QS accuse les autres partis de «tourner les coins ronds» dans le débat sur l’immigration et le logement

TVA Nouvelles
Plusieurs leaders et partis politiques tournent les coins ronds lorsqu’ils parlent du lien entre l’immigration et la crise du logement, estime le député de Québec solidaire Guillaume Cliche-Rivard.
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Celui qui a été président de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration avant son saut en politique a publié dimanche une lettre ouverte dans laquelle il accuse notamment la CAQ et le PQ de faire fausse route, voire de détourner les faits lorsqu’ils parlent de cet épineux dossier.
«À les entendre, la cause principale de la crise du logement ne serait pas la spéculation immobilière, les évictions, ou encore les reculs dans les mises en chantier. Non! Pour eux, la cause principale de la crise du logement, soudainement, ce sont les immigrants», ironise le député de Saint-Henri–Sainte-Anne.
Guillaume Cliche-Rivard réclame un véritable débat sur l’immigration en se fiant aux faits et aux données plutôt qu'à des impressions.
«On ne peut pas continuer à simplement y aller au pif. Il faut se baser sur la science», clame-t-il.
Cibles d’immigration
Le député solidaire critique la volonté du Parti libéral du Canada, qui souhaite augmenter considérablement les seuils d’immigration, et celle du Parti Québécois, qui veut les réduire de manière importante.
«Chacune à leur manière, les positions de Paul Saint-Pierre Plamondon et de Justin Trudeau sont irresponsables et risquent d’avoir de graves conséquences sur l’avenir du Québec», soutient M. Cliche-Rivard.
Ce dernier affirme que sur les 65 000 immigrants que le Québec doit accueillir en 2024, au moins la moitié possèdent déjà un logement dans la province. Il s’agit notamment d’étudiants et de travailleurs qui habitent déjà au Québec ou encore de personnes qui viennent rejoindre leurs familles vivant ici.
«Ça veut dire que de diminuer radicalement les seuils d’immigration au Québec, comme le souhaite le Parti Québécois, va avoir un impact désastreux, non seulement sur l’économie du Québec, mais aussi sur la vie de centaines de milliers de personnes qui ont fait le choix du Québec», clame Guillaume Cliche-Rivard.
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Ce dernier indique qu’actuellement, 120 000 personnes sont déjà sur la liste d’attente pour obtenir une résidence permanente au Québec.
«Une diminution drastique des seuils voudrait donc dire que leur attente, déjà très longue, doublerait ou même triplerait, ce qui aurait évidemment des conséquences tragiques pour beaucoup d’entre eux», déplore le député de Québec solidaire.
«Le Québec n’a absolument rien à gagner à laisser tout ce monde-là dans l’incertitude», ajoute-t-il.
M. Cliche-Rivard reproche également à François Legault de ne pas faire respecter les compétences du Québec auprès du gouvernement fédéral en laissant de nombreux immigrants temporaires s’établir dans la province sans le consentement du gouvernement du Québec.
Par ailleurs, le député solidaire reproche le manque d’empathie envers les immigrants et réfugiés exprimé dans le débat sur la crise du logement.
«Les immigrants temporaires ne sont pas seulement un remède qu’on a inventé pour combler la pénurie de main-d’œuvre. Ce sont avant tout des êtres humains vivant bien souvent dans la précarité. Ils et elles méritent au moins qu’on les considère réellement», écrit l’élu.
Les solutions de Québec solidaire
Guillaume Cliche-Rivard propose la nomination d’un comité d’experts pour évaluer la capacité d’accueil réelle du Québec et de ses régions, afin «d’arrêter de parler d’immigration à l’aveugle».
En attendant les conclusions de ce comité, il suggère de fixer un seuil d’immigration temporaire responsable.
Québec solidaire estime que les cégeps et universités, avec la collaboration du gouvernement, doivent analyser le marché du logement de leurs communautés et construire les résidences étudiantes nécessaires avant d’accueillir plus d’étudiants étrangers.
Le gouvernement fédéral et les provinces doivent également s’entendre pour que tous fassent leur juste part pour accueillir les demandeurs d’asile.
«Évidemment, le tout devra se faire de manière concertée, bienveillante et volontaire, en prenant en compte la vulnérabilité de ceux et celles qui sont venus demander la protection ici», mentionne Guillaume Cliche-Rivard.
«Le Québec n’a rien à gagner à ce que la discussion autour de l’immigration prenne une tournure polarisante. En fait, les seuls qui ont quoi que ce soit à y gagner sont ceux qui pensent pouvoir faire bouger l’aiguille des sondages avec ça», conclut-il.