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L'article provient de Le Journal de Québec
Société

Hausse fulgurante du nombre de demandeurs d'asile mexicains au Canada

Ils sont de plus en plus nombreux à fuir le Mexique et débarquer à Montréal notamment en raison de la violence

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Photo portrait de Olivier Faucher

Olivier Faucher

2024-01-20T05:00:00Z
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Le nombre de demandeurs d’asile mexicains a explosé depuis deux ans au Canada, un phénomène qui s’explique à la fois par la montée de la violence dans ce pays, mais aussi par la lenteur de la bureaucratie fédérale qui leur permet de venir travailler ici.

• À lire aussi: Année record de demandes d'asile au Québec malgré la fermeture du chemin Roxham

En 2023, pas moins de 22 405 ressortissants du Mexique ont soumis une demande d’asile à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, un sommet depuis au moins neuf ans (voir graphique ci-dessous). Un total de 144 035 demandes tous pays confondus a été enregistré l’an dernier.

Les demandeurs d’asile en provenance de ce pays d’Amérique du Nord sont particulièrement nombreux depuis 2022 et bénéficient depuis 2016 d’une exemption de devoir présenter un visa pour venir en sol canadien.

Ainsi, ils arrivent principalement en avion depuis plusieurs années, n’ayant pas eu besoin d’emprunter le chemin Roxham comme l’ont fait de nombreux autres migrants.

Un flot « jamais vu » à Montréal

Le premier ministre du Québec, François Legault, avait fait part de ses inquiétudes quant à l’afflux de Mexicains dans une lettre envoyée jeudi à son homologue canadien, Justin Trudeau.

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Le Centre d’aide aux familles latino-américaines, situé à Montréal, constate depuis l’an dernier un flot migratoire de Mexicains « jamais vu » dans la métropole.

  • Écoutez la chronique politique de Nic Payne au micro de Richard Martineau via QUB :

« Tous les organismes et les institutions les référaient vers chez nous à cause de la langue », fait savoir la directrice générale Cecilia Escamilla, qui explique que son organisme est devenu l’un des principaux points d’accueil pour ces migrants.

« On était débordés, débordés, débordés, en majuscule ! On n’était pas préparés et on n’avait pas les moyens, poursuit-elle. On a été obligé d’engager des bénévoles. Nos intervenants n’avaient pas de temps pour toutes les personnes. »

Sécurité ou travail ?

Adèle Garnier, professeure du Département de géographie à l’Université Laval, croit que « plusieurs motifs » se cachent derrière les chiffres.

D’une part, selon elle, le Mexique a été fragilisé par la pandémie. 

« On sait qu’il y a des problèmes de cartels de drogue qui mettent en jeu la sécurité d’un certain nombre de personnes. »

Mais une certaine part de ces personnes viendrait ici, car une demande d’asile, qui peut prendre des années à être traitée, leur offre un accès temporaire au marché du travail du Canada, contrairement au statut de touriste.

« Il doit y avoir des personnes qui entrent, qui savent que ça va prendre un temps fou pour traiter leur demande, et pendant ce temps-là, elles vont travailler », explique la professeure Garnier.

D’autant plus que seulement 44 % des demandeurs d’asile mexicains ont vu leur demande être accordée en 2022, comparativement à une moyenne de 70 % pour tous les pays, selon les données du Refugee Law Lab de l’Université York, à Toronto.

–Avec la collaboration de Guillaume St-Pierre et Nora T.Lamontagne

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