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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Secrets culinaires du passé québécois: découvrez les tout premiers livres de recettes consultés par nos ancêtres

Affiche datant de la Première Guerre mondiale: «Waste not, want not. Prepare for winter. Save perishable foods by preserving now.»
Affiche datant de la Première Guerre mondiale: «Waste not, want not. Prepare for winter. Save perishable foods by preserving now.» Library of Congress / Domaine public
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Évelyne Ferron

2023-10-15T04:05:00Z
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Depuis quelques années, l’univers culinaire est omniprésent dans notre univers médiatique. Cahiers spéciaux de recettes thématiques dans les journaux et les magazines, émissions de télévision, chaînes spécialisées et vidéos sur les réseaux sociaux, nous n’avons jamais autant eu accès à une si grande diversité de recettes de partout dans le monde. 

Malgré tous ces moyens d’apprendre à cuisiner des repas de base ou des mets plus exotiques, le bon vieux livre de recettes reste néanmoins un incontournable et il est encore un succès de librairie ! Mais quand avons-nous commencé à avoir accès à des livres de recettes au Québec ?

• À lire aussi : Les recettes de nos ancêtres : tourtière, cipâte, six-pâtes, cipaille ou sea pie?

De l’Empire romain aux tables québécoises

L’histoire des livres de recettes remonte au début de l’écriture. Nous avons en effet des recettes sumériennes ou babyloniennes écrites sur des tablettes d’argile il y a plus de 4000 ans, des recettes sur des papyrus de l’Égypte ancienne et un premier livre de gastronomie datant de l’époque romaine. Cet amoureux de la nourriture s’appelait Apicius et il aurait vécu autour du début du premier siècle de notre ère. Ses recettes préférées ont fini par être assemblées en un livre qui est encore publié de nos jours et les éditions actuelles ont été adaptées au vocabulaire culinaire et aux ingrédients d’aujourd’hui !

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Lorsque les colons canadiens-français ont commencé à s’établir en Nouvelle-France, ils ont apporté leurs traditions culinaires françaises, qu’ils ont dû adapter à la réalité de leur nouveau territoire. Au fil du temps, et au gré de l’arrivée d’immigrants anglais, écossais, acadiens, irlandais ou chinois, la cuisine s’est graduellement métissée et a influencé les recettes qui ont commencé à circuler à l’écrit. Il faut dire que lorsque les colons se sont mis à développer la colonie, l’imprimerie avait commencé à favoriser la circulation de livres de recettes, alors qu’avant, elles étaient davantage transmises de génération en génération au sein d’une même famille. Certains de nos ancêtres connaissaient peut-être Le viandier de Guillaume Tirel, dit Taillevent, qui circulait depuis le 14e siècle.

«Le viandier» de Taillevent.
«Le viandier» de Taillevent. Domaine public

Les premiers livres de recettes au Québec

Au-delà de la transmission familiale, ce sont au départ les communautés religieuses qui ont porté à l’écrit et ainsi conservé une partie de nos savoirs culinaires, sans nécessairement publier de livres au départ. Le premier livre de recettes publié au Québec n’est arrivé sur les tablettes qu’en 1825. Il s’intitulait La cuisinière bourgeoise et il s’agissait en réalité d’une édition remaniée d’un livre français paru à l’origine en 1739. Le tout premier ouvrage de cuisine écrit et publié au Québec a été publié quant à lui en 1840. Il portait le nom de La cuisinière canadienne et était un livre d’enseignement de toutes les bases de la cuisine, des entrées au dessert ! 

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L’engouement pour les livres de recettes commence dès lors et, à la fin du 19e siècle, les congrégations religieuses comme les Ursulines et les sœurs de la congrégation de Notre-Dame commencent elles aussi à produire des livres qui contiennent autant des recettes que les techniques culinaires pour les réussir. Le succès du Manuel de cuisine raisonnée des sœurs de la congrégation de Notre-Dame ne se dément d’ailleurs pas depuis sa première édition... en 1919 !

«La cuisinière canadienne», tout premier livre de recettes écrit et publié au Québec.
«La cuisinière canadienne», tout premier livre de recettes écrit et publié au Québec. Bibliothèque et Archives du Canada / Domaine public

«La cuisinière bourgeoise», premier livre de recettes du Québec.
«La cuisinière bourgeoise», premier livre de recettes du Québec. Bibliothèque et Archives du Canada / Domaine public

«Manuel de la cuisine raisonnée».
«Manuel de la cuisine raisonnée». Archives de la Congrégation de Notre-Dame

Vers le patrimoine gourmand

De nos jours, bien que les recettes ne manquent pas, il y a aussi un engouement pour les recettes anciennes et traditionnelles, celles qui rappellent le goût de notre enfance. Les centres d’archives ont ainsi diverses banques de données d’archives culinaires et d’anciennes éditions de livres de recettes. C’est notamment le cas de BAnQ, mais aussi du Centre d’archives régional de Portneuf, qui cherche constamment de nouvelles archives de recettes traditionnelles de la région. Vous pouvez consulter cette banque d’archives, et même y contribuer, ici : https://archivesportneuf.org/recette-gourmande/. Vous y trouverez entre autres des recettes venant du livre manuscrit de Marie-Anna Trottier, qui a été aide-ménagère au presbytère de Deschambault dans les années 1940-1950. Parmi ses recettes, celle du « Chop-Souris », qui, vous vous en doutez bien, en est une de... chop suey !

Centre d'archives régional de Portneuf
Centre d'archives régional de Portneuf

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