Ville de Québec: des visions opposées sur le nickel
L’industrie minière et les groupes citoyens s’expriment


Taïeb Moalla
Alors que l’industrie minière juge que les normes actuelles de concentration de nickel dans l’air sont « trop sévères », les groupes environnementaux appellent le gouvernement Legault à mettre de l’avant le « principe de précaution » pour protéger la santé des citoyens.
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Deux visions se sont opposées jeudi lors d’un comité plénier organisé par la Ville de Québec sur l’enjeu du nickel. Le gouvernement projette de quintupler la norme quotidienne de concentration de nickel dans l’air en la faisant passer de 14 à 70 nanogrammes par mètre cube (ng/m3).
La minière Glencore Canada a regretté le fait d’être « pointée du doigt » à cause des normes actuelles. « 14 ng/m3, c’est une pincée de sel dans une piscine olympique. Est-ce que vous pensez que l’eau de la piscine olympique va goûter salé ? Non », a minimisé la porte-parole Amélie Rouleau.
D’après elle, « avec la norme actuelle, on voit des dépassements. Ça amène un signal, qui est erroné, auprès de la population que leur santé est potentiellement en jeu. C’est une chasse aux sorcières ».
Aux antipodes, les groupes environnementaux ont insisté sur « la soupe limouloise » caractérisée par la multiplication des éléments polluants dans l’air.
Raymond Poirier, président du conseil de quartier du Vieux-Limoilou, a affirmé « qu’il y a une préoccupation réelle quant au fait que l’air de Limoilou est déjà saturé ».
Alexandre Turgeon, directeur général du Conseil régional de l’environnement-Capitale-Nationale, a appelé au maintien ou même à la diminution des seuils de concentration actuels de nickel.
Autres réactions
Tout en nuances, André Dontigny, directeur de santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale, a confirmé que son organisme « accepte » la nouvelle norme proposée. « En contrepartie, il faut faire tous les efforts pour réduire au minimum l’exposition au nickel », a-t-il laissé tomber.
De son côté, Jacob Martin-Malus, du ministère de l’Environnement, a assuré que « les risques pour la santé sont négligeables selon les études. À Limoilou, on parle approximativement de 100 000 personnes. Il y a moins d’un cas potentiel de cancer lié aux émissions de nickel qu’on observe sur cette partie de territoire ».
Bruno Marchand devrait faire connaître la position de l’administration municipale vendredi.