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Culture

Le tournage d’«Anticosti» a réveillé chez Anick Lemay ses plus beaux souvenirs d’enfance

«Anticosti» est diffusée le mercredi à 21 h sur les ondes de Série Plus

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Marjolaine Simard

2025-11-13T11:00:00Z
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Quand on lui a proposé le rôle de Louise Menier dans la série Anticosti, Anick Lemay savait que la vie lui offrait un véritable cadeau. Le tournage, réalisé en bord de mer et du fleuve, lui a permis de renouer avec cette nature qui la touche profondément et ravive en elle de puissants souvenirs d’enfance. Comme si cela ne suffisait pas, la comédienne enfile aussi les souliers de coréalisatrice pour Le gouffre lumineux, une série inspirée des carnets qu’elle avait écrits en 2018, au cœur de son combat contre le cancer du sein. Rencontre avec une femme lumineuse, à l’image du titre de sa série.

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Tu incarnes Louise dans la nouvelle série Anticosti. Était-ce pour toi un projet inespéré?

J’ai eu une chance inouïe d’obtenir le rôle sans audition, ce qui est rarissime. Quand mon agent m’a appelée, j’ai tout de suite demandé: «Anticosti... l’île?» Il m’a répondu oui, mais que ce n’était pas garanti que j’y aille, puisque tous les comédiens n’allaient pas y être déployés. Quand j’ai su que j’allais y tourner des scènes, j’étais comme une enfant, même si se rendre là-bas n’était pas de tout repos. L’avion qui monte et descend... ça brasse! Mais je voulais voir cet endroit coûte que coûte. Et je n’ai pas été déçue. C’est fabuleux. Moi, je voudrais finir mes jours là-bas. Il y a une petite école avec 22 jeunes, une seule institutrice pour tous les niveaux. Pas d’horloge, pas de stress. Ils vivent au rythme des saisons, font des pot lucks... C’est une communauté magnifique. On tournait souvent à trois heures de route dans le bois, on dormait dans des camps de chasseurs. Les chevreuils venaient nous voir, comme des chiens. C’était magique!

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Peux-tu nous parler de Louise Menier, ton personnage?

Louise aime le pouvoir et la richesse. Elle est propriétaire de la pourvoirie et de l’auberge Le vent du large, c’est un peu comme la patronne de Port-Menier, parce que c’est elle qui offre la plupart des emplois. Depuis la mort de son mari, elle s’occupe de sa belle-fille, Julie (Liliane Skelly), même si elle n’a pas la fibre maternelle. Elle fait de son mieux. Tout bascule quand sa nièce meurt de façon suspecte. En six épisodes, tout s’accélère, et Louise va être ébranlée. C’est un rôle complexe, plein de sous-texte, que j’ai adoré jouer. Un vrai défi. Je n’avais jamais joué un rôle comme celui-là.

Tu sembles très attachée aux grands espaces. Te dirais-tu une fille de bois?

Je suis plutôt une fille de fleuve! On a aussi tourné sur la Côte-Nord et j’étais comblée. Moi, c’est sûr que je veux finir ma vie avec le vent du fleuve sur le visage. Là-bas, j’ai retrouvé la fraîcheur, la liberté. C’est un endroit qui m’apaise. Quand je regarde le fleuve, j’ai l’impression qu’il me remet à ma place dans l’univers. Et moi, dans la vie, j’ai chaud; au bord du fleuve, on est tellement bien! (rires)

D’où te vient cet amour du fleuve?

Dans mon enfance, mon père était colporteur et on déménageait souvent. Quand il est devenu gérant pour l’est du Québec, on s’est installés à Pointe-au-Père, près de Rimouski. On y est restés trois ans, une rare stabilité pour moi. Ce lieu bordé par le fleuve est devenu mon ancrage, avec l’odeur du varech, les marées, le bruit des vagues, les fruits de mer... tout ça me ramène à la maison. J’ose dire que je suis une fille du Bas-du-Fleuve, même si je n’y ai pas toujours habité et que j’en suis partie depuis longtemps.

