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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Des millions $ engrangés avec entre autres de la porno illégale: Pornhub a profité du laxisme des gouvernements et de la police

Un nouveau livre du Bureau d’enquête lève le voile sur la complaisance des autorités à l’égard de la plateforme pornographique

Sarah Bain, VP Public Engagement chez Ethical Capital Partners.
Sarah Bain, VP Public Engagement chez Ethical Capital Partners. Photo stock.adobe.com (hamara)
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Jean-François Cloutier, Nora T. Lamontagne et Nicolas Brasseur

2025-03-16T04:00:00Z
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L’entreprise montréalaise derrière Pornhub a bénéficié à répétition de la complaisance des gouvernements et de l’inaction de la justice et de la police pour engranger des millions de dollars en diffusant du contenu pornographique illégal.

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C’est ce qui ressort d’une livre-choc de notre Bureau d’enquête, intitulé L’empire du sexe. La grande enquête sur Pornhub, en librairie depuis cette semaine.

Au terme de plusieurs mois de recherches et de près d’une centaine d’entrevues, notre Bureau d’enquête a pu mettre en lumière de nombreux éléments révoltants à propos d’Aylo (comme s’appelle désormais la société mère de Pornhub), dont le centre décisionnel est situé sur le boulevard Décarie à Montréal. 

  • Pornhub utilise des dispositions de lois américaines pour se soustraire à toute responsabilité quant au contenu qu’elle diffuse, sous prétexte que les vidéos ont été téléversées par des utilisateurs. Des géants comme Facebook et X font de même pour se dédouaner.
  • La justice canadienne a été incapable, jusqu’à maintenant, de déposer la moindre accusation criminelle contre l’entreprise et ses dirigeants, même si Pornhub a allègrement diffusé quantité de vidéos de pédopornographie et de revenge porn.
  • La Gendarmerie royale du Canada (GRC) refuse même de dire si elle mène une enquête, malgré les demandes répétées des parlementaires canadiens.
  • En 2018, la GRC a rappelé à l’entreprise qu’elle était obligée de signaler les vidéos de porno juvénile repérées sur ses plateformes. Cette dernière a alors allégué qu’elle n’avait pas à respecter les lois canadiennes, et il n’y a pas eu de suite.
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  • Il a fallu que les compagnies de cartes de crédit comme Visa et Mastercard coupent leurs liens avec Pornhub pour que le géant de la porno fasse enfin le tri dans son catalogue, à partir de 2020.
  • L’entreprise a profité du laxisme des gouvernements internationaux pour se bâtir une structure complexe à Chypre et dans des paradis fiscaux comme le Luxembourg et les îles Vierges britanniques. Cela lui permet notamment de payer moins d’impôt, mais aussi d’échapper à des poursuites judiciaires.
  • Pendant qu’elle diffusait des atrocités, Pornhub bénéficiait de plusieurs subventions du gouvernement du Québec qui ont totalisé près de 100 000$.
  • Nos élus fédéraux ont échoué à faire adopter deux projets de loi qui auraient responsabilisé l’entreprise et mieux protégé les victimes de partage de contenu non consensuel.
  • Et lorsqu’il y a eu un rapport d’un comité parlementaire qui aurait pu amener des changements, ce document a tout simplement été tabletté.

Dans le cadre de notre enquête, les nouveaux propriétaires de Pornhub ont assuré avoir modifié les pratiques de la plateforme en profondeur depuis que les scandales ont éclaté.

Mais nous avons découvert qu’en réalité, Aylo a gardé à son emploi de nombreux haut placés et même promu plusieurs de ses responsables de la modération qui ont fermé les yeux sur les vidéos les plus abjectes.

D’ailleurs, le commissaire à la protection de la vie privée a récemment demandé à la Cour fédérale d’obliger Aylo à respecter la loi, car ses mesures actuelles en matière de conformité ne sont toujours pas suffisantes à ses yeux.

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