100 jours après l’élection: fini les comparaisons entre Marchand et Labeaume

Stéphanie Martin
Arrivé à la mairie de Québec depuis 100 jours, Bruno Marchand a déjà vécu son lot de crises qui, croit-il, lui ont permis de faire sa marque et de s’affranchir rapidement des comparaisons avec son prédécesseur, Régis Labeaume.
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Interventions policières musclées, cinquième vague, baisse marquée des appuis du tramway, gestion de deux fins de semaine de manifestations.
Le début du mandat du nouveau maire a été un condensé d’événements qui lui donnent l’impression d’avoir vécu en 100 jours « six mois ou un an » de mairie.

Cela lui a tout de même permis de se détacher de l’inévitable comparaison avec son prédécesseur.
« Les gens ne se disent plus : “Quelle est sa valeur par rapport au [maire] précédent ?” Les gens voient de quel bois je peux me chauffer. Ils voient qui je suis », dit-il en entrevue éditoriale au Journal.
« La différence est claire. Le comportement est différent. » Selon M. Marchand, le temps était venu pour un changement de ton.
« Autre temps, autres mœurs. Est-ce qu’en 2007, quand M. Labeaume est arrivé, le style qui est le mien aurait été le bon ? Bien malin qui peut dire oui. Je pense qu’en 2021 et 2022, on avait besoin d’autre chose. C’est pas une critique de ce qui s’est fait avant. Je pense que les gens avaient besoin de façons de travailler différemment, d’un respect des employés, de témoigner de la reconnaissance. »
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Des fleurs aux employés
Cette reconnaissance s’est exprimée, hier, dans une vidéo qu’il a diffusée sur Facebook pour donner le crédit aux employés de la Ville, plutôt qu’à lui-même, pour le bon déroulement des récentes manifestations.
« Ce sera toujours ça. Le rôle d’un capitaine, c’est que quand on gagne, c’est la faute de l’équipe et quand on perd, c’est la faute du capitaine. »
Il entend instaurer une relation de « respect » avec les employés. Il ne croit pas pour autant que cela diminuera son rapport de force avec les syndicats lors des négociations des conventions collectives.
« Ce ne sera jamais mon style d’écraser pour que l’autre, une fois à genoux, soit obligé de dire oui. » En contrepartie, il assure que lui-même ne se met pas « à genoux ».
Apprendre en vitesse
Les événements des derniers mois l’ont aussi forcé à apprendre rapidement. « On a appris qu’on était bons à gérer des crises. » Son ancienne vie de gestionnaire l’a aidé, croit-il.

La crise à la police a été la plus difficile pour lui, car elle est survenue tôt au début du mandat.
Même si l’enquête n’est pas conclue sur les gestes brutaux commis par certains policiers, il est convaincu que son administration a fait ce qu’il fallait pour montrer la « réelle volonté de corriger le tir ».
À la recherche de l’équilibre
Le maire a réalisé assez rapidement que la charge de travail est « phénoménale ».
Il est encore à la recherche de l’« équilibre » entre le travail et la vie de famille, qui en subit les contrecoups.
C’est important de le trouver, dit-il, sinon on risque de « perdre sa santé mentale » et de devenir « aigri ».
Il veut convaincre les citoyens d’appuyer le tramway
Bruno Marchand est convaincu de pouvoir augmenter l’appui au tramway en impliquant les citoyens.
Le projet de tramway a été mal compris parce que, jusqu’à maintenant, il a été présenté dans un « monologue », affirme le maire de Québec.
C’est plutôt un « dialogue » que M. Marchand veut entamer avec les citoyens. « Les gens vont nous dire pourquoi ils n’y croient pas ou qu’ils pensent que c’est pas une bonne idée. »
Les appuis ont dégringolé à 41 %, selon un récent sondage. Le maire compte bien renverser la vapeur.
« Certains ne changeront jamais d’avis et ils ont le droit. Mais je pense que certains vont changer d’avis et vont y croire. »
M. Marchand s’engage d’ailleurs à sonder de nouveau les citoyens pour connaître leur opinion et à diffuser l’information.
Il souligne que les résultats du dernier coup de sonde n’étaient pas à son avantage et que l’administration municipale aurait eu tout intérêt à les garder cachés. Or, il a décidé de les divulguer malgré tout, par souci de transparence.
Dans les prochaines consultations publiques, il veut accroître les conversations avec les citoyens.
Au cours des dernières semaines, son équipe a diffusé plusieurs rendez-vous virtuels lors desquels lui-même ou des responsables du Bureau de projet répondaient aux interrogations des citoyens. Il veut poursuivre dans cette lignée.
Replanter 30 000 Arbres
Il se défend d’avoir renié sa promesse de sauver 60 % à 70 % des arbres le long du tracé. Il rappelle que son équipe n’était pas en possession de toutes les informations au moment où elle a été formulée.
Il réitère cependant son intention de replanter 30 000 arbres pour compenser les pertes.
Il met d’ailleurs en doute les motivations profondes de certains militants. « Il y a des gens qui croient beaucoup à la protection des arbres, mais il y a aussi des gens qui se servent de ça pour s’opposer au tramway. Si le but est de dire que dans une ville il ne doit plus y avoir un arbre coupé dorénavant, on ne fera plus rien. »
Sur toutes les tribunes
Dans son effort de communication, le maire a l’intention d’aller sur toutes les tribunes, y compris à CHOI, que son prédécesseur boycottait.
De la même façon, il n’a pas l’intention de revenir sur sa décision de diffuser des publicités de la Ville sur cette antenne.
Régis Labeaume avait choisi de les retirer pour protester contre le discours anti-mesures sanitaires de la station.
Bruno Marchand considère qu’il faut « s’élever au-dessus de la mêlée » et passer outre ses opinions personnelles en ce qui concerne les investissements publicitaires de la Ville.