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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Enquête sur l'empire du sexe: Une vedette porno de Boisbriand raconte sa carrière aux États-Unis

Après plus de 2000 scènes tournées aux États-Unis, le natif de Boisbriand a pris sa retraite de l'industrie

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
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Nora T. Lamontagne, Jean-François Cloutier et Nicolas Brasseur

2025-03-15T23:00:00Z
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Il est possible de faire de l’argent grâce à Pornhub, mais les vedettes sur la plateforme doivent multiplier leurs activités et varier la provenance de leurs revenus. Tout comme celle de la musique, l’industrie de la pornographie a subi d’importants changements avec l’arrivée d’internet à l’aube des années 2000. D’un côté se trouvent les propriétaires du site web qui sont multimillionnaires, et de l’autre, ceux qui produisent le contenu et qui ramassent les miettes. Pour survivre dans le nouveau modèle d’affaires de l’industrie de la porno, les vedettes doivent faire preuve de créativité pour gagner leur vie. Quatre acteurs et actrices lèvent le voile sur les conditions de travail sur les plateaux de tournage, ici et à l’étranger.


La bande-annonce de l’un des plus grands succès de Criss Simon commence avec un plan de lui qui fait un jogging sur la plage, comme dans Alerte à Malibu.

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Le film s’intitule Criss Simon envahit la Floride et prend rapidement une autre tournure.

L’acteur séduit à la chaîne de jolies filles en bikini et finit par coucher avec elles, comme dans tout bon porno. Des scènes comme celles-là, il évalue en avoir tourné plus de 2000 durant sa carrière aux États-Unis.

Criss Simon est peut-être l’acteur québécois qui a connu le plus de succès dans l’industrie du XXX aux États-Unis. «Les filles aimaient mon accent français, je crois», dit-il en riant, attablé à un café de la Rive-Nord.

Porno à la pige

La carrière du natif de Boisbriand a pris son envol en Floride dans les années 2010, au moment même où MindGeek commençait un blitz d’acquisitions qui solidifierait son quasi-monopole.

Représenté par une grande agence, le Québécois a régulièrement tourné pour les principaux studios de MindGeek: Reality Kings, Brazzers, Mofos...

La paye était bonne: de 1200$ à 1500$ par scène, au rythme de quelques scènes par semaine. Des tarifs qui atteignaient facilement le double de ceux en vigueur au Québec. Sans compter les quelques milliers de dollars qu’il tirait chaque mois de sa propre page sur Pornhub.

«Moi j’ai rien contre eux. Ils ont bâti l’internet. Ils ont fait vivre ben du monde», affirme-t-il.

Pas que des gang bangs

Entre les tours d’hélicoptères, les soirées dans les clubs dans des zones VIP et les escapades en yacht, le travail d’acteur porno était tout de même exigeant.

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«Aux États-Unis, c’est super professionnel. Il faut respecter l’heure d’arrivée. On passe au maquillage, on apprend le script, on tourne nos scènes. Il y a une histoire, c’est pas juste du gang bang. Ça fait des grosses journées de tournage», raconte-t-il.

À sa première audition en agence, Criss Simon avait dû prouver qu’il était capable de bander instantanément et d’éjaculer «sur manette» en moins de 5 minutes. Ça n’avait pas été un problème à l’époque et ça ne l’a pas été par la suite.

«J’ai toujours dit que la journée où je devrais prendre du Viagra, j’arrêterais tout», glisse-t-il, relax sur son fauteuil en cuir.

Si Criss Simon a pris sa retraite de l’industrie du porno en 2023, à 41 ans, c’est plutôt à cause des plus récents chamboulements dans l’industrie.

L’heure de la retraite

Entre la pandémie et la montée en puissance de la plateforme OnlyFans, il sentait qu’il avait fait son temps.

Les tournages se faisaient plus rares et les obligations pour monétiser son contenu, de plus en plus lourdes.

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

De plus, ses revenus sur Pornhub ont chuté en 2020 alors que Visa et Mastercard ont coupé les ponts avec MindGeek dans la foulée du scandale sur le contenu problématique que la compagnie hébergeait sur ses sites de tubes.

Criss Simon a depuis rapatrié sa production sur Manyvids, une plateforme montréalaise destinée aux créateurs de contenu pour adultes, où il vend ses scènes à la pièce.

«J’ai des scènes de 2005-2006 qui se vendent encore», dit-il avec bonne humeur. Ce n’est pas comme à l’époque où des DVD de ses films tapissaient toute une rangée au club vidéo, mais ce n’est pas si mal, considérant l’état de l’industrie.

Dans tous les cas, il peut toujours compter sur sa carrière de gestionnaire de projet en construction pour gagner sa vie.

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