Le Klondike et la ruée vers l’or: une femme est devenue l’une des plus riches du Klondike sans jamais avoir cherché d’or
Évelyne Ferron
La ruée vers l’or du Klondike en 1896-1898 a marqué l’imaginaire pour plusieurs raisons. Parmi les femmes d’aventure qui ont bravé la montée du célèbre col Chilkoot, Martha Black et Belinda Mulrooney méritent d’être connues.
Une ruée vers l’or synonyme de nombreux dangers
L’idée que des gisements d’or puissent exister au Yukon a commencé à faire son chemin dans les années 1870, et c’est en 1874 que les premiers prospecteurs s’y déplacent afin de chercher le précieux métal. Ils fouillent les bancs de sable du fleuve Yukon et ses affluents, limités dans leur quête par le froid et la glace, qu’ils doivent maîtriser pour fouiller. C’est vers la fin du XIXe siècle que ces prospecteurs développent d’ailleurs des techniques pour décongeler le sol afin de pouvoir poursuivre leurs fouilles.
En 1896, le rêve devient réalité. On trouve de l’or dans un affluent de la rivière Klondike. La ruée vers l’or s’amorce et bien qu’elle dure moins de deux ans, elle est riche en histoires remarquables! En plus de braver le froid, les prospecteurs et prospectrices doivent passer par l’Alaska et monter le col de Chilkoot, une escalade dangereuse, surtout pour des gens lourdement équipés de matériel et de bagages. En une longue file, ils affrontent la montagne et montent ses 1700 marches recouvertes d’une épaisse couche de glace. Et comme plusieurs planifient rester au Yukon longtemps, ils doivent faire des allers-retours pour monter tout ce qui leur permettra d’y vivre!

Belinda Mulrooney, la femme la plus fortunée du Klondike?
Parmi les premières femmes à tenter l’aventure du Klondike se trouve Belinda Mulrooney, une jeune femme américaine qui a le sens des affaires. Elle a 26 ans lorsqu’elle entend parler de la découverte d’or au Yukon en 1896 et qu’elle décide de faire le périlleux voyage. Elle a déjà de l’expérience dans les affaires, elle qui a géré un kiosque de sandwichs, puis un petit commerce de crème glacée à San Francisco avant de tenter sa chance dans le nord. En réalisant que le Klondike risque d’attirer beaucoup de gens, elle se dit qu’on peut s’enrichir non pas en cherchant de l’or, mais en fournissant des commodités agréables aux prospecteurs qui vont vivre sur place, plus particulièrement dans la petite ville de Dawson.

Plutôt que de partir avec les biens de première nécessité, elle amène plutôt des biens de luxe dans ses bagages, comme des sous-vêtements de soie, des rouleaux de coton pour confectionner des vêtements et même des bouillottes! Comme ses produits sont rares au Yukon, elle peut les vendre cher, ce qui lui permet ensuite de construire un hôtel et un restaurant près des lieux de prospection. Elle a même fait venir des chandeliers de cristal sur place... Non seulement son entreprise est-elle très rentable, mais en discutant avec les mineurs, elle apprend quels lots de prospection pourraient valoir la peine d’être achetés... Et voilà comment, grâce à son sens des affaires, elle est devenue une des femmes les plus riches du Klondike!


Martha Black, une amoureuse du Yukon
Parmi les aventurières qui risquent l’aventure, il y a aussi Martha Black. Partie de Seattle pour le Yukon en 1898 avec un de ses frères et un de ses cousins, elle est, de son propre aveu, malheureuse dans sa relation avec son mari William Purdy, ce dernier étant souvent absent. Le voyage est donc une belle occasion de changer d’air! Martha aime écrire et laisse ainsi plusieurs témoignages sur l’aventure du Klondike, surtout pour une femme. Elle nous fait réaliser la difficulté d’affronter le col de Chilkoot avec un corset, des jupes et un pantalon bouffant en dessous! Pour rendre son aventure encore plus complexe, elle réalise qu’elle est enceinte de son troisième enfant pendant le voyage...
Si elle arrive vers la fin de la ruée vers l’or et ne peut y faire fortune, elle reste néanmoins sur place et s’intéresse de plus en plus à la faune et la flore du Yukon en compagnie de son second époux, Georges Black. Ils produisent ainsi un premier livre sur les fleurs sauvages de la région. Le couple s’intéresse aussi à la politique et fait son entrée à la Chambre des communes d’Ottawa chacun leur tour, comme député du Yukon. Martha Black devient ainsi la deuxième femme élue à la Chambre des communes dans l’histoire du Canada!