Limoilou a raison de s’inquiéter


Karine Gagnon
Figurant déjà parmi les Québécois respirant le plus de particules polluantes, les résidents de Limoilou ont de nombreuses raisons de s’inquiéter de l’intention du gouvernement du Québec de quintupler la norme quotidienne de concentration de nickel dans l’air.
Un breffage technique organisé par le ministère de l’Environnement confirme que le gouvernement se base, dans sa décision, sur une revue toxicologique, mais sans prendre en considération la particularité de secteurs comme Limoilou.
L’auteure de la revue en question, la professeure Michèle Bouchard, de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, a en effet expliqué qu’il serait impossible de faire d’étude de cas sur le secteur.
Celui-ci compte trop peu d’individus pour établir un lien de cause à effet entre le cancer et le nickel.
Très pollué
Or l’air dans cette portion de Québec est considéré comme l’un des plus pollués au Québec. C’est ce que révélaient, en 2019, les résultats préliminaires d’une étude sur la question, financée en partie par la Ville de Québec.
Après vérification, deux rapports sont à venir cette année en lien afmvec cette étude, dont le rapport final qui devrait apporter plusieurs précisions sur les sources de pollution qui affectent ce secteur compris dans le territoire du CLSC Québec-Basse-Ville.
Ce n’est pas rien. L’espérance de vie y est moindre de six ans et la mortalité prématurée deux fois plus fréquente. On sait que ces différences sont en général liées à des facteurs socio-environnementaux.
Position du maire
La professeure Bouchard a par ailleurs mentionné qu’« une norme ne doit pas se substituer aux actions des Villes ». Ces efforts passent notamment par une meilleure offre de transport en commun et une amélioration de la canopée, par exemple.
Le maire de Québec tiendra jeudi un comité plénier sur la norme de nickel auquel participeront des experts et représentants de groupes citoyens et du privé. Jusqu’à présent, l’élu a semblé vouloir ménager la chèvre et le chou avec le gouvernement.
Le breffage d’hier a permis d’apprendre que Québec pouvait demander une dérogation à la nouvelle norme.
La démarche apparaît laborieuse, selon les explications obtenues, mais le maire a maintenant le devoir de prendre tous les moyens pour protéger les citoyens de Limoilou.