2019, c’est ensemble que le couple de golfeurs a traversé l’épreuve.
«Quand j’ai reçu le diagnostic, j’étais très ébranlé. Deux ou trois jours après, je suis venu pratiquer et je suis tombé sur un ami médecin.
«Il m’a dit: "Je te connais, tu es un battant, laisse-toi absorber le choc, puis tu vas retomber sur tes deux jambes. Fais confiance à la vie." Ses mots me sont restés et ça me sert toujours depuis. Quand ma femme a eu son cancer, je lui ai répété ces mots», a-t-il témoigné, visiblement ému.
Adieu à la compétition
Si M. Gagné estime qu’il joue encore une centaine de rondes bon an mal an en moyenne, la compétition lui manque toutefois.
En 2017, sous recommandation de son médecin en raison du stress, il a été contraint de tirer sa révérence des gros tournois.
«La compétition me manque beaucoup. J’ai toujours été quelqu’un de compétitif. C’est la compétition qui nous aide à nous concentrer davantage. Lors des parties d’amis, on est plus en mode farce, il arrive toutes sortes d’anecdotes. C’est plus difficile de performer qu’en compétition», a-t-il expliqué.
Il n’a cependant jamais cessé de jouer pour son bon plaisir. Celui qui réussira à le faire quitter le terrain est mieux de se lever de bonne heure.