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En 2018, tu apprenais que tu étais atteinte d’un cancer du sein. De cette épreuve sont nés une chronique pour Urbania, un livre, et maintenant une série éponyme, Le gouffre lumineux: Les carnets d’Anick Lemay. Où en est ce projet?

On est en plein tournage. Je coréalise la série avec Myriam Verreault. Le gouffre lumineux raconte ma vision du cancer en 10 épisodes d’une heure, à venir sur Tou.tv Extra.

C’est une fiction, mais elle reste teintée de ton vécu...

C’est important de dire que ce n’est pas mon autobiographie. Le personnage tenu par la comédienne Marie-Ève Perron, ce n’est pas moi, mais c’est ma vision de la maladie. Oui, mon personnage a une fille, comme moi. C’est une histoire féminine, centrée sur le cancer du sein. Mais surtout, j’y parle du vécu intérieur, des effets secondaires, du corps qui lâche. J’ai des amies qui ont très bien toléré leur chimio. Moi, j’étais en miettes. Chaque parcours est unique, j’essaie de montrer ça. Il y a le déni, le lâcher-prise, la peur, l’humour aussi. Parce que, oui, c’est parfois drôle, même si c’est effrayant. C’est une série visuellement riche, lumineuse malgré tout.

Tu dis que c’est «ta» vision du cancer. Pourquoi cette précision?

Parce que je ne veux pas que des gens se sentent trahis si leur expérience a été différente. Chacun traverse la maladie à sa façon. Dans mon histoire, le cheminement à travers tout ça mène à une fin lumineuse, mais je sais qu’il y a des personnes pour qui ça ne sera pas le cas. Je n’ai pas écrit ça pour froisser les gens pour qui la fin est moins lumineuse. Bref, c’est mon regard, c'est tiré de mon vécu personnel.

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Pour la série, tu as confié le partage de la plume et le rôle principal à Marie-Ève Perron. Pourquoi souhaitais-tu travailler avec elle?

Je savais que je ne pouvais pas tout écrire seule. C’était trop proche de moi. J’avais besoin d’un regard extérieur. J’adorais Marie-Ève depuis Les Simone, puis je l’avais rencontrée sur L’Échappée et je l’avais adorée. Un soir, après un souper un peu arrosé, je suis rentrée chez moi et j’ai cherché quelqu’un qui pourrait écrire avec moi. J’ai alors découvert qu’elle avait écrit des pièces de théâtre et fait L'inis... Je me suis dit: «Peut-être que si je lui propose d’écrire et de jouer, elle va dire oui!» Je l’ai appelée à 23 h 30 pour lui faire mon offre. Elle a pleuré. Elle m’a raconté qu’elle avait prié la veille pour qu’un projet significatif arrive dans sa vie, sans quoi elle commençait à songer à quitter le métier. Les astres étaient alignés.

Ta fille, Simone, a maintenant 19 ans. Que fait-elle aujourd’hui?

Elle vit sa vie de jeune femme et étudie au cégep en théâtre.

Que penses-tu du fait qu’elle puisse suivre tes traces?

Je suis très contente, parce qu’elle aime ça. Moi, comme tous les parents, je veux juste qu'elle soit heureuse. C'est certain que le climat actuel n'est pas facile pour les acteurs, mais j'essaie de ne pas la contaminer. Je veux la laisser rêver et profiter de son insouciance. Après ça, la vie nous dira ce qui va arriver.

Elle est sans doute comme tu l'as été un jour... insouciante?

Complètement! Moi, j'ai vécu une vie dans une grande insouciance jusqu’à ce que le cancer me frappe. La fête, les amis, la spontanéité, c’était ma vie. Puis le cancer m’a frappée et a emporté une part de cette naïveté-là. C’est sûr que lorsque j’ai eu ma fille, déjà, j’avais senti que quelque chose changeait. Mais après la maladie, la vie est devenue plus crue, plus vraie. Aujourd’hui, j’essaie aussi de préserver le peu qu’il me reste d’insouciance. Un bon repas entre amis, un verre de vin, des rires. Ces moments-là, c’est formidable!

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