Marchand s’oppose au provincial sur le nickel
La Ville de Québec rejette la nouvelle norme proposée par le gouvernement

Taïeb Moalla
Tout en s’opposant au projet du gouvernement Legault de quintupler la concentration permise de nickel dans l’air, le maire de Québec ne réclamera pas que la Municipalité obtienne sa propre norme.
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« Pour des raisons de qualité de l’air dans l’ensemble, on est défavorables à cette hausse de normes », a laissé tomber Bruno Marchand, vendredi, après des semaines de réflexion et de consultations sur cet enjeu.
Contrairement à ce qu’il a laissé entendre au cours des derniers jours, le maire ne demandera finalement pas à ce que la Ville de Québec ait sa propre norme, comme c’est le cas à Montréal depuis des décennies. Pas question non plus, pour lui, de réclamer que la Municipalité puisse elle-même gérer les mécanismes de contrôle de qualité de l’air.
La Ville de Québec déposera un mémoire avant la date-butoir 20 février pour les consultations publiques sur le projet gouvernemental de quintupler la norme quotidienne de concentration de nickel dans l’air en la faisant passer de 14 à 70 nanogrammes par mètre cube (ng/m3).
Une ouverture du gouvernement
M. Marchand a reconnu vendredi qu’une éventuelle hausse de la norme demeure une prérogative du gouvernement du Québec, mais il a promis que la municipalité fera valoir ses arguments. « On pense que le gouvernement a une ouverture, une sensibilité », a-t-il avancé sans donner davantage de détails.
Le maire a par ailleurs demandé au gouvernement Legault d’installer davantage de « stations de mesures » pour obtenir l’information précise sur l’ensemble des contaminants et d’identifier les responsables d’émissions de polluants. « Je veux des résultats. Ce qui ne se mesure pas ne s’améliore pas, a déclaré Bruno Marchand. On doit améliorer la qualité de l’air. Si on ne sait pas d’où vient le problème, on est impuissants. »
Vendredi, les élus d’opposition à l’Hôtel de Ville de Québec se sont félicités, en chœur, de cette prise de position qui peut laisser présager une position commune lors du conseil municipal de lundi.
« Retour à la case départ »
Claude Villeneuve, chef d’Équipe Savard, a toutefois affirmé qu’il s’agit d’un « retour à la case départ », puisqu’il faut désormais « interpeller le gouvernement du Québec pour qu’il recule sur son projet de changement réglementaire ».
La cheffe de Transition Québec, Jackie Smith, a exprimé sa joie en déclarant « qu’on est content d’avoir ce gain-là pour les gens de Limoilou ».
À Québec 21, on a prié le gouvernement de « prendre en compte la situation particulière des citoyens du secteur de Limoilou et de réfléchir à deux fois avant d’aller de l’avant avec la hausse de cette norme ».
La Table citoyenne Littoral Est, qui regroupe plusieurs organismes citoyens et environnementaux de la Basse-Ville, a salué la décision du maire Marchand.
– Avec la collaboration de Nicolas Lachance
Ce qu'ils ont dit
« Notre proposition de nouvelle norme est fondée sur les plus hauts standards scientifiques contrairement à la précédente norme » –Rosalie Tremblay-Cloutier, porte-parole du ministre de l’Environnement, Benoit Charette.
« Je comprends la Ville de Québec d’être inquiète. Surtout pour une population qui réside à proximité de là où il y a de la poussière et des taux élevés de nickel. C’est contre-intuitif en 2022 de hausser des taux et des seuils dans l’air et de mettre la santé des citoyens à prix pour des raisons économiques » –Isabelle Melançon, députée libérale.
« Le ministre Charette et les députés de la CAQ de la capitale doivent faire la seule chose qui s’impose : ne pas prendre de chances avec la santé publique et laisser les normes actuelles de nickel » –Sylvain Gaudreault, député du Parti Québécois.
« On voit que le maire place la santé des citoyens avant les intérêts des multinationales, et c’est ce que devrait faire le ministre de l’Environnement aussi » –Sol Zanetti, député de Québec solidaire.
« Nous sommes déçus des conclusions. C’est un mauvais signal qu’on ne fait pas confiance à la science » –Amélie Rouleau, porte-parole de la compagnie minière Glencore Canada.