LPHF: Montréal s’incline face à Boston lors de son premier match à domicile
Mylène Richard
Ce n’est pas le pointage ni la défaite qui est important. Ce qui compte, c’est la victoire du hockey féminin.
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Jamais une équipe féminine n’avait suscité autant d’engouement au Québec que celle de la bande à Marie-Philip Poulin dans cette nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF).
«C’est dur de mettre des mots sur un moment comme ça, embarquer sur la glace, voir les gens dans les estrades, les filles autour du cercle au milieu de la glace, c’était spécial, a exprimé Poulin au sujet de la cérémonie d’ouverture, lors de laquelle elle a été sans surprise la joueuse la plus acclamée. Je suis très reconnaissante à l’endroit des gens qui sont venus nous soutenir et on l’a senti. [...] C’était plus grand qu’on pensait.»
Ce n’est pas seulement le fait qu’il y avait une salle comble de 3245 personnes à l’Auditorium de Verdun, samedi après-midi, pour être témoins d’un revers de 3 à 2 en prolongation face à Boston, qui était impressionnant. Mais c’était surtout de constater que cette foule était composée de plusieurs enfants enthousiastes, d’équipes féminines énergiques avec leur chandail, de parents avec leurs petits garçons, de femmes qui ont ou qui jouent encore au hockey dans des ligues d’adultes.
La victoire, c’est également de voir autant d’amateurs payer pour assister à un événement féminin. Il y a quelques jours, il y avait plus de 13 000 spectateurs dans l’aréna du Wild, de la LNH, pour voir Minnesota affronter Montréal. Poulin en avait profité pour réussir un tour du chapeau.
«Depuis que l’aventure a commencé en janvier, c’est une immense victoire pour le hockey féminin, mais aussi pour le sport féminin en général. Ce que nous avons vécu à Montréal est une victoire à 100%», a confirmé Laura Stacey, qui a marqué sur l’un de ses neuf tirs, un sommet en un match pour une joueuse cette saison.
«Ce moment est tellement plus gros qu’un but ou une défaite. De voir les jeunes filles et les garçons et tous les fans dans les gradins, qui ont attendu si longtemps, c’était émouvant, a poursuivi la Montréalaise d’adoption, qui en avait la chair de poule. Les célébrations, les ovations, les encouragements, c’était au-delà de nos attentes. J’espère qu’on pourra garder ce momentum durant toute la saison, et pas seulement à Montréal, mais à travers le monde.»

But refusé à Poulin
«Pou» a bien failli écrire une autre page d’histoire, mais elle s’est fait refuser un but en prolongation. Le scénario était parfait. Toutefois, la reprise vidéo, demandée par l’entraîneuse-chef de Boston, Courtney Kessel, a démontré qu’il y a eu un contact entre Stacey et l’excellente gardienne américaine Aerin Frankel.
«C’est difficile, parce qu’une joueuse comme Laura fonce au filet, la rondelle était dans le demi-cercle et elle a tenté de finir le jeu, a expliqué la coach de Montréal, Kori Cheverie, qui, sourire aux lèvres, a pris le temps de bien peser ses mots avant de répondre aux journalistes. Je pensais que c’était un bon but, comme tout le monde dans notre vestiaire. Mais c’est Boston qui repart avec les deux points.»
«Nous sommes des pros et nous devons apprendre à vivre avec cette adversité», a-t-elle ajouté.
Le nom de la capitaine aux quatre médailles olympiques était d’ailleurs sur toutes les lèvres samedi.
«Je suis venue voir Marie-Philip Poulin, parce qu’elle est la meilleure joueuse au monde», a lancé Justine Forcier, 5 ans, qui portait fièrement le chandail de son équipe, les Sphinx du Richelieu M7.
La jeune fille de Belœil rêve d’être docteure ou hockeyeuse professionnelle. Elle hésite... mais elle a encore bien des années devant elle avant d’arrêter son choix!

Des raisons de célébrer
La petite Justine était donc aux premières loges pour applaudir les deux premiers buts de Montréal, qui sont survenus tôt en deuxième période. Des réussites signées par la défenseure Erin Ambrose, premier choix du club au repêchage de la LPHF, et Stacey, au son de la chanson C’est la vie de Khaled.
En participant au second but, la Tchèque Tereza Vanisova a maintenant quatre aides et elle domine le circuit à ce chapitre.
Mais Boston a rapidement répliqué, ramenant le score à 2 à 2, notamment en ayant raison d’Ann-Renée Desbiens en infériorité numérique. Ce qui signifie que la fautive a pu quitter le banc des pénalités plus tôt, compte tenu du règlement en vigueur dans la LPHF. Un point tournant dans le match.
Les ardeurs de la foule ont ainsi été refroidies momentanément, les cris d’encouragement se faisant rapidement entendre dès qu’une joueuse locale touchait à la rondelle en territoire ennemi.
Et malgré le but gagnant d’Amanda Pelkey, qui s’est «nourrie de l’énergie de la foule» même si elle portait un uniforme de Boston, les spectateurs ont réservé une autre ovation à leurs favorites après la rencontre.
«Ça en dit beaucoup sur nos fans. C’est une chose d’avoir des partisans qui t’encouragent quand tu gagnes, mais d’en avoir qui le font aussi quand tu perds, c’est très spécial», a souligné Poulin.
Desbiens a conclu la rencontre avec 18 arrêts, contre 31 pour Frankel.
▶ Avant le match, Caroline Ouellette a aussi été chaudement applaudie. Des «Caro, Caro, Caro» ont été scandés dans la foule quand elle a été présentée aux spectateurs en compagnie d’autres pionnières du hockey féminin québécois: Danielle Goyette, France St-Louis, Kim St-Pierre et Danièle Sauvageau, la directrice générale de l’équipe de Montréal, qui était accompagnée des filles de Ouellette, Liv et Tessa.

▶ Le Canadien était bien représenté, puisque le DG, Kent Hughes, le patron des opérations hockey, Jeff Gorton, le propriétaire, Geoff Molson, et la présidente sports et divertissement, France Margaret Bélanger, étaient présents. Et comme c’est souvent le cas, ils ont assisté à un gain de Boston. Dans l’histoire de la LNH, les Bruins ont eu le dessus 364 fois sur le CH en 759 parties.

▶ Le prochain match de Montréal, un cinquième dans cinq villes différentes, aura lieu mardi à la Place Bell de Laval, face à New York